Grand format de J.Gréla

DES RENFORTS QUI PEINENT A ATTERIR EN CENTRAFRIQUE

Depuis le début de l’opération Sangaris en Centrafrique, la France et le secrétaire de l’Onu, Ban Ki-moon, se sont évertués à attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation chaotique et ont demandé l’appui de l’UE en hommes, en matériels, en financement de cette opération pour 6 mois, probablement prolongée jusqu’en 2015, à la demande de la présidente de transition.

Enfin l’UE se réveille. Angela Merkel, la chancelière allemande, la première. Hollande et Merkel ont annoncé officiellement, ce mercredi 19 février, rapporte RFI, qu’une brigade franco-allemande allait être envoyée en Centrafrique pour renforcer la force européenne, sans donner de chiffre. Elle sera chargée de la formation des militaires. L’Allemagne va agir de concert avec la France comme au Mali : « La première chose c’est qu’on a négocié ensemble pour que la mission en Centrafrique soit une mission européenne. C’est important de montrer que dans une crise humanitaire, ce n’est pas que le travail d’un pays, même s’il a des liens historiques forts ; c’est notre responsabilité collective. » 

« Le deuxième point, c’est l’équipement des soldats en Centrafrique. On en a parlé aujourd’hui. Ils sont certes nombreux, mais ils ne sont pas vraiment en mesure d’intervenir. L’Allemagne va là aussi regarder comment elle peut aider. Le troisième point, c’est l’aide logistique. On a déjà fait ça au Mali. »

« Et enfin, le quatrième point c’est la formation. Mais plus que ça, c’est de l’aide humanitaire, c’est une action à long terme. Nous, les Allemands, nous voulons être un partenaire fiable sur une longue durée. C’est ce qu’il faut pour que l’armée malienne puisse défendre son pays seule » assure la chancelière. Un observateur avisé pense que l’Allemagne ne prévoit aucun soutien fort en hommes dans cette opération. Le geste allemand reste humanitaire. Là aussi, elle va regarder comment elle peut aider.

L’EUFOR-RCA à Bangui, pour quand ?

La position de l’Allemagne demeure encore verbale et diffuse. L’action allemande sera-t-elle au rendez-vous de la formation et de l’humanitaire en Centrafrique en même temps que le déploiement de l’Eufor-RCA autour de la mi-mars comme l’a préconisé, le feu vert de l’Union européenne fin janvier dernier ?

La France, « nation-cadre » dans cette opération, vise réunir de l’UE une force allant jusqu’à 500 soldats avec ses partenaires l’Estonie, la Finlande, la Belgique, la Pologne, la Suède et l’Allemagne. « Sa mission consistera à sécuriser le secteur de Bangui et ses populations, notamment l’aéroport M’Poko et les grands axes de la ville », ajoute le correspondant de RFI, « avec l’objectif final de passer le relai à la Misca ». Les soldats de sangaris français et la Misca se déploieront alors sur tout le territoire.

Le général Philippe Pontiès de l’état-major des forces de Marseille (EMF3)  et Parachutiste de formation qui, jusqu’à présent, commande l’une des deux seules structures françaises capables de piloter des interventions militaires de 20 000 hommes, est âgé de 56 ans. Il prendra la tête de l’Eufor-RCA qu’il dirigera depuis la base de Larissa en Grèce. Ce commandement devrait durer environ six mois.

Budapest (Hongrie), pour sa part, « a décidé d’envoyer un contingent d’officiers militaires en Centrafrique dans le cadre du programme de l’Union européenne », a informé son Journal officiel, mercredi, tard dans la soirée. C’est effort hongrois reste insignifiant, vu l’ampleur de la situation encore difficile. «L’armée hongroise participera à l’effort européen avec six officiers (12 en période de relai) en Centrafrique jusqu’au 31 décembre 2014», a annoncé le Journal officiel.

 Centrafrique : « un pays où l’insécurité règne partout. Il n’y a plus d’État. Il y a un gouvernement, mais il n’y a plus d’administration nulle part. Pas d’armée, pas de police, pas de gendarmerie ! Il y a aussi des défis politiques » dixit D. Sassou Nguesso

 Le président Denis Sassou Nguesso, qui a engagé déjà 1000 hommes sur le terrain en Centrafrique, appelle, dans une interview au Figaro, la communauté internationale et l’Onu à augmenter le nombre des soldats à au moins 10 000 hommes contre 6000 actuellement pour être présents dans tout le pays et réussir sa sécurisation. « Ce ne sont pas les soldats qui manquent dans le monde! Il y en a 17.000 actuellement en RDC (République démocratique du Congo), dans le cadre de la Monusco », a-t-il fustigé.

Il a révélé au correspondant du Figaro « que sans argent, ce dernier(Centrafrique) ne pourra rien faire […] Voilà pourquoi, sur ma proposition, les États de la CEEAC ont décidé de donner 100 millions de dollars, en soutien à la Misca  et au gouvernement de transition ».Centrafrique, souhaite-t-il, doit « remonter la pente une marche après l’autre. Tout en relevant les défis sécuritaires et humanitaires – les plus urgents -, il faudra donner les moyens financiers et logistiques de fonctionner au gouvernement de transition ».

Pendant ce temps, les troupes de sangaris se sont installés dans la ville de Bouar, à 450 km environ au nord-ouest de Bangui, sur la route qui rejoint la frontière Camerounaise. Cet axe sert à acheminer les vivres et matières premières par convoi depuis la ville de Garoua au Cameroun vers Bangui, la capitale centrafricaine.

Un convoi du PAM en route vers Bangui : défi humanitaire

Selon le commandant de ce contingent, une des missions des soldats français consiste à sécuriser la ville, à inspecter les lieux. Ils patrouillent, interrogent les suspects, procèdent à des fouilles, saisissent des couteaux de chasse, poignards, sagaies, arcs, mais aussi des fusils, kalachnikovs, mitrailleuses, pistolets de différents calibres et les détruisent. Voire, des obus de mortier, des lance-roquettes et des grenades.

Bouar, voie unique reliant le Cameroun à Bangui étant sécurisée, les convois humanitaires de plusieurs dizaines de camions en sursis à la frontière peuvent enfin circuler, ce mardi 18 février. Le long de cette route qui mène à Bangui, les forces françaises Sangaris et africaines de la Misca sont présents et dans les principales villes pour assurer la sécurité du trajet.

« C’est la Misca qui dit où on doit s’arrêter », explique l’un des chauffeurs routiers d’un convoi lors d’une pause à Bouar. Environ une cinquantaine de camions ont pris la route sous escorte rwandaise et camerounaise. Ils tractent des containers, des remorques bâchées ou encore des citernes.

En tête du convoi, figurent une douzaine d’engins du PAM (Programme Alimentaire Mondial), les premiers à rouler sur cet axe depuis le 6 février. « Ce sont des véhicules tout terrain qui pourront aller dans les villes de province même pendant la saison des pluies », explique-t-on au PAM.

Lors de leur voyage, les soldats de la Misca et les convois sont la cible de nombreuses attaques. Ils sont également amenés à protéger les civils qui fuient les violences, et le long du trajet. Selon les chauffeurs routiers, ces provocations se résolvent, soit par des échanges souvent verbaux fermes,  soit par l’utilisation de la force. Ce que condamne le général Joseph Nzambawita, porte-parole du ministère rwandais de la Défense. « A cause de l’insécurité, la ville de Bangui est asphyxiée. Les agences humanitaires sont à court de ravitaillement. Donc quand nous avons été déployés en Centrafrique, nous avons été les premiers à ouvrir le corridor, la route pour permettre le ravitaillement. Nous devons nous battre tout au long de la route contre les groupes armés pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. Et sur ce dernier voyage, il était clair pour nous que l’objectif des groupes armés était à la fois d’empêcher l’arrivée de l’aide alimentaire à Bangui, mais aussi d’attaquer les civils. Sur la route, nous avons été amenés à sauver des civils qui étaient sous le feu de ces groupes armés. Nous avons été attaqués jusqu’à la frontière. Mais nous avons réussi à sauver jusqu’à 2 000 civils. » a déclaré le porte parole, ce 17 février à REUTERS sur RFI.

Le convoi atteindra Bangui finalement, mercredi 19 février au soir de l’accalmie précaire suite aux détonations sourdes de mortiers, aux tirs nourris des armes légères entendues dans la matinée. Bangui, où les prix ont flambé ces derniers jours en raison du manque de ravitaillement.

Les origines des tirs et explosifs à Bangui ce mercredi.

« Il y a eu d’abord, dans la nuit, l’arrivée d’un convoi de militaires tchadiens. Ce convoi visait à évacuer, au petit matin, plusieurs centaines de ressortissants tchadiens qui étaient toujours dans un centre de transit, près de l’aéroport. Pour éviter tout incident, la Misca avait décidé de l’escorter », raconte le correspondant de RFI

Le général Tumenta Chomu, chef d’état-major de la Misca qui a, lui-même, pris la tête des opérations déclare au micro du journaliste de RFI : « Je me suis fait renforcer par deux éléments blindés du détachement burundais qui nous ont donc ouvert la route. Arrivés au niveau du PK10, nous nous sommes heurtés à un barrage qui venait d’être mis en place. En nous rendant compte que nous pouvions être embusqués, j’ai moi-même ordonné les tirs de dissuasion par les engins blindés armés ».

Les militaires tchadiens ont eux aussi tiré en l’air. Le convoi a pu repartir sans encombre. La Misca a précisé que « Ce sont juste des criminels ». Les échanges de tirs se sont fait entendre jusque dans l’après-midi.

« Je veux aller au Tchad, où ils acceptent les musulmans »

L’évacuation des Tchadiens de Centrafrique est terminée, selon le chef du gouvernement tchadien. Environ 72 000 tchadiens, d’autres nationalités, dont des musulmans centrafricains ont quitté le territoire centrafricain. Beaucoup ont réussi à rentrer au Tchad parfois, par leurs propres moyens ou par le pont aérien de leur gouvernement. Une occasion pour le Tchad de rappeler qu’il ne saurait tolérer des agressions contre ses concitoyens.

A Bagneux, le 21/02/2014

Joseph GRÉLA

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page