Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE : ET SI LE CNT MONTAIT EN PREMIÈRE LIGNE !

Dans la marche périlleuse de cette transition centrafricaine lacérée de toute part, l’on a sans nul doute – je ne crois pas me payer de mots -, à s’accorder sur au moins une évidence : l’importance fondamentale du Conseil National de Transition, à ce jour, la seule des trois hautes institutions politiques du pays, demeurée stable et constante – plus est prolifique -, depuis la conclusion des fameux accords de Libreville, acte fondateur du régime actuellement en place.

Au lendemain de la signature le 23 juillet 2014, du document dit « Accord de cessation des hostilités en République Centrafricaine », le peuple dans son ensemble, paraît retenir son souffle. Des organisateurs du forum qui vient de s’achever à Brazzaville, aux Centrafricains les plus pessimistes ou sceptiques, en passant par les principales parties signataires de l’accord de cessez-le-feu – Séléka et Antibalaka -, aucun acteur impliqué à un titre ou à un autre dans la crise centrafricaine – qui cherche des solutions -, n’oserait parier un seul sou sur l’avenir sécuritaire plus ou moins proche de la Centrafrique. Cela, quand bien même, en leur for intérieur, tous les Centrafricains épris de paix, souhaitent et espèrent profondément, que les cœurs et les esprits puissent se transformer comme par une pentecôte nouvelle, afin que se réalise le « rêve  de Brazzaville », dans ses détails même les plus subtils et imparfaits. Pourvu que règne la paix totale et que la RCA arrive à s’extirper du gouffre ténébreux et béant des violences « gratuites » qui l’accablent.

Tous les fastes de l’organisation du forum de Brazzaville, ne sont plus aujourd’hui que de simples souvenirs. Se sont éteintes à jamais, les lumières de toutes les caméras du monde braquées il y’a une semaine encore, sur la Centrafrique en déplacement. Les gestes et autres démonstrations de paix entre les principaux belligérants, doivent désormais laisser la place, à  tout ce qui doit suivre. Bref, toutes les voix qui se sont élevées, les belles déclarations ainsi que les discours biens rodés, se sont tus. Et c’est alors ici, que commence le plus difficile.

De Janvier 2014 à fin juillet 2014, plus de six mois se sont déjà écoulés, qu’à la tête de l’exécutif, Madame Samba-Panza, la Présidente de la transition – chef de l’Etat -, ainsi que son Premier Ministre – Chef du Gouvernement -, Monsieur André Nzapayéké, exercent la plénitude des pouvoirs souverains que leur confère la République. Sans démériter pour ainsi dire, les deux chefs de l’exécutif centrafricain, n’ont pas pour autant, semble-t-il, réussi à relever suffisamment les principaux défis – à l’origine de leur arrivée au pouvoir-, auxquels la RCA reste confrontée. Samba-Panza et  André Nzapayéké, ont apparemment très déçu, malgré tous les espoirs placés en eux. Ils n’ont surtout pas su convaincre les Centrafricains, ni fait preuve de suffisamment d’ardeur et d’audace face aux dures réalités intérieures du pays, et face aux impératifs imposés de l’extérieur par la communauté internationale. Pire, la gouvernance collégiale de l’exécutif transitoire en Centrafrique, restera durement marquée et foncièrement discréditée, par une série de promesses non tenues  et  des engagements que « les vents emportèrent sans qu’aucune trace n’en fut trouvée ».

Qu’en sera-t-il alors de l’après Forum de Brazza ? Les Centrafricains sont-ils prêts à faire entièrement confiance à l’exécutif pour la stricte application des mesures qui ont été prises ? Rien n’est moins sûr.

Et c’est la raison pour laquelle, il conviendrait que le Conseil National de Transition prenne ses responsabilités et toutes ses responsabilités. La loi l’y autorise à plus d’un titre, et le peuple, saura aviser à travers les représentants de la Nation (article 50 de la Charte de la Transition – CT). Après tout, le « CNT seul habilité à autoriser les déclarations de guerre » – article 57 CT -, me semble-t-il, constitue bel et bien, un cadre permanent d’échanges, de discussions et surtout de suivi quotidien des faits et gestes des ex ( ?) belligérants.

C’est apparemment ce que semble avoir très bien compris Alexandre Ferdinand Nguendet, le Président du CNT, qui, à peine revenu de Brazzaville le 24 juillet 2014, a convoqué  et reçu dans son bureau dès le 26 juillet 2014, une délégation du mouvement Anti-balaka. En présence du Coordonnateur, Patrice Edouard Ngaissona, le Président du CNT, a « tenu un langage fraternel et de fermeté» au sujet de l’accord de cessation des hostilités signé jeudi à Brazzaville, avant d’ajouter : « Nous sommes là pour accompagner ces compatriotes qui ont pris l’engagement d’emprunter les voies de la paix et pour que l’exécutif puisse créer les conditions nécessaires ». Dans son programme, le Président du CNT prévoit également de recevoir d’ici le 28 juillet 2014, une délégation de la coalition Séléka.

L’on se souviendra certainement des 15 jours de Alexandre Ferdinand Nguendet, en tant que Président de Transition par interim. Sans verser dans un manichéisme que je réprouve, je crois néanmoins que reconnaître à la personnalité qui dirige depuis plus de 15 mois le CNT, ses qualités d’homme d’état, n’est que justice. L’on a encore en mémoire ses déclarations de fermeté, du 11 janvier 2014. A son retour de Ndjamena où Djotodja et Tiangaye venaient de démissionner, il avait martelé très fortement : « d’ici une semaine, je vous promets qu’il n’y aura plus aucun seul coup de feu à Bangui. Le compatriote qui prendra le risque de poser des actes de vandalisme trouvera les forces de défense et de sécurité ; il y’ aura une réponse pour ceux qui ne veulent pas respecter les biens des compatriotes Centrafricains…c’est terminé l’anarchie, le chaos c’est terminé ! ». Bangui connut à l’époque dans cet intervalle, une accalmie, avant que les exactions ne reprennent peu après l’élection de Samba- Panza.

Par ailleurs et sans compter de nombreux discours et autres déclarations, notamment celle condamnant fermement les résolutions du congrès tenu à Ndélé en mai 2014, par la Séléka, Alexandre Ferdinand Nguendet, fait certainement l’unanimité pour sa constance et sa cohérence dans la défense des FACA (Forces Armées centrafricaines) dont il ne cesse de rappeler – et certainement de négocier le réarmement au niveau international –, la nécessité de la réintégration :

  • Le 11 janvier 2014 dans sa déclaration en tant que Président intérimaire : « A ce tournant décisif de l’histoire de notre pays, nous lançons un appel pressant aux éléments des Forces Armées Centrafricaines (FACA) où qu’ils se trouvent à regagner les rangs pour soutenir l’action du Gouvernement qui sera mis en place. Les éléments de l’ex-séléka et ceux des antibalakas qui répondent aux critères de servir l’armée nationale trouveront leur place au sein des Forces Armées Centrafricaines dans le cadre du Programme DDR qui sera relancé après la mise en place du Gouvernement. »
  • Le 12 janvier 2014 dans une interview à RFI : « La sécurité du peuple centrafricain revient en premier lieu à nos forces de défense et de sécurité…nous allons approfondir la réflexion pour nous permettre d’avoir une armée digne de ce nom, pour permettre la refondation de l’armée nationale centrafricaine. C’est de manière ponctuelle que nous sommes assistés par nos frères de la sous-région et notre amie de tous les temps la France »
  • 21 mai 2014 dans sa déclaration sur la situation qui prévaut dans le centre est du pays : « Je dis au nom du Conseil National de Transition que l’occupation de la ville de Bambari n’est rien d’autre qu’une manière de ramener le désordre et le chaos en République Centrafricaine…le CNT demande la réhabilitation des Forces Armées Centrafricaines pour qu’elles apportent leurs appuis au désarmement et à la sécurisation du territoire nationale »
  • 26 juillet 2014 : « Nous avons insisté pour qu’on puisse créer les conditions très rapidement pour l’implication des Forces armées centrafricaines (FACA) ainsi que la police centrafricaine et la gendarmerie nationale enfin de la communauté internationale. Le seul message, est la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité notamment la Résolution 2127 qui impose le désarmement forcé ».

Enfin, le Conseil National de Transition, à travers certaines dispositions de  la Charte de transition, détient en effet entre ses mains « l’arme fatale », qui permet aux représentants de la Nation, de suivre avec la plus grande attention et de s’impliquer dans une large mesure, dans tous les dispositifs concernant l’application de l’Accord de cessation des hostilités en RCA . Il s’agit de :

  • Article 71 alinéas 4-5-6 : « Les membres du Gouvernement de Transition ont accès aux séances du Conseil National de Transition.

Ils sont entendus à leur demande ou à la demande du Conseil National de Transition.
Ils peuvent se faire assister par leurs collaborateurs »

  • Article 73 : « Le Conseil National de Transition peut interpeller le Gouvernement de Transition.

Il peut lui adresser des questions orales avec ou sans débat, écrite ou d’actualités auxquelles le Gouvernement est tenu de répondre.
Il peut contrôler l’action du Gouvernement de Transition par le recours à l’audition en commission et par une commission d’enquête et de contrôle ainsi que leurs pouvoirs. »

La RCA après Brazzaville, se retrouve à la croisée des chemins et doit se donner tous les moyens d’un bon choix entre deux voies: l’horizontale pour LA PAIX ET LA STABILITE, ou la verticale, pour le DESORDRE  ET LA GUERRE.

Dès lors, le Conseil National de Transition, au nom du peuple centrafricain, doit prendre ses responsabilités, rien que ses responsabilités et toutes ses responsabilités. Il doit pleinement assumer l’Accord de Brazzaville et pour cela monter en première ligne.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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