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LA SELEKA : LA GRENOUILLE QUI VEUT ÊTRE AUSSI GROSSE QUE LE BŒUF

Dans une tribune datée du mois de décembre dernier sur le site de Centrafrique-presse, je faisais remarquer que la rébellion armée était une vraie fausse alternative au régime de Bozize. Et pour justifier mon propos j’ai dit très exactement ceci au sujet de Séléka: «  Pas de ligne politique conceptualisée, ni structurée, pas d’idéologie claire et cohérente, pas de revendications précises. Tout cela finit par convaincre que Séléka, dans sa forme actuelle, n’est pas et ne peut pas être une alternance crédible au régime de Bozize. Il n’est pas fait pour accéder au pouvoir, ni gérer la République centrafricaine. Quand bien même le voulait-il, en a-t-il seulement les moyens intellectuels et humains ? C’est encore un aventurisme rampant qui s’annonce avec ses grands sabots et qui  ne peut hélas que déboucher sur un cauchemar encore plus grand propulsant la République Centrafricaine dans le gouffre sans fond au bord duquel elle se cramponne  désespérément. L’enfer est pavé de bonnes intentions.

L’histoire récente de notre pays ne cesse de nous enseigner. On peut arriver au pouvoir par les armes en évinçant un Président de la République démocratiquement élu. On peut même cafouiller pour conserver le pouvoir par des moyens pseudo-démocratiques. Cela n’empêche pas le peuple de vous jeter dans la poubelle de l’histoire dès la première occasion venue ».

Les faits m’ont hélas donné raison trop rapidement. A peine arrivée au pouvoir, voilà que la Séléka est déjà vomie par le peuple centrafricain tout entier. Les jeunes de tous les arrondissements de Bangui se battent comme ils peuvent contre l’invasion des braqueurs, des assassins, des voleurs, des pilleurs et des violeurs. C’est maintenant qu’ils découvrent la sociologie de Bangui. Boy-Rabé, Foû, Gobongo, Miskine, Km5 ont toujours été frondeuses. Ce sont des quartiers « rouges ». L’empereur Bokassa en a fait l’amère expérience à la fin de son règne. Même le RDC en sait quelque chose, notamment le Ministre d’Etat Dieudonné Wazoua, Robert Ngoki et moi-même qui étions chargés d’animer le parti dans ce secteur des 4ème et 8ème arrondissement.

La Séléka est contestée au plan international, snobée royalement par les partenaires traditionnels que sont la France et l’Union européenne, condamnée par l’ONU et l’UA.

Les leaders de la Séléka ne se sont jamais posé une question simple de bon sens: en amenant tous leurs combattants à Bangui, comment allaient-ils les payer, les nourrir, les loger, les habiller ? Maintenant, on apprend qu’ils n’ont pas le moindre copeck pour les payer. Peut-être comptaient-ils secrètement sur le trésor public. Mais comme le trésor est vide, tout le monde se retrouve le bec dans l’eau.

Maintenant il faut bien sécuriser le pays, payer les fonctionnaires, ouvrir les écoles et les hôpitaux, redémarrer l’économie, indemniser les victimes, etc. Surtout, il faut désarmer et encaserner leurs propres éléments. Tout cela semble hors de la capacité objective de tous ces « hercules aux pieds d’argile », que dis-je de tous « ces tigres en papier ».

Aujourd’hui, même le Général Dafhane reconnaît avec candeur qu’ils n’ont pas d’autorité sur les éléments parce que ceux-ci proviendraient de plusieurs factions différentes. C’est grave ! S’ils ne sont pas capables de contrôler des énergumènes qu’ils ont eux-mêmes sortis de la brousse comment comptaient-ils diriger un pays aussi complexe que la République centrafricaine ?

Entre la peste et le choléra : un choix impossible pour le peuple centrafricain

Nous étions tous heureux de voir Bozize prendre la poudre d’escampette. Nous sommes aujourd’hui tous groggys de savoir que c’est la Séléka qui a pris les rênes du pouvoir. Le peuple centrafricain est aujourd’hui confronté à un choix pour le moins impossible. Entre la peste et le choléra, que doit-il choisir surtout que dans les deux cas, l’issue est la mort ?

 Les démocrates ne doivent pas cautionner cette forfaiture. Les progressistes ne doivent pas admettre l’hypothèse de cette félonie. Les religieux ne doivent pas fermer les yeux sur les braquages des églises en plein jour. Les syndicats, les fonctionnaires, les ouvriers, les paysans, les étudiants, les élèves ne doivent pas admettre de voir leur pays devenir la jungle où l’on vient de partout pour y satisfaire de grossiers besoins. Les défenseurs des droits de l’homme ne doivent pas être complices des viols, des assassinats, des pillages de notre peuple. Le sang des centrafricains a beaucoup coulé. Les larmes des centrafricaines ne sèchent plus. La tristesse, la désolation, la peur sont le lot quotidien de tout le monde. Nous saurons avoir, de la mémoire des éléphants, pour nous souvenir des responsables de ces catastrophes qui s’abattent sur nous.

Nous devons nous mobiliser pour dire stop : « Touche pas à ma constitution ». Le peuple centrafricain est majoritaire sur son territoire. Il a le droit de regard sur son pétrole, son uranium, son diamant, son or, etc. que sais-je encore que certains veulent hypothéquer dans le seul intérêt des commanditaires tapis dans l’ombre.

Toute la stratégie de l’opposition politique, si on peut encore parler de l’opposition car je ne sais plus qui est majorité et qui est opposition, de la société civile, bref des forces vives de la nation, consistera à résoudre cette seule et unique quadrature du cercle : Soutenir le principe de l’unité nationale et se démarquer de toutes les nombreuses atteintes aux droits de l’homme pour ne pas paraître comme complices de toutes les exactions que subit aujourd’hui notre peuple et se poser en alternative crédible, pour donner de l’espoir au peuple centrafricain martyrisé. C’est maintenant que les choses sérieuses doivent commencer ! Il faut inverser le rapport de forces. L’avenir de la République centrafricaine dépend de l’engagement de chaque fils et fille du pays.

Que Dieu bénisse la République centrafricaine !

Alain Lamessi

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