Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE : UN LEADERSHIP LANGUISSANT

A l’instar d’une chorale grégorienne, presque toute la sommité mondiale  entonne à l’unisson que la classe politique centrafricaine constitue le talon d’achille des solutions à la crise actuelle. A priori, plusieurs faits sociopolitiques argumentent en profondeur ce point de vue. Il en ressort que le paysage politique centrafricain est trop disparate. On compte une pluralité de partis politiques qui ont quasiment les mêmes idéologies. Curieusement, très peu sont ceux qui ont une différence de nature et d’idéologie. A l’évidence, l’objectif primordial des partis politiques est la conquête du pouvoir. Puisque ces innombrables partis politiques n’ont qu’une différence d’infime degré, il est par conséquent impossible qu’ils dégagent des idées fortes et des visions développantes.

D’ailleurs, certains partis politiques ne se battent que pour les fonctions nominatives. On a souvent tendance à les confondre aux mouvements armés pour la simple raison que, n’ayant pas de lignes politiques clairement affichées, ils  brandissent  les fusils comme moyen de pression pour atteindre leurs objectifs. A fortiori, la particularité du paysage politique centrafricain est le bal d’ego, la guerre de positionnement, les crocs-en-jambes etc…En toile de fond de tout ce qui précède, il y’a un véritable problème de leadership en Centrafrique. Aussi bizarre que cela puisse paraître, tout le monde veut être chef, tout le monde veut commander, tout le monde veut diriger…Et la classe politique centrafricaine s’entre-déchire, elle se bouffe mutuellement le nez et ne parle jamais d’une même voix.

Là où le bât blesse, tous les leaders politiques, qui ont été reçus dans les instances internationales, se sont livrés à leurs sports favoris en occurrence faire porter le chapeau de la crise à X ou à Y.  Plusieurs décideurs mondiaux s’étonnent que les leaders centrafricains se rejettent l’un l’autre les causes de la crise alors que dans un contexte pareil, tout le monde les attendait sur un terrain de consensus et de mutualisation d’efforts pour une sortie de crise apaisée. En tout cas, la déconvenue est totale et la classe politique centrafricaine est encore passée une fois de plus à côté de la plaque. Elle a juste refusé de rentrer dans l’histoire car elle est faite pour en écouter encore moins l’écrire. Déjà, lorsqu’on parle d’elle un peu partout, tout le monde crie à l’incompréhension et à la désolation.

Aujourd’hui, l’union sacrée tant souhaitée par certains Centrafricains ne sera qu’un vain mot. La division et la soustraction sont deux symboles arithmétiques qui empoisonnent le paysage politique centrafricain. Ces deux symboles sont légions dans le  pays et à l’extérieur notamment au niveau de la diaspora centrafricaine. En aucun cas, une unanimité ne s’est dégagée autour d’une manifestation à caractère républicain. Si les manifestations ne se chevauchent pas, alors elles s’enchaînent en cascade comme on égraine un chapelet. Au lieu de fédérer les énergies et d’agir de façon concertée, les jeunes leaders de la diaspora se divisent et la cause commune s’envole comme une fumée…Du coup, on a envie de dire: « Vive la guerre de leadership ».

Au moment où un groupe centrafricain appelle à une manifestation généralisée le 7 Juin à Paris devant le Quai d’Orsay de 14 H à 18 H pour demander le réarmement des Forces Armées Centrafricaines et autres, un autre organise une manifestation ce même jour de 14 H à 20 H et au même endroit pour demander la démission de la présidente Samba-Panza. Comme une cacophonie musicale, la guerre de leadership ambiant sème la désolation sur son passage pendant que la crise a atteint son paroxysme.

Somme toute, une Centrafrique dans laquelle les combats d’idées offriront des perspectives d’avenir aux fils et aux filles du pays serait-elle possible ? Les Centrafricains parviendront-ils à parler d’une même voix lorsque l’intérêt républicain est bafoué? La diaspora centrafricaine pourrait-elle être une force de proposition avec une telle inorganisation ? Avec Les plumes de RCA, nous utiliserons toujours les mots contre des maux. 

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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