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CENTRAFRIQUE: AU DIABLE MADAME MYRIAM DESSABLES

Par Bernard AZOUDANGAMA

Madame Myriam DESSABLES, Chef du Bureau de la Communication et de l’Information Publique de la MINUSCA et à ce titre porte-parole de ladite organisation a fait une déclaration extrêmement gravissime avec des conséquences néfastes pour la paix en Centrafrique. Curieusement et comme à leur habitude, les fameux politiciens centrafricains, excusez-moi, les vrais politicards, je devrais dire, n’ont accordé aucun intérêt à cette déclaration d’une haute importance. Sauf les journalistes et particulièrement la presse numérique centrafricaine ont relevé l’impact de cette déclaration nocive.

C’est dire que ceux qui se bousculent au portillon du palais de la Renaissance ne sont pas à la hauteur de la mission à laquelle ils prétendent : la refondation et la reconstruction de la Nation centrafricaine. Ils n’ont, sauf erreur de ma part, élevé aucune protestation à cette déclaration au relent d’échec de la MINUSCA. C’est pourquoi, après avoir laissé passer le temps de la colère qu’a suscitée en moi cette déclaration, je me suis résolu d’adresser à madame Myriam DESSABLES ce message.

De quelle déclaration s’agit-il ?

Madame Myriam DESSABLES, Porte-parole de la MINUSCA, confortablement assise à côté d’un officier supérieur de cette mission, affirme tout de go, le mercredi 17 décembre 2014 lors de la fameuse conférence de presse hebdomadaire que : « le désarmement forcé ne figure dans aucune résolution des Nations Unies. Le mandat de la MINUSCA, est d’accompagner les stratégies du gouvernement dans le processus du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion des groupes armés ».

Venant d’une personnalité de la MINUSCA, cela est surprenant. Ce d’autant plus que cette dame est le porte-voix de la MINUSCA, c’est-à-dire de l’ONU en Centrafrique. Celle-là même qui a envoyé les troupes militaires en RCA pour assurer la paix et la sécurité des centrafricains afin que les élections libres, transparentes et crédibles puissent être organisées afin que la démocratie ainsi que l’État de droit puissent être instaurés dans ce pays en proie à une instabilité chronique.

Cette déclaration est le signe avant coureur que la MINUSCA avec ses 12 000 hommes ne se seront pas en mesure d’assurer la mission à eux confiée par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

Contrairement à ce qu’est venu nous ânonner madame Myriam DESSABLES, les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur le conflit centrafricain sont claires sur le désarmement forcé. Passons-les en revue afin de mettre en lumière les niaiseries de cette dame.

Tout commence d’abord par la résolution 2121 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies du 10 octobre 2013. Dans cette résolution, le Conseil de Sécurité élargit le mandat du Bureau Intégré des Nations-Unies pour la Consolidation de la paix en République Centrafricaine (BINUCA). Au paragraphe 10 c) relatif à l’Appui à la stabilisation des conditions de sécurité,

le Conseil de Sécurité donne mandat au BINUCA de « concourir à la stabilisation des conditions de sécurité en fournissant des conseils sur la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit (…), les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou de désarmement, démobilisation, réinstallation ou rapatriement et réintégration des combattants, y compris tous les enfants associés à des forces et groupes armés, et la lutte antimines, notamment la neutralisation des restes explosifs de guerre ».

Il ressort de cette résolution que le BINUCA devait simplement apporter son concours aux autorités de transition en matière de désarmement, de démobilisation et de rapatriement des combattants.

Il faudrait attendre les prochaines résolutions pour voir le Conseil de Sécurité affirmer clairement les missions de désarmement des forces illégales qui sévissent en Centrafrique.

Ainsi, par la résolution 2127 adoptée à sa 7072ème séance, le 5 décembre 2013, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies autorise le déploiement de la MISCA qui, selon le paragraphe 28 iv), doit « soutenir les initiatives de désarmement, démobilisation et réintégration ou désarmement, démobilisation, réintégration et réinstallation ou rapatriement menées par les autorités de transition et coordonnées par le BINUCA ».

Il exhortait par la même occasion les autorités centrafricaines de transition « à élaborer et à mettre en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ou des programmes de désarmement, démobilisation, réintégration, et réinstallation ou rapatriement (DDRRR), y compris pour les anciens éléments de la Séléka qui ne seront pas intégrés dans les forces de sécurité et les enfants associés à des forces et groupes armés ».

La question de désarment y clairement abordée. Ainsi dans le paragraphe 50 de ladite résolution, il y est écrit que le Conseil de Sécurité « autoriseles forces françaises en République Centrafricaine à prendre toutes mesures nécessaires, temporairement et dans la limite de leurs capacités et dans les zones où elles sont déployées, pour appuyer la MISCA dans l’exécution de son mandat, énoncé au paragraphe 28 ».

C’est sur ce fondement juridique que la France a autorisé le déploiement de ses forces en Centrafrique notamment l’opération Sangaris comme l’avait rappelé Monsieur Jean-Marc AYRAULT alors Premier Ministre français à l’Assemblée Nationale lors de la séance du 10 décembre 2013.

Dans son intervention devant les élus français, il déclarait : « C’est la France qui a choisi de saisir le Conseil de Sécurité et qui a obtenu que deux résolutions soient adoptées à l’unanimité. La résolution 2127, adoptée la semaine dernière, donne mandat à la force africaine de stabiliser la République Centrafricaine et de protéger les civils. Elle permet à la France d’appuyer cette force. C’est encore la France qui a su convaincre ses partenaires internationaux d’apporter leur soutien politique, logistique et financier à cet effort international de stabilisation. Le cadre de l’opération Sangaris est donc incontestable. La France agit sur la base d’un mandat des Nations unies. Elle répond à l’appel lancé par l’Union Africaine le 13 novembre dernier. Elle répond également à une demande d’assistance des autorités de transition centrafricaines ».

Monsieur AYRAULT rappelait au passage qu’en intervenant en Centrafrique, la France visait deux objectifs. D’abord « rétablir la sécurité en République Centrafricaine, enrayer la spirale d’exactions et la dérive confessionnelle ».

Ensuite, l’intervention militaire française devrait « favoriser la montée en puissance rapide de la MISCA et de permettre son plein déploiement opérationnel » afin qu’elle soit en mesure « d’assurer le contrôle de la situation sécuritaire, de désarmer les milices et de faciliter la transition politique ».

Mais avant lui, le Président François HOLLANDE annonçait le vendredi 6 décembre 2013 à l’issue de la conférence de presse finale du Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique réuni à Paris que l’effectif des soldats français pour cette opération allait être porté à 1600 personnes. En outre, il précisait la priorité des troupes françaises qui agissent sous le mandat des Nations-Unies en Centrafrique : «désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations » afin que ce pays puisse « retrouver la stabilité, et permettre le moment venu des élections libres et pluralistes ».

De son côté, le Secrétaire des Nations-Unies, monsieur BAN KI-MOON, affirmait à propos de la résolution 2127 autorisant les forces africaines et françaises à intervenir lors de cette conférence de presse qu’il était « urgent d’éviter la détérioration supplémentaire de la situation et de mettre la résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ». Il faisait ainsi référence à un désarmement forcé.

Dans cette optique, interrogé le dimanche 8 décembre 2013, monsieur Jean-Yves LE DRIAN Ministre français de la Défense affirmait de son côté à l’émission Grand jury de la radio RTL que « l’opération de désarmement des groupes armés en Centrafrique commencerait dès demain lundi ».

Par sa résolution 2134 du 28 janvier 2014, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies réactualisé les missions du BINUCA. Ainsi, il lui a prescrit notamment au paragraphe d) relatif à l’appui à la stabilisation de la sécurité de :

  • Concourir à la stabilisation de la sécurité en fournissant des conseils et une assistance technique en matière de gouvernance et de réforme du secteur de la sécurité, d’état de droit (…), de programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants, y compris tous les enfants associés à des forces et groupes armés – programmes assortis d’un volet rapatriement en ce qui concerne les combattants étrangers – et la lutte anti-mines, notamment la neutralisation des restes explosifs de guerre;
  • Arrêter, en collaboration avec les autorités de transition et en consultation avec la MISCA et les forces françaises, une stratégie générale de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, et concourir à sa mise en œuvre, y compris en apportant une assistance technique et en coordonnant l’appui prêté par les acteurs régionaux et internationaux.

En effet, il convient de préciser que la résolution 2127 prévoyait déjà la transformation de la MISCA en une opération de maintien de paix des Nations-Unies. Ainsi, au paragraphe 47 de ladite résolution, le Conseil de Sécurité priait le Secrétaire Général des Nations Unies « d’entreprendre sans tarder les activités depréparation et de planification nécessaires en vue de la transformation éventuelle dela MISCA en une opération de maintien de la paix des Nations Unies ».

Et c’est tout à fait logique que la MISCA fut transformée en opération de maintien de la paix lorsque les circonstances furent réunies. C’est tout l’intérêt de la résolution 2149 adoptée à l’unanimité par les membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies lors de sa 7153ème séance en date du 10 avril 2014 (paragraphe 18 de la résolution).

En transformant la MISCA en opération de maintien de la paix et en transférant ses responsabilités à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine en abrégé MINUSCA, l’ONU a maintenu les mêmes exigences de désarmement forcé des groupes armés.

Ainsi, au paragraphe 30 g) relatif au désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, le Conseil de Sécurité précise clairement les missions de désarmement :

  • Aider les autorités de transition à élaborer et à mettre en œuvre une stratégie révisée de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement des ex-combattants et éléments armés pour traduire les nouvelles réalités sur le terrain, tout en accordant une attention particulière aux besoins des enfants associés à des forces et groupes armés, et appuyer le rapatriement des éléments étrangers,
  • Aider les autorités de transition à élaborer et à exécuter des programmes de lutte contre la violence communautaire,
  • Regrouper et cantonner les combattants, et confisquer et détruire, selon qu’il convient, les armes et munitions de ceux qui refusent de les déposer.

Au titre de mesures complémentaires, il est indiqué entre autre ce qui suit :

e) Saisir et collecter les armes et tout matériel connexe transférés en République Centrafricaine en violation des mesures imposées par le paragraphe 54 de la résolution 2127 (2013), les enregistrer et les éliminer selon qu’il conviendra.

Afin de mieux faire comprendre notre développement sur la constance de la motivation du Conseil de Sécurité, nous allons, dans un tableau, montrer de manière comparative les principales mesures de DDRR (désarmement, démobilisation, réintégration, rapatriement) adoptées dans les différentes résolutions des Nations-Unies.

RÉSOLUTIONS
MISSIONS
MANDAT
Résolution 2121
du 10 octobre 2013
BINUCA
Paragraphe 10
c) Appui à la stabilisation des conditions de sécurité :
·        Concourir à la stabilisation des conditions de sécurité en fournissant des conseils sur la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit (…), les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou de désarmement, démobilisation, réinstallation ou rapatriement et réintégration des combattants, guerre;
Désarmement, démobilisation et réintégration, et réforme du secteur
de la sécurité
Paragraphe 17.
·        Élaborer et de mettre en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou rapatriement (ou des programmes de désarmement, démobilisation, réinstallation ou rapatriement et réintégration), y compris pour les éléments de la Séléka qui ne seront pas intégrés dans les forces de sécurité.
Résolution 2127 du 5 décembre 2013
BINUCA
Désarmement, démobilisation et réintégration, et réforme du secteur
de la sécurité
Paragraphe 11.
·        Élaboration et mise en œuvre parles autorités de transition des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ou des programmes de désarmement, démobilisation, réintégration, et réinstallation ou rapatriement (DDRRR), y compris pour les anciens éléments de la Séléka qui ne seront pas intégrés dans les forces de sécurité et les enfants associés à des forces et groupes armés.
MISCA
Paragraphe 28 iv) :
·        Soutenir les initiatives de désarmement, démobilisation et réintégration ou désarmement, démobilisation, réintégration et réinstallation ou rapatriement menées par les autorités de transition et coordonnées par le BINUCA.
Résolution 2134 du 28 janvier 2014
BINUCA-MISCA
Paragraphe 2 d)
Appui à la stabilisation de la sécurité :
·        Concourir à la stabilisation de la sécurité en fournissant des conseils et une assistance technique en matière (…) de réforme du secteur de la sécurité, (…), de programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants, y compris tous les enfants associés à des forces et groupes armés – programmes assortis d’un volet rapatriement en ce qui concerne les combattants étrangers – et la lutte antimines, notamment la neutralisation des restes explosifs de guerre;
·        Arrêter, en collaboration avec les autorités de transition et en consultation avec la MISCA et les forces françaises, une stratégie générale de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, et concourir à sa mise en œuvre, y compris en apportant une assistance technique et en coordonnant l’appui prêté par les acteurs régionaux et internationaux.
Résolution 2149 du 10 avril 2014
Paragraphe 30 g) Désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement :
i) Aider les autorités de transition à élaborer et à mettre en œuvre une stratégie révisée de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement des ex-combattants et éléments armés pour traduire les nouvelles réalités sur le terrain, tout en accordant une attention particulière aux besoins des enfants associés à des forces et groupes armés, et appuyer le rapatriement des éléments étrangers;
iii) Regrouper et cantonner les combattants, et confisquer et détruire, selon qu’il convient, les armes et munitions de ceux qui refusent de les déposer.
Paragraphe 31 e) :
·        Saisir et collecter les armes et tout matériel connexe transférés en République Centrafricaine en violation des mesures imposées par le paragraphe 54 de la résolution 2127 (2013), les enregistrer et les éliminer selon qu’il conviendra.

De ce qui précède, l’analyse tant de l’esprit et que de la lettre des résolutions des Nations-Unies et principalement du Conseil de Sécurité montrent que la volonté de désarment forcés des groupes armés en Centrafrique ne fait aucun de doute.

Maintenant si, les hommes et les femmes chargés d’accomplir la mission n’y parviennent pas, c’est une autre histoire.

Ceci dit, reprenons les termes du débat.

Madame Myriam DESSABLES nous dit avec froideur n’avoir relevé le désarmement forcé des groupes armés en Centrafrique dans aucune résolution des Nations Unies. Je me demande soit elle n’est pas atteinte d’une myopie. Soit elle est mauvaise foi.

Arrêtons-nous d’abord sur le concept du désarmement c’est-à-dire sa signification. Et il n’y pas une autre possibilité objective que de recourir au dictionnaire.

Le Larousse nous dit que le désarmement est « l’action de désarmer ». Et le verbe désarmer signifie « ôter ses armes à quelqu’un, à un soldat, à un groupe. Priver un pays de tout moyen de défense ou réduire son potentiel militaire ».

Si l’on se réfère au dictionnaire wikipédia, le désarmement est « le processus par lequel un État s’engage à réduire ou à détruire en totalité son parc d’arme à vocation militaire ».

Ce qui nous renvoie à la définition de la notion d’arme. Alors qu’est-ce qu’une arme ? C’est, nous dit encore le Larousse, « tout objet, outil, engin qui sert à attaquer (arme offensive) ou à se défendre (arme défensive) : arme blanche, arme atomique, arme chimique ». Le dictionnaire wikipédia est encore explicite et va plus loin. Il définit le vocable arme comme « un outil (…) destiné dans sa conception ou dans son utilisation à neutraliser, à blesser ou tuer un être vivant, ou à causer une destruction matérielle ».

Ce vocable de désarmement employé dans le contexte centrafricain actuel voudrait dire qu’il faut ôter aux groupes armés leurs armes avec lesquelles ils massacrent les populations civiles.

Ces armes, il y en a de plusieurs sortes. Il convient d’en rappeler quelques unes à madame Myriam DESSABLES au cas où elle les aurait oubliées. Il s’agit donc des armes de guerre (fusils d’assaut de tous genres), des fusils de chasse, fusils artisanaux des armes blanches, des arcs et flèches (cocora en sango)… qui pullulent en RCA et que les milices s’en servent pour assassiner les paisibles citoyens.

Et ces groupes armés porteurs de ces armes sont connus de la MINUSCA. Il s’agit des Sélékas toutes tendances confondues, les Anti-balakas, les autres milices armées telles que le Front Démocratique du Peuple Centrafricain, de la Révolution et Justice, Mouvement de Libération Centrafricaine pour la Justice, l’Union des Forces Républicaines, l’Union des Forces Républiques Fondamentales et tant d’autres encore.

On conviendrait qu’il serait illusoire de demander avec sourire aux lèvres à ces criminels par simple parole d’évangile pérorée par les membres de la MINUSCA : « remettez vos armes ! » Pour preuve, c’est par force que les soldats français de l’opération Sangaris autorisée par l’ONU ont pu commencer au début du mois de décembre 2013 à désarmer les ex-Séléka.

C’est pour cette raison que l’ONU a autorisé le déploiement de 12000 hommes pour s’atteler à cette mission de désarmement forcé. Et la résolution 2149 précitée est très claire comme on peut le constater avec les dispositions du paragraphe 30 g) iii) qui prescrit à la MINUSCA de « Regrouper et cantonner les combattants, et confisquer et détruire, selon qu’il convient, les armes et munitions de ceux qui refusent de les déposer ». Ces dispositions ne signifient-elles pas un désarmement forcé ?

Un peu plus loin, selon les termes du paragraphe 31 e) de la même résolution, il est ordonné à la MINUSCA de « saisir et collecter les armes et tout matériel connexe transférés en République Centrafricaine en violation des mesures imposées par le paragraphe 54 de la résolution 2127 (2013), les enregistrer et les éliminer selon qu’il conviendra ». N’est-ce pas là encore des dispositions relatives à un désarmement forcé de ces groupes armés ou porteurs non autorisé d’armes en Centrafrique ?

Madame Myriam DESSABLES, comprenez que « confisquer et détruire les armes et minutions de ceux qui refusent de les déposer » renvoie à une action de force. « Saisir et collecter les armes, les enregistrer et les éliminer selon qu’il convient » à ceux qui effectuent l’opération a pour corollaire l’idée d’un désarmement forcé.

Madame Myriam DESSABLES nous dit avec un calme olympien qui caractérise les agents de nations-Unies que « le mandat de la MINUSCA, est d’accompagner les stratégies du gouvernement dans le processus du Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement (DDRR) des groupes armés ». Elle a peut-être raison de prime à bord car quand on parcourt l’ensemble des résolutions du Conseil de Sécurité consacrées à la RCA, il est toujours affirmé que le BINUCA, la MISCA et maintenant la MINUSCA doivent apporter leur concours aux autorités centrafricaines de transition dans l’élaboration de la stratégie et la politique de désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement des groupes armés. Qu’à cela ne tienne ! Mais en réalité se sont les experts de la MINUSCA qui sont les véritables acteurs de l’élaboration de cette politique du gouvernement en la matière. Si d’aventure, ils ne l’écrivent pas eux-mêmes, ils tiennent les mains de ceux qui la rédigent. C’est eux qui en définitive, qui valident cette politique de DDRR du gouvernement centrafricain de transition puisque ce sont les Nations-Unies qui in fine financent ces programmes.

Quand on sait que la RCA est un État failli, les locutions concourir, aider, arrêter en collaboration des autorités centrafricaines de transition employées dans les résolutions ne sont que des euphémismes. Ces termes ne sont utilisés que pour laisser un semblant d’indépendance à ce pays qui dans les faits est sous tutelle de l’ONU.

L’analyse des résolutions 2121, 2127, 2134, et 2149 du Conseil de Sécurité ainsi faite a mis en lumière les niaiseries de madame Myriam DESSABLES. Il convient donc d’affirmer avec vigueur que la MINUSCA a mandat de désarmer de force les groupes armés. Ce mandat a eu un commencement d’exécution en début du mois de décembre 2013.

Une comparaison des résolutions du Conseil de Sécurité adoptées pour le cas malien et celui de la République Démocratique du Congo à celles relatives à la RCA montrent la similitude de motivation et de détermination de l’ONU en ce qui concerne le désarment des groupes armés qui sèment la désolation sur le territoire des États fragiles africains.

Ainsi, par la résolution 2100 en date du 25 avril 2013 autorisant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui prévoit en son paragraphe 16 v) « d’aider les autorités de transition maliennes à arrêter et exécuter des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants et de démantèlement des milices et des groupes d’autodéfense, conformément aux objectifs de réconciliation et compte tenu des besoins propres aux enfants démobilisés », le Conseil de Sécurité du Conseil de Sécurité entend lutter contre les groupes armés au Mali.

On retrouve la même détermination dans la résolution 2147 du 28 mars 2014 où il est demandé à la brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo ( MONUSCO) agissant seule ou avec l’aide des forces armées de la République Démocratique du Congo (…) de mener des offensives ciblées et robustes en vue « d’empêcher l’expansion de tous les groupes armés, les neutraliser et les désarmer de façon à contribuer à réduire la menace que constituent les groupes armés pour l’autorité de l’État et la sécurité des civils dans l’est de la République Démocratique du Congo… ».

Cette analyse comparée montre que la RCA n’est pas un cas isolé en matière de désarmement forcé décidé par les Nations-Unies. Chaque fois, en cas de nécessité, le Conseil de Sécurité de Nations-Unies ordonne le désarmement forcé lors de ses missions de maintien de la paix.

Madame Myriam DESSABLES, par sa déclaration tonitruante sus-évoquée nous fait penser à deux choses. Soit, ayant reçu les consignes de sa hiérarchie, elle prépare l’opinion centrafricaine à l’idée que les forces de la MINUSCA ne réaliseront pas leur mandat de désarment forcé. Il faudra alors accentuer les efforts sur les fameuses mesures de confiance. Ce qui est contraire aux textes de résolutions du Conseil de Sécurité.

Soit, elle n’a pas préparé son dossier dans ce cas précis, elle fait une belle bourde. Et l’on est surpris que personne parmi les autorités de transition n’a élevé une protestation ne serait-ce que pour la pure forme par respect des oripeaux d’un État fictivement indépendant. On est aussi étonné qu’aucun homme politique parmi ceux qui ambitionnent d’accéder à la magistrature suprême n’ait réagi. On donne ainsi raison à Wilfried SEBIRO, journaliste à Centrafrique Libre qui avait écrit que « la classe politique centrafricaine est la plus bête du monde ».

Pour revenir à notre chère Myriam DESSABLES, par sa déclaration, elle nous amène dire, bien qu’elle ne soit pas novice à ce poste, puisqu’elle avait dans le passé relativement récent occupé un poste équivalent au sein la Commission Économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA), qu’elle est une bricoleuse suffisante qui a des problèmes de français pour l’interprétation des résolutions du Conseil de Sécurité dont elle porte la parole en Centrafrique. Ce qui est étonnant, car elle vient de Haïti un pays francophone. On comprend très vite que Myriam DESSABLES n’est pas Marie-Cécile AGNANT ou Edwige DANTICAT encore moins Rodney SAINT-ÉLOI, Robert LÉONIDAS et Thélyson ORELIEN auteurs haïtiens qui manient à merveille la langue de MOLIÈRE.

Pourquoi madame Myriam DESSABLES s’est-elle obstinée à dénuer au désarmement des groupes armés de Centrafrique son caractère coercitif ?

Pourquoi madame Myriam DESSABLES s’est-elle entêtée à nier l’évidence qui a été admise par toutes les instances des Nations-Unies en commençant par le Secrétaire Général monsieur Ban KI-MOON d’une part et d’autre part  par les responsables politiques français et d’ailleurs.

Venant d’une ressortissante haïtienne dont le pays a connu des crises sociopolitiques et divers cataclysmes dont le séisme du 12 janvier 2010 avec les conséquences similaires aux évènements que connaît la RCA depuis décembre 2012, cela est surprenant.

Les déclarations émouvantes de madame Myriam DESSABLES à propos du drame haïtien de janvier 2010 me sonnent encore dans les oreilles en écrivant ces lignes.

Madame Myriam DESSABLES a superbement ignoré que, comme les femmes et enfants haïtiens lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010 attendant du secours, les femmes et enfants centrafricains ; veuves et orphelins confondus attendent beaucoup du désarmement forcé préconisé par le Conseil de Sécurité.

Alors, je vais me permettre de l’interroger.

Madame Myriam DESSABLES, avez-vous déjà été violée par un porteur illégal d’arme ? Avez-vous déjà vu votre père ou votre mère être froidement abattu par un brigand d’une milice armée ? Avez-vous déjà vu votre frère ou votre sœur ou encore votre enfant, la tête éclatée sous l’effet d’une balle d’un membre d’une bande armée ? Avez-vous eu un neveu, une nièce, la gorge tranchée d’une arme blanche d’un criminel ?

Enfin, madame Myriam DESSABLES, quelqu’un de votre famille avait-il été atrocement assassiné par les membres de la mouvance Lavalas en Haïti ? Je ne crois pas. Si cela avait été le cas, vous comprendriez mieux que quiconque l’attente des centrafricains exaspérés par les crimes crapuleux des groupes armés dont vous « empêchez » le désarmement forcé prévu par les résolutions des Nations-Unies. Car selon un proverbe, il faut être dans l’eau pour savoir si le poisson pleure.

Toutes ces horreurs vécues au quotidien par les centrafricains avec des maisons en ruine, des vies détruites, je ne vous le souhaite pas, ni à vous ni à votre pire ennemi.

Madame Myriam DESSABLES, les centrafricains veulent la sécurité gage de paix. C’est en cela que les Nations-Unies ont décidé d’envoyer les troupes de la MINUSCA désarmer de force les bandits armés sus-désignés comme elles l’ont fait pour le Mali et la République Démocratique du Congo.

Madame Myriam DESSABLES, le Centrafrique aspire à redevenir la terre d’asile qu’il avait jadis été.

Madame Myriam DESSABLES, le saviez-vous que c’est en havre de paix que le Centrafrique accueillit jadis votre compatriote le père Max DOMINIQUE, prêtre spiritain haïtien qui a été exilé le 15 août 1969 par le dictateur François Duvalier ?

Madame Myriam DESSABLES, le saviez-vous que c’est encore en Centrafrique que votre concitoyen Jean-Bertrand ARISTIDE, Président de Haïti fut renvoyer en exil en février 2004 après sa chute du pouvoir ?

Madame Myriam DESSABLES, le saviez-vous que c’est monsieur Stanislas MOUSSA-KEMBÉ ancien élève du père Max DOMINIQUE au séminaire, à l’époque Directeur de protocole présidentiel et actuellement ambassadeur de son État à Washington qui accueillit le président Jean-Bertrand ARISTIDE avec quelques mots de bienvenue et de réconfort en créole haïtienne appris de ce prêtre ?

Tout ce rappel historique pour vous dire madame Myriam DESSABLES que votre pays Haïti et le mien la RCA ont un parcours historique semé de tragédie. En tant que haïtienne au sein des Nations-Unies vous vous devriez de traiter le problème centrafricain avec opiniâtreté et discernement. Tout comme un centrafricain à votre place, en Haïti, se doit de traiter la question haïtienne avec hardiesse.

Comme vous haïtiens vous chantez « Haïti Chérie », chanson patriotique écrite par Othello BAYARD dont les paroles vous ragaillardissent, nous, centrafricains, souhaitons aussi vivement dans un pays sécurisé, chanter à plein poumon la « Renaissance » notre hymne national pour célébrer la paix et la concorde retrouvées.

Cela ne pourra être possible qu’après un désarmement forcé réussi. Un désarmement forcé mal réalisé est une instabilité sociopolitique garantie pour des décennies avec en conséquence des vies humaines en péril.

Si vous n’avez pas compris cela, madame Myriam DESSABLES, avec tout le respect que je vous dois en tant que personnalité des Nations-Unies, en tant femme et simplement en tant que humain, je vois dis : au diable !

Bernard AZOUDANGAMA

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Un commentaire

  1. C’est pas surprenant ! la MINUSCA n’est qu’une coquille vide pour tromper l’apparence des centrafricains; tous ceux qui travaillent dans ce organe souhaiteraient le prolongement de la crise centrafricaine au mépris de la souffrance du peuple centrafricain. L’équation est que si la crise centrafricaine prend fin, beaucoup parmi les agents de la MINUSCA iront en chômage puisqu’ils travaillent sur la base de Contrat à Durée Déterminée (CDD), il faut trouver des stratégies et des discours pour perdurer la crise en Centrafrique en profitant de gagner le maximum possible le gros salaire et les indemnités; voilà pourquoi cette vilaine réaction de cette vilaine dame qui tire ses origines dans la cupidité. Le peuple centrafricain doit être vigilant pour barrer la route à toute forme de manœuvre dilatoire. Merci et bon courage à mon très chers compatriote Bernard Azoudangama dans l’exercice de son travail qui n’est pas souvent facile dans un pays ou les armes et le sang remplacent la raison.

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