EN VEDETTE

CET AMI QUI FAIT FLEURIR VOTRE AME.

C’était un 19 août, lors de la célébration de la journée mondiale de l’aide humanitaire.
Une manifestation avait été organisée à cet effet au stade omnisport par l’équipe humanitaire pays. En plus des discours, stands d’expositions et autres démonstrations habituelles, il y avait aussi au programme un match de basket-ball devant opposer une sélection mixte des humanitaires à une sélection mixte locale coachée par l’entraîneur de l’équipe nationale de l’époque.
Je suis également sur les lieux avec une collègue afin de participer à l’animation du stand de l’Organisation pour laquelle je travaille. J’en profite pour faire un peu le tour et engager la conversation avec quelques amis retrouvés pour la circonstance justement.
Et voilà que je vois parmi les joueurs de l’équipe humanitaire qui s’échauffent, Fabrice, un collègue travaillant pour une organisation “sœur’’ et qui est devenu un très bon ami. Je me suis dit : “ Ah ouais…je ne savais pas qu’il jouait aussi au basket. ». La suite allait être ubuesque.
Il me dira, quelques minutes avant le match, alors qu’on causait, qu’il y avait à son arrivée, beaucoup d’absents dans les rangs de l’équipe et qu’il s’était dévoué pour combler le vide. Heureusement que les autres joueurs étaient arrivés avant le début de la rencontre mais du coup, il était quand-même retenu.
Jusque-là rien d’anormal. Mais il ajoutera qu’il avait dû vite fait de « checker », ce sont ses mots, pour savoir combien de joueurs il y avait par équipe sur un terrain de basketball !
Je n’ai pu m’empêcher d’écarquiller les yeux. « Attends, lui ai-je dit, tu n’y connais rien en basket ? »
Lui : Non.
Moi : Ok…
Mon intérêt pour le match a été plus que décuplé. Après deux quarts temps, mon néophyte basketteur d’ami est enfin aligné par le coach. Juste avant, durant la pause après le second quart temps, je lui dis d’éviter de marcher avec la balle.
Lui : Ah bon ! Il ne faut pas marcher ? Merci !
Moi : Sérieux !!!!
Eh oui, il l’était.
Et moi, de lui montrer comment pivoter sur une seule jambe en cas de besoin pour éviter de faire un « marcher ». Le comble pour un basketteur du dimanche comme moi qui n’a plus touché la balle orange depuis plus d’une décennie !
Au moment de la reprise, une amie commune, qui avait assisté à notre conversation et qui n’en revenait pas non plus, me dira : » Dis, tu l’as prévenu d’éviter les reprises de balles ? »
En fait non. Je sens que ça va être particulier….
Tout compte fait, notre ami s’en sortira plutôt bien. Question course sur le terrain, il aura donné de sa personne. Dès qu’il avait la balle, il se débrouillait pour vite faire la passe à quelqu’un de démarqué. Et au bout de 2mn30, le coach le remplacera. Le pauvre était totalement lessivé.
Il me dira qu’il ne pensait pas que le basket pouvait être aussi physiquement éprouvant. Tu m’étonnes ! Le plus drôle c’est que pendant un temps mort, alors qu’il s’est dirigé vers moi pour causer, j’ai dû lui rappeler de rejoindre ses coéquipiers parce que leur coach était en train de donner des consignes ! Sa cheffe était morte de rire en me disant  » qu’il a oublié qu’il fait partie de l’équipe ».
Au finish, « les humanitaires » ont gagné le match par un petit point d’écart et l’honneur de mon ami Fabrice était sauf. Mais qu’est-ce qu’on a bien rigolé ! Surtout sa « cheffe » qui me dira : « voilà pourquoi je l’adore ce garçon ! »
Devant mon air ahuri, il me dira de manière candide : « de toutes les façons, l’essentiel était de participer…Et puis tu sais, quand j’étais à New-York, j’ai assisté une seule fois à un match de basket… » La messe sur la question était dite…
Et avec un sacré sens de l’autodérision, il nous dira, à une amie et à moi, avec son sourire si désarmant, que tout compte fait sa rentrée sur les parquets avait été décisive ! Et moi de renchérir : « oui…pour la partie adverse ! ». Il n’était pas le dernier à rire de la boutade.
Mais j’avoue que sa candeur, sa bonne humeur toute naturelle, son excessive politesse, son côté désinvolte et surtout sa bonne volonté d’être utile et d’aider, même pour les choses les plus anodines ou loufoques m’ont toujours bluffé. Il n’y a rien à dire, c’est un véritable humanitaire dans l’âme au sens propre du terme. Il donne tout son sens à ce mot.
Fabrice est le genre d’ami qui vous redonne foi en la beauté de l’âme de l’être humain. Il est d’une incroyable douceur et son innocente désinvolture nous a, à maintes reprises, tant fait rire. Comme dirait une amie : “il est magique !”
Quelque temps plus tard, un jour de septembre, peu de temps avant sa fin de mission, je recevrai en début de soirée un appel téléphonique. C’était Fabrice qui m’appelait parce que n’ayant pas eu de réponses à son texto : “Salut Louis-Philippe ! Comme je pars demain en congés et que je ne serai pas là pour ton anniversaire, est-ce que tu serais disponible pour venir dîner à la maison ?’’
Nous étions en effet à la veille de mon anniversaire. Je ne me suis pas fait prier étant donné que l’un de ses colocataires et lui étaient de véritables cordons bleus et que j’étais devenu un aficionado des soirées culinaires, comme on les avait baptisées entre nous en rigolant, qu’il organisait de temps à autre. C’était toujours un plaisir de passer du bon temps avec tous les membres de la maisonnée.
La soirée fut douce et belle. Au menu, des pâtes à la sauce pesto parsemées de basilic et d’un soupçon de fromage parmesan arrivé fraîchement d’Italie, de la salade de roquette, du saucisson… Ce fut une soirée d’anniversaire par anticipation toute simple mais remplie de gentillesse et de bonne humeur.
Une soirée qui sera, mais nous ne le savions pas encore, la dernière passée ensemble. Il ne reviendra en effet pas de son congé puisque bloqué chez lui à cause du confinement décrété à cause de la Covid-19. Et donc en télétravail jusqu’à la fin de sa mission.
Nous avons toutefois gardé le contact et continuons de converser grâce aux réseaux sociaux. Nous nous sommes d’ailleurs promis de nous retrouver ici ou ailleurs un de ces jours. D’autant plus, je le lui ai rappelé, qu’il me doit un dîner.
Je suis infiniment reconnaissant au Ciel de m’avoir donné ce frère-ami si particulier.

Louis-Philippe BANGAZONI

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