Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE : QUE DISENT LES ORACLES ?

« Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie…ô cruel souvenir de ma gloire passée !…Faut-il… voir triompher…Et mourir… ou vivre dans la honte ? » (Pierre Corneille – le Cid)

Vous souvenez-vous ? La terre de Centrafrique a connu :

de grands résistants ;
le plus prestigieux, le plus brillant et le plus compétent des politiques de l’ancienne AEF ;
 de jeunes et vaillants patriotes des années 70 ;
 une classe d’hommes politiques, déterminés et engagés.

Tous, ils valaient bien mieux que l’ensemble des cancres et des incultes invertébrés, qui s’agitent aujourd’hui dans tous les sens et partout. Que sont devenus les Karinou des temps modernes, le nouveau Boganda que nous espérons, ces élèves et étudiants qui, au péril de leur vie, ont sauvé parents et République du joug de l’Empire ? Et tous ceux, à qui le pays tout entier devrait à jamais, rendre hommage et témoigner reconnaissance, pour le combat de la démocratie ?

Aussi étrange, aussi renversant et choquant que cela puisse paraître, de mémoire de quinquagénaire inoxydable que je suis, – et ceux de ma génération s’en souviendront – jamais et au grand jamais, l’homo centrafricanus, ne connut si grande humiliation, ne fut rendu si impuissant et faible, et a accepté avec tant de déférence et sans indignation, une telle déculottée ! Et dire que cela provient d’une invasion d’un groupe de barbares du nom de Séléka, cela m’oblige à laisser inconsciemment échappé de ma gorge nouée,  « mais où es-tu Papa Bok ! ». Car après tout, tu fus le seul vrai soldat et officier général, que la RCA n’ait jamais connu !

Jusqu’où veulent nous conduire Samba-Panza et son régime de transition, tribalo-régionaliste, déraisonnée, bancale, sans cervelle ni muscle, et par-dessus tout aveugle, muet, sourd mais malgré tout arrogante, insolente et corrompue à la nausée ? Et vous tous, ces « hiboux au regard gluant et grands spécialistes des retournements de veste » qui l’entourez de vos mauvais conseils, je vous prie, pour une fois et une dernière, veuillez faire part à Mme la Présidente en transition, de ce cri de révolte de Barthélémy Boganda qui disait: « un révolté qui crie sa souffrance est moins dangereux et plus efficace qu’un peuple en rébellion. On ne parle qu’avec ses amis, les batailles les plus homériques se disputent entre frères et sœurs ; tant qu’un dialogue si âpre soit-il, se poursuivra entre nous, estimons-nous heureux. C’est que la RCA (l’AEF) n’est pas en péril ! Voulez-vous que vienne le sinistre jour où l’on chercherait en vain un interlocuteur valable ?…Moi en tout cas, et tant qu’il me restera un souffle de vie, je vous promets que je continuerai à discuter avec vous, parce que tel est mon devoir..»( Grand Conseil de l’AEF Séance Inaugurale de la Deuxième Session Ordinaire de Brazzaville, le 21 octobre 1957).

L’avez-vous compris chers conseillers ?

Quant à vous autres, hommes politiques centrafricains, ainsi abusivement désignés, ô pénurie de mots, pour parler des aventuriers et des assoiffés de pouvoir que vous êtes tous ! Souvenez-vous très souvent, des circonstances de cette interpellation que je fais mienne et que je n’ai de cesse de vous rappeler : « Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs : Quand penserez-vous à sauver la patrie ? Quand cesserez-vous de livrer des combats à mort à la République, en vous acharnant les uns contre les autres ? […] Pensez que le peuple vous contemple, et qu’il s’irrite de vos divisions. » (Le 4 mai 1793, la société républicaine de Toulon, dans son adresse à la Convention nationale).

Comme chantait jadis Papa Alphonse mon défunt père, « l’heure de la justice a sonné ! ». Tous les candidats déclarés ou non à la présidence ; tous les Ministres, Ministres-Conseillers, Conseillers à la Primature et à la Présidence de la République; tous les officiers généraux et officiers subalternes : aucun cadre Centrafricain, civil ou militaire, exerçant à ces postes de responsabilités, ne devraient plus être autorisé à quitter Bangui. Ceux qui sont à l’extérieur, dépêchez-vous de rentrer au pays, de peur de manquer le grand rendez-vous du patriotisme et du nationalisme autour du sujet crucial que voici : Trouver absolument et rapidement la solution définitive au problème du nord-est de la RCA, occupé illégalement et de force par la Séléka, avec la complicité et la bénédiction de la Communauté internationale.

C’est aujourd’hui, c’est ici et maintenant, c’est sur la question de l’invasion du nord-est de la RCA par la Séléka, et sur cette question seulement, que doit se jouer la transition, la paix et l’élection présidentielle. Nous en avons assez du tourisme et des touristes politiques, toujours prompts à faire le tour du monde au nom des malheurs du Centrafricain, pour se remplir les mallettes et jouer aux  gentlemen cosmopolites. Les électeurs sont au pays, à Bangui et dans les villages et non dans les petites salles de conférence des pays européens.

A vous tous, jeunes de cette jeunesse centrafricaine livrée et sacrifiée sur l’autel des intérêts égoïstes de vos prétendus leaders malhonnêtes ; votre rôle à vous tous, doit être de cesser d’être des futurs clients de la CPI (Cour Pénale Internationale). A vrai dire, que peut espérer un jeune militant, si son engagement politique ne consiste qu’à soutenir ad vitam un dirigeant, lui-même unique candidat à vie à toutes les élections présidentielles ? Dans un pays où l’espérance de vie est de moins de 50 ans, et où la plupart des politiques commencent à faire entendre leur voix à 30 ans passés, il faut craindre qu’on ne parvienne pas un jour à avoir un candidat de « grand parti », qui soit âgé de moins de 50 ans. Ceci explique peut-être en partie, la nouvelle tendance qu’ont les jeunes, à créer leur propre parti politique, association ou mouvement, afin d’être soutenu à la présidentielle, et éviter ainsi d’être estampillés « candidat indépendant ».

A y réfléchir sérieusement, on en arrive à se demander, si tous ces briscards au cuir épais, agrippés solidement au pouvoir en Centrafrique, ne font pas exprès. Rien ne laisse entrevoir, de leur part, une réelle volonté de préparer leur succession. Cette jeunesse qu’on n’aide pas à « s’instruire, soigner, vêtir, nourrir et loger », comment pourra-t-elle se comporter dans le monde de demain ? En considérant les partis politiques actuels en RCA , – à l’allure où il s’en crée j’avoue ne pas les connaître tous – il y ‘a fort à parier, qu’il n’en existe aucun, dont le premier responsable, sans en être le fondateur, soit un jeune militant ayant gravi les échelons pour arriver à s’imposer. Tout bien considéré, quel rôle joue aujourd’hui un jeune politique centrafricain, si ce n’est pas exclusivement, celui de servir de bouclier ou de « chair à canon » pour son leader, et d’intervenir sur le mode de l’invective et de l’insulte ? A mon sens, les partis doivent être interpellés sur la question de la formation politique des jeunes militants, dont il faut analyser les comportements en termes de conviction, d’engagement et d’adhésion à un combat patriotique.
Pour leur part, les jeunes doivent eux-mêmes engager la bataille de la rupture au sein des partis. Mais comment cette jeunesse politique entend-elle aborder la question de l’alternance générationnelle quand on sait qu’il y ‘a pléthore de jeunes qui ont exactement des attitudes et comportements identiques à ceux de leurs tristes aînés ?

Tel est aujourd’hui, l’amer constat, d’une république tropicale bananière en mal de renouvellement de ses hommes et de revitalisation de ses structures, mais surtout en voie de partition.

Heureusement, la Centrafrique vaut mieux que les Centrafricains.
Heureusement, une génération consciente est en marche pour « prendre la Bastille ».

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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