Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : DES DRONES AMERICAINS SUR LA TETE DES CENTRAFRICAINS

«Ils tuent, pillent, volent et violent impunément. »

Conflit centrafricain ou guerre centrafricaine. Peu importe le sobriquet que l’on peut attribuer à cette belligérance. Avant tout,  les centrafricains, mères, pères, sœurs, frères, jeunes, vieux, de toutes obédiences meurent chaque jour d’une manière indigne et cruelle. Les armes et les munitions de ces « desperados » ne choisissent pas leur cible. Les paysans qui n’ont jamais demandé ce conflit, n’échappent pas à ces violences que leur imposent les selekas et apparentés comme les anti-balles AK et leurs complices.

Désormais pour repérer ces malfaiteurs, ces bandits qui terrorisent et tuent tous azimuts les villageois de l’arrière pays, la communauté internationale choisit de monter en puissance, d’utiliser les grands moyens comme en Afghanistan pour chasser, acculer ces groupes désormais terroristes jusques dans leurs nids.

Un malheur n’arrive pas seul. Jean Paul Ngoupandé s’en est allé hier dimanche 04 mai 2014. Une voix intellectuelle s’est éteinte. Centrafrique a perdu un fils mais pas ses mémoires denses encore inexplorées. Il laisse derrière lui une Centrafrique qui sombre dans ses tourments de violences, qui peine à se libérer de ses nœuds. Un billet lui est consacré : Côté cour.

Cruautés bestiales
« Jeter des enfants vivants dans le feu » à Markounda

Les violences en Centrafrique ne reculent point devant les atrocités. Les enfants ne comptent pas. La dignité humaine a perdu toute existence et ne peut donc plus exister dans la devise pourtant du pays. Chaque groupe armé,  excelle dans sa cruauté inimaginable. Ils dépouillent la population, et imposent leur loi. Selon un officier de la Misca, « des hommes armés assimilés aux Séléka et Peuls armés ont attaqué près de dix villages de Markounda au nord (…) entre mercredi et vendredi », a rapporté Le Figaro.fr avec AFP ce 03 mai 2014. « Ces hommes armés ont tué au moins vingt personnes, selon un bilan provisoire,les violences ne se sont pas encore arrêtées », a-t-il ajouté.

« Quand ils attaquent un village, ils défoncent les portes, tirent sur les occupants et mettent le feu. Certaines personnes blessées et sans secours périssent ainsi brûlées vives. Tandis que des corps des personnes déjà mortes sont aussi calcinés (…) », a expliqué à l’AFP par téléphone Isaac Yétina, un habitant de Markounda en fuite, affirmant avoir vu les assaillants « jeter des enfants vivants dans le feu ». Démunis et face à ces cruautés, les habitants du centre de Markounda ont tous fui pour se réfugier dans les régions voisines ou en brousse selon le commandement de la Misca qui a dépêché ses hommes à Paoua, « une ville voisine où les mêmes violences sont perpétrées, pour tenter de sécuriser les populations civiles. Mais beaucoup reste à faire pour stopper ces violences», a ajouté la source à Libération avec AFP ce 03 mai 2014.

La région nord de la Centrafrique est l’une des plus sensibles du pays. De nombreux villages ont été attaqués, depuis plusieurs semaines, par ces mêmes groupes armés assimilés aux selekas. Un hôpital géré par les Médecins sans frontières a été leur cible la semaine dernière. Cette attaque « résonne comme un sinistre rappel de l’insécurité qui perdure » en Centrafrique, a commenté le journal Le Monde ce 29 avril.

Indignation et protestation : MSF modifie son action

Afrinquinfos de ce lundi 5 mai 2014 rappelle les 22 civils tués dans l’hôpital de Nanga-Boguila, dont trois employés de MSF. L’on ne sait plus quel saint se vouer dans les villages centrafricains. Les hôpitaux, sanctuaires de la santé, synonymes des lieux de cultes sont vandalisés, voire « profanés » par les parias qui n’ont aucune revendication politique ou idéologique. On « ne peut plus travailler si même l’hôpital n’est pas respecté». Les membres de MSF, un des principaux acteurs médicaux déployés aujourd’hui dans le pays, sont régulièrement victimes de nombreux actes de violence, parmi lesquels la moitié est survenue dans la préfecture de l’Ouham, où se situe notamment Boguila. Des employés du ministère de la Santé ainsi que d’autres organisations humanitaires internationales ont également été attaqués à plusieurs reprises sur l’ensemble du territoire.

« S’attaquer à MSF, c’est s’attaquer … à l’unique pourvoyeur de soins de santé », a déclaré Arjan Hehenkamp à l’Afriquinfos « Nous restons déterminés à apporter à la population centrafricaine l’assistance médicale dont elle a besoin, dans un contexte de grand dénuement sanitaire, mais les différents acteurs doivent aussi assumer les responsabilités qu’ils revendiquent. », a-t-il conclu. Mais suite au massacre de Boguila et aux exactions contre les populations, MSF a décidé dans un communiqué publié par Le Soir, ce jour 05 mai, de réduire, pendant une semaine, ses activités médicales en RCA et dans les pays limitrophes.

Consternés, les MSF demandent « instamment au gouvernement de transition et à tous les groupes armés de condamner publiquement cette attaque odieuse », a déclaré Arjan Hehenkamp, directeur général de MSF. « Nous demandons à tous les groupes armés du pays de prendre leur responsabilité envers les populations vivant dans les territoires sous leur contrôle, et de s’engager publiquement à encadrer leurs troupes et respecter les civils et les travailleurs humanitaires. Aussi, nous demandons au gouvernement de transition –appuyé par les forces militaires internationales – d’honorer leurs engagements pris en matière de protection des populations civiles qui en ont le plus besoin », a martelé ce responsable qui n’accepte pas que l’aide soit remise en cause par des hommes en armes.

L’inquiétude grandit au sein des ONG
« C’est difficile […] mais je pense que nous pouvons le faire.
Parce que c’est pour cela que nous sommes ici »

En réaction à la nouvelle agression, Première urgence a décidé de suspendre aussi l’acheminement d’aide alimentaire, a signalé Ibrahima Mansaly de Press Afrik, ce dimanche 4 Mai 2014. En effet  un convoi de quatre camions aux couleurs de Première urgenceaide médicale internationale (PU-AMI) qui effectuait la liaison entre Bangui et Ndélé, dans le nord de la Centrafrique, mercredi 30 avril, a été pris à parti par un groupe armé et trois personnes ont été tuées. «  Le chauffeur et les deux manutentionnaires étaient dans le dernier camion du convoi en partance pour Ndélé, au nord du pays,  écrit le journaliste. Au kilomètre 26, à la sortie nord de Bangui, le convoi est arrêté à un check-point contrôlé par des anti-balaka. Les trois premiers véhicules passent, mais le dernier est bloqué : l’équipage est composé de trois musulmans. Ils seront tous tués ». Leurs corps ont été retrouvés au PK15, un autre secteur contrôlé par les milices anti-balles AK, selon Press Afrik.

Dans ce contexte triste et de violences sans fin où les incidents sont quasi quotidien, des musulmans du quartier voisin PK5, fous de rage après l’assassinat et la mutilation d’un des leurs, un journaliste a été victime, mercredi soir, 30 avril, de la haine et du cycle des vengeances qui tenaillent désormais les deux communautés.

Toutefois, les ONG qui subissent par les exactions de tous les hommes armés confondus s’inquiètent de la situation sécuritaire qui perdure. Le gouvernement ne condamne pas ou presque fermement ces attaques et incursions meurtrières. « On a de moins en moins de capacité à se déplacer à travers le pays », a assuré un chef de projet humanitaire. « On essaie de mixer nos équipes locales : vers Bangui, il n’est pas bon d’avoir des chauffeurs musulmans, et dans le nord, on évite de mettre en danger les chrétiens dans les zones contrôlées par les Seleka », a-t-il poursuivi. Un autre vieux baroudeur de l’humanitaire a évoqué la Bosnie, la guerre qui a déchiré les Balkans il y a 20 ans. Selon lui, « on se trouve confronté ici au même casse-tête communautaire et religieux ».

Désunion des camps des hommes armés
Manque de direction politique

Livrés à eux-mêmes, ces hors-la-loi seleka qui n’ont pas de bataille à livrer s’acharnent régulièrement contre les paisibles paysans citoyens. Selon une source militaire française, a mentionné Le Monde.fr, « l’alliance des divers groupes rebelles formée pour conquérir le pouvoir a éclaté et que les mouvements pré-existants sont en train de se reconstituer sous leur forme initiale ».

Alors, l’absence de redémarrage économique fait le lit du banditisme. En province, les populations vivent toujours sous le joug des groupes armés. Le camp des anti-balles AK, qui avaient trouvé un terrain d’entente pour mener la guerre contre la Séléka et bouter Michel Djotodia hors de la présidence forment un ensemble hétéroclite, sans projet politiuqe. « Il y a ceux qui combattent pour le retour de Bozizé, les groupes d’auto-défense qui se battent pour leur communauté, les militaires qui veulent retrouver une place et désormais beaucoup de délinquants opportunistes qui profitent de la situation pour piller leurs voisins », analyse un observateur étranger, a rapporté Cyril Bensimon du journal Le Monde.

Le Monde sous la plume de sont reporter cité plus haut, a concédé que Bangui n’a « personne pour faire de la politique ». Plus de trois mois après son arrivée aux commandes d’un état centrafricain en totale déliquescence, dit le journaliste, mme Samba-Panza tarde à imposer son autorité. « Il est vrai qu’elle manque de moyens et que les promesses de fonds n’arrivent pas, mais elle n’a pris aucune mesure forte pour enclencher un processus de réconciliation », a déploré un diplomate. « Son premier ministre est invisible. Il y a trop de technocrates et personne pour faire de la politique. Elle a pris un ministre de la défense qui fait partie de ceux qui ont été vaincus l’an dernier par la Séléka et un chef d’état-major qui était aux côtés d’Ange-Félix Patassé quand il a été renversé par François Bozizé [en 2003]. Comment voulez vous que ces gens soient respectés par les belligérants ? » a soufflé un ancien ministre à Bensimon du journal Le Monde.

Cependant à Paris, une source officielle a évoqué à propos de la présidente, « une erreur de casting ». Elle n’était pas, selon la source, ni le premier choix ni de François Hollande, ni celui du Congolais Denis Sassou Nguesso ou du Tchadien Idriss Déby. Tous les observateurs concèdent l’incapacité de la présidente de transition et son premier ministre à déterminer vers quel cap navigue la Centrafrique. Trois mois après sa désigantion par le Conseil National de Transition, « la situation sécuritaire se détériore de plus en plus à Bangui et à l’intérieur du pays », notamment le nord-ouest, où sévit une « recrudescence des attaques d’éléments armés peuls (éleveurs nomades majoritairement musulmans) et Séléka », ont assuré des sources onusiennes à Libération avec l’AFP ce lundi 05 mai.

La montée en puissance de la MINUSCA
Le déploiement de drones

Lors de sa visite à Bangui le samedi 03 mai, le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a promis que l’Organisation ne ménagerait pas ses efforts pour déployer comme prévu les 12.000 casques bleus de la MINUSCA dans le pays. « J’ai tenu, le plus vite possible, après l’adoption de la résolution 2149 du Conseil de sécurité, venir personnellement en Centrafrique pour me faire une idée encore plus précise de la situation. Pour entendre les différents acteurs et les différentes parties prenantes, pour être sûr que nous intégrerons tous ces éléments dans la vision que nous avons pour le déploiement de la MINUSCA », a dit M. Ladsous lors d’une conférence de presse à Bangui, au Figaro.fr et à l’agence de presse Xinhua, ce lundi 05 mai 2014. Il a indiqué que l’Onu travaille maintenant d’arrache-pied à la montée en puissance de la MINUSCA, en se fondant sur le travail remarquable déjà fait par Représentant spécial du Secrétaire général, le général Gaye, dans le cadre du BINUCA, selon le chef des opérations de maintien de la paix.

La présence à Bangui du chef des Opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’inscrit dans le registre de l’évaluation de la situation avant le déploiement en septembre de 12.000 casques bleus en Centrafrique. Toutefois, l’Onu réfléchit au déploiement de drones de surveillance sur le pays. « Je réfléchis activement à la possibilité de déployer ce qu’on appelle des systèmes de surveillance aériens sans pilote, autrement dit des drones de surveillance, je dis bien non armés, mais pour surveiller ce qui se passe », a affirmé M. Ladsous. « Je crois que c’est un instrument qui devrait être très utile dans ce type de territoire », a-t-il souligné au 45è Nord et La Presse.ca du Canada. Selon les informations rapportées par le 45è Nord. Ca, « l’un des problèmes auquel nous faisons face, a estimé le Secrétaire général adjoint, et l’un des plus immédiat, est ce processus par lequel des communautés, particulièrement les musulmans, ont été relocalisées. ’Ce n’est pas nous [l’ONU] qui avons fait cela et, clairement, nous ne voulons pas favoriser la partition du territoire, la division du pays […] Alors, déplacer les populations à risque ne devrait être qu’une solution de dernier recours, s’il n’y a pas d’autres choix, mais la priorité » a dit Hervé Ladsous, « est d’essayer par tous les moyens d’assurer la sécurité [des populations] où qu’elles soient», a-t-il déclaré jeudi à son arrivée à Bangui.

Il a rappelé les missions de la Minurca : priorités la protection de la population et des convois humanitaires, le maintien de l’ordre, le soutien à la transition politique, le respect des droits de l’homme et l’arrestation des responsables d’exactions.

Ils tuent, pillent, volent et violent impunément à Mala

Selon les informations publiées ce lundi 05 mai par La presse.ca, la petite ville de Mala à 200 km au nord-est de Bangui, a connu jeudi 1er mai de violents affrontements meurtriers entre les Séléka et anti-balles AK qui ont fait 30 morts pour la plupart des civils et une dizaine de personnes blessées. « Des centaines de personnes sont obligées de fuir en brousse », a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat un officier de la force africaine en Centrafrique (MISCA).

Selon des habitants de Mala joints au téléphone par l’AFP depuis Bangui, le centre de la localité est désormais occupé par des combattants Séléka qui se livrent à des atrocités contre les civils. «Ils tuent, pillent, volent et violent impunément. Il n’y a personne pour protéger la population contre leurs exactions. Même l’église catholique de Mala a été saccagée, et ceux qui s’y étaient réfugiés ont essuyé des tirs et ont été obligés de fuir», a raconté l’un d’eux, Éric Kétégaza, ajoutant qu’il avait fui la localité.

Football : Les qualifications à la CAN 2015

Le 17 ou le 18 mai prochain, la Centrafrique affrontera la Guinée-Bissau lors du deuxième tour qualificatif pour la CAN 2015 au Maroc (retour 30, 31 mai ou 1er juin à Bissau). Malgré la situation sécuritaire dans le pays et les difficultés financières, le gouvernement a débloqué les fonds nécessaires pour que la sélection, puisse faire face à ses prochaines échéances et participer aux qualifications pour ces compétitions africaines, selon les informations recueillies par Alexis Billebault du Jeune Afrique, ce vendredi 02 mai.

La fédération souhaiterait que la rencontre face aux lusophones se déroule au stade Barthélémy-Boganda de Bangui, où la dernière apparition des Fauves remonte au 2 juin 2012 contre le Botswana (2-0). « Ce serait bien pour le peuple, mais je ne pense pas que cela soit réalisable d’organiser un match à Bangui dans moins de trois semaines. Il y a encore des violences et des armes circulent », explique Manassé Enza-Yamissi de Petrolul Ploiesti, en Roumanie, le frère du capitaine. « La CAF ne donnera sans doute pas son accord. Et je doute que notre adversaire accepte de venir à Bangui. Il faut peut-être plutôt penser à jouer à Brazzaville ou à Yaoundé », intervient Willy Kongo, le team manager.

Ce n’est pas nous [l’ONU] qui avons fait cela et, clairement, nous ne voulons pas favoriser la partition du territoire, la division du pays.

A méditer…

Joseph GRÉLA

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page