Grand format de J.Gréla

BANGUI DANS LA TOURMENTE DES TIRS ET DES EXPLOSIFS

Le cauchemar recommence.

Après quelques jours d’accalmie rythmés par des discussions du premier ministre Nzapayéké avec des chefs militaires dissidents (anciens FACA) anti-balakas, « prêts à coopérer », et des barricades au PK12 tentant d’empêcher les forces internationales accompagnant un convoi humanitaire à livrer des vivres aux musulmans refugiés, Bangui, qui apprend à reprendre vie et à panser ses plaies, se réveille sous des détonations des explosifs, des roquettes, des grenades et des tirs nourris d’armes automatiques entendus dans les environs de l’aéroport Bangui-Mpoko.

Le samedi dernier, une vaste opération surprise conjointe a conduit la Misca, les militaires français de sangaris  et des policiers dans les quartiers, mouvance anti-balakas à Boy-rabe.  Plusieurs maisons ont été fouillées. Des armes automatiques, des AK-47, des grenades, des armes blanches et de nombreuses munitions ont été saisies et huit personnes arrêtées. Leur coordonnateur autoproclamé, Ngaissona, s’est volatilisé.

En tout les cas, cette opération militaire fait suite au durcissement de ton de la présidente de transition, madame Samba Panza qui déclare « faire la guerre » avec les anti-balakas. Le général Francisco Soriano, chef de Sangaris, lors d’un entretien à RFI a soutenu que « les anti balakas sont des ennemis de la paix », et que les forces internationales allaient devoir renforcer leurs interventions et utiliser désormais la force pour les combattre et les arrêter.

Pourtant dans ce même quartier, ces forces internationales ont essuyé les cris menaçants des habitants : « Cassez-vous ou on va s’occuper de vous » menaçaient-ils.

En réponse aux positions impératives conjointes des deux responsables politique et militaire, les anti-balakas mettraient-il en exécution les menaces proférées auparavant par ces habitants peu ou prou leurs complices et protecteurs ?

Ces explosions et tirs  surviennent, ce mercredi, au lendemain de la visite des parlementaires français conduite par madame Guigou, en Centrafrique, et dans un contexte de tension croissante entre les milices anti-balakas, la Misca et sangaris.

Cette délégation qui accrédite l’engagement de la France de porter l’effectif de 1600 soldats à 2000 soit 400 soldats supplémentaires déployés depuis le début de l’opération sangaris en décembre 2013, a quitté Bangui en fin de l’après-midi pour le Tchad. Elle s’est entretenu avec la présidente de transition qui a eu l’occasion de demander à « la France de rester jusqu’en 2015 », l’année des élections du nouveau président après Bozizé chassé du pouvoir par la rébellion coalisée séléka en mars 2013 qui a installé Michel Djotodia et plongeant ainsi le pays dans un chaos indescriptible.

Toutefois ces tirs, d’origine indéterminée en début de matinée,  avaient également été entendus dans le quartier de Boy-Rabe, fief des anti-balakas, et vers la sortie nord de la ville, dans les quartiers Gobongo et PK11.

Ils opposeraient des soldats de la Misca à des miliciens anti-balakas retranchés dans des quartiers proches de l’aéroport, selon des sources militaires.

Ces sources militaires impliquées dans les échanges de tirs ont signalé que « des balles ont sifflé près des soldats français qui gardent l’entrée principale de la zone aéroportuaire et qui se sont mis en positon de riposter ».

Les soldats français ont tenté de contenir le mouvement de foule, provoqué par le sifflement des balles et les détonations des armes lourdes, car pour se protéger, ces réfugiés déplacés vivant  dans des tentes jouxtant l’aéroport ont envahi l’aérogare.

Déjà la veille au soir, mardi, des signes provocateurs  s’annonçaient  par les premières barricades érigées sur le boulevard, principal axe, menant à l’aéroport où sont basées les forces de Sangaris et Misca. Des blindés français les ont enlevées à plusieurs reprises, mais dès leur passage terminé des manifestants les réinstallaient, a ajouté cette source militaire de la Misca. A quelques centaines de mètres de l’entrée de l’aéroport, 200 à 300 jeunes hommes dénonçaient avec véhémence l’action des forces française (Sangaris) et africaines (Misca) et la politique des autorités de transition.

A la mi-journée, à Bangui, les forces internationales « progressaient le long du boulevard pour dégager les barricades », a-t-on indiqué de source militaire française. Pour l’heure, ni mort, ni blessé n’ont été signalés.

Selon les militaires ouvrant la route vers l’ouest, tel accrochage, dimanche, avait déjà impliqué miliciens et soldats de la Misca avait alors fait 11 morts dans le village de Cantonnier (ouest), frontalier avec le Cameroun.

Samedi, le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) de Martin Ziguélé a mis en garde les miliciens  des débordements et des exactions contre les populations musulmanes et a de nouveau accusé dans un communiqué l’ex-président F. Bozizé de les «soutenir financièrement et matériellement».

Cette nouvelle flambée de violences a contraint une délégation de haut rang des Nations unies à annuler un déplacement prévu, ce mercredi, dans la ville de Bossangoa à 250 km au nord-ouest de Bangui.

Pendant ce temps, à l’assemblée nationale française, les députés s’apprêtent  à valider le ticket de la prolongation de l’opération sangaris en Centrafrique jusqu’aux élections de 2015, demandée par la présidente de transition, madame Samba Panza.

Quant à sa ministre de l’Information et de la Réconciliation nationale, madame A. Montaigne, elle retrouve, pour un court séjour, ses traces d’ancienne élue conseillère  municipale de Bussy-St-Georges, 25.000 habitants en Seine et Marne(77) où elle raconte à Mytf1 news ses débuts en présence du maire de la dite commune. « Femme très  engagée dans son quartier pour faciliter la vie entre voisins », elle était repérée et avait figuré sur la liste du candidat, actuel maire, monsieur Hugues Rondeau, très fier sa promotion. « Ce n’est pas tous les jours qu’une ville comme la nôtre voit l’un de ses élus devenir ministre. Mais c’est aussi une grande perte pour mon équipe », note-t-il.

C’est une surprise, dit-elle, d’être nommée. « Je n’imaginais pas un jour occuper une fonction ministérielle. Je n’ai, cependant, pas hésité une seconde », a-t-elle poursuivi.

De son époux en France, elle a souligné qu’il connaît son engagement pour son pays. Et lui, bien qu’ « heureux » pour son épouse, n’a en effet pas l’intention de la suivre dans un premier temps, rapporte mytf1 news.

Sur le plan social, elle est pleine d’espoir pour Centrafrique. Malgré la crise profonde, elle trouve que ses compatriotes continuent à sourire et à aider leur prochain et que, selon elle, « c’est un signe d’espoir formidable ».

Sur le plan politique, où tout le monde l’attend, elle préfère, souligne mytf1news, prendre son temps pour analyser et préparer son plan d’action. «Il ne faut pas confondre rapidité et précipitation ». Sa priorité, remettre en état, la radio nationale, moteur et  porteuse du message de la réconciliation.

A Bagneux, le 19/02/2014

Joseph GRÉLA

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