Vos plumes

CHARIVARI DANS UNE COUR COMMUNE

Il se nomme Gaspard. Il est père de famille et même plusieurs fois grand-père. Il a une parcelle avec plusieurs studios qu’il a mis en location.
C’est un personnage haut en couleur. Il parle toujours à voix haute et n’accepte aucune contradiction lors des discussions avec les autres. Et il devient encore plus volubile qu’à l’accoutumée quand il a quelques verres ou bouteilles dans le nez ! Vous pourrez alors l’entendre hurler à la cantonade les propos les plus salaces qui soient.
Un soir, l’un de ses fils, Junior, majeur, fonctionnaire de son état et en couple mais toujours dans la maison familiale avec sa petite famille, rentre à la maison après une soirée bien arrosée et trouve un des jeunes locataires, originaire d’un pays voisin en train de plaisanter avec ses voisines.
Junior, qui planait sous l’influence des vapeurs alcoolisées, s’est mis en tête que le jeûne homme lui avait manqué de respect. Il lui assena donc sans crier gare une bonne paire de gifles. Les colocataires qui réagirent en auront aussi pour leurs comptes.
Gaspard, alerté par le raffut sorti et commença à vociférer contre ce fils aux sales manières qui s’en prenait sans raisons à ses locataires. Il reçut en retour une flopée d’injures bien dosées du fruit de ses entrailles. Après une série de ping-pong d’injures, ils en vinrent presque aux mains. Disons que le fils voulait à tout prix régler son compte à son cher et tendre père. Le tapage avait fait sortir le voisinage qui tentait de calmer et de retenir Junior. Sa pauvre mère se retrouva prise entre deux feux puisque recevant “des balles perdues” de son mari, Gaspard qui l’accusa d’être responsable de l’absence d’éducation de son fils. Et que c’étaient les conséquences d’avoir une épouse illettrée. Une véritable Master Class d’irresponsabilité paternelle. Quand tout va bien, c’est le fils de son père. Et quand tout va mal, c’est le fils de sa mère qui a raté son éducation…
Entre-temps, le jeune locataire violenté en pleurs avait appelé son grand frère qui accourut bien décidé à en découdre avec le malotru qui avait agressé son jeune frère. Fils de propriétaire ou pas, il fallait laver cet affront quoiqu’il advienne.
Notre trublion hyper alcoolisé était dans tous ses états, refusant d’écouter ses voisins. Il envoya même valdinguer son père qui essayait de le retenir. De guerre lasse, ce dernier dit aux gens de laisser les deux adversaires régler leur compte.
Les voisins n’en demandaient pas mieux tellement ils étaient écœurés. Aussitôt dit aussitôt fait. Junior se rua sur son adversaire qu’il dominait de la tête et des épaules. Le bout d’homme trapu semblait parti pour recevoir une raclée. Le combat n’avait même pas duré une minute que notre ami Junior se retrouvait au sol ! Et cela se répéta à au moins deux reprises.
Il fallait entendre les huées de son père : » Wouh!Wouh! Tu fanfaronnais et t’agitais pour rien ! C’est toi qui passes ton temps à provoquer les autres alors que tu n’es même pas fort ! Honte à toi !! » C’était l’humiliation de trop pour le fils indélicat qui fonça sur son père, histoire de lui faire ravaler ses moqueries. Ses sœurs et des voisins s’interposèrent. Il était devenu fou cherchant une arme blanche ou tout autre ‘’matériel’’ pour en finir avec les locataires qui, par prudence, se barricadèrent dans leur studio. Il faut préciser que tout celà se passait durant le couvre-feu qui était, à ce moment-là, encore en vigueur.
Gaspard voyant que les choses sentaient de plus en plus le roussi fit intervenir la gendarmerie. Son rejeton passa ainsi la nuit en garde à vue. Et le calme revint dans la rue.
Jusqu’au lendemain où une fois libéré, le fils et le père s’insultèrent à haute et intelligible voix pour le malheur ou la plus grande joie des voisins. Gaspard réitéra ses moqueries de la veille : » mon ké ngangou oko ape. Lo kinda mon legue ota ! Wouh ! Wouh! » Traduction : » Le locataire t’a envoyé au tapis à au moins trois reprises. Tu fanfaronnes pour rien. Tu n’as aucune force…”
Il fallut encore l’interposition de la famille et du voisinage pour empêcher un parricide. Mais toute la rue a eu droit à des propos envoyés de part et d’autre d’une vulgarité à faire rougir une péripatéticienne chevronnée.
Gaspard finit par virer son fils de chez lui. Entre des locataires qui lui assurent des rentrées d’argent régulières et un apprenti ‘’Brutus’’, le choix est vite fait.

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