Chronique de GJK

CHRONIQUE DE GJK : S’AGIT-IL DE POLITIQUE FICTION OU D’ENTENTE FACTICE ?

Par GJK

« Vraiment déroutant tout ça ! »

C’est en ces quatre mots qu’un ami de mes connaissances, militant des premières heures du Parti pour la renaissance centrafricaine (PARC) – la formation politique créée par le professeur Gaston Mandata Nguerekata et de laquelle il s’est mis en congé, a préféré conclure brusquement sans me dire au revoir avant de raccrocher, la conversation que nous avions engagée environ 15 minutes plus tôt au téléphone.

« Vraiment déroutant », ai-je repris plusieurs fois en écho tout seul, au point de susciter un « papa !» assourdissant et sec de ma fille qui se trouvait de l’autre côté du mur, et qui a cru un moment que je lui parlais. Je dus me ressaisir, et courus m’asseoir à nouveau devant mon ordinateur pour me convaincre que j’avais bien vu et lu l’information que j’étais le premier à porter à la connaissance de cet ami.

Curieusement, l’article intitulé « Quatre candidats à la Présidentielle se mettent ensemble » publié par un webjournal centrafricain, ne se trouvait plus à l’endroit même où je l’avais vu et lu sur le réseau « facebook ». Il a fallu attendre 24 heures plus tard pour que le même post réapparaisse dans un autre journal et sous une autre signature. Que s’était-il passé entre temps ? Mystère. Bref, ce fut mon ami du PARC une fois de plus qui, remis de ses émotions, m’appela pour poursuivre les échanges interrompus la veille au sujet de cette « alliance » surprenante et incongrue des quatre candidats à la présidentielle.

La première surprise tient précisément à la personnalité et au crédit que les Centrafricains accordent à chacun des quatre « associés » : le professeur Nguerekata qui se veut « l’homme de la renaissance », et grand bâtisseur de la nouvelle Centrafrique ; Mboli-Goumba le Ministre d’Etat Séléka et « jeune loup » à la réputation sulfureuse ; Willibiro-Sacko, grand commis de l’Etat jamais responsable moralement et toujours sorti indemne des multiples « accidents » de parcours et autres griefs reprochés à tous les régimes dictatoriaux qu’il a servis loyalement et fidèlement ; Bendounga, le seul opposant politique centrafricain, capable de s’opposer à sa propre personne. Le reste se passe de commentaires.

Sauf à dire que chacun a le droit de choisir librement ses amis en humanité ou en politique, et sans présumer des intentions réelles, individuelles et collectives qui sous-tendent ce « regroupement », osons admettre que par rapport à tous les trois autres, la posture personnelle du professeur Nguerekata paraît ici aussi incompréhensible que déroutante. Le « kota guira » grand baobab, entend-il donner de l’ombre ou faire de l’ombre aux autres ? Les « autres », avouons–le, n’espèrent-ils pas ainsi reprendre du souffle et se régénérer ? A chacun sa libre interprétation.

Ceci dit, le lecteur attentif a remarqué aisément que par précaution justifiée, je me suis senti obligé d’utiliser à la fois les substantifs « alliance », « associés » et « regroupement », pour désigner ce «G4 ». A juste titre.

En effet, et c’est là une autre mauvaise surprise, ni le professeur Nguerekata, ni Willibiro-Sacko, ni Mboli-Goumba, moins encore Bendounga dont on n’a pas entendu la déclaration, ne semble maîtriser la forme, le but et les objectifs du « club des quatre » qu’il ont voulu présenter aux Centrafricains en convoquant cette conférence de presse.

Quand Gaston Nguerekata brandit sa notion difficilement maîtrisable de « plate forme informelle », parle ensuite de « directoire politique » et explique par ailleurs qu’il veut rompre avec sa marche solitaire, Willibiro-Sacko quant à lui, ne trouve pas mieux que d’embrouiller les Centrafricains avec son histoire de « nous sommes réunis dans l’indépendance » ; pour sa part, Mboli-Goumba le juriste, utilise le mot « concertation » pour nommer la rencontre des quatre, tout en renvoyant « paître » ceux qui veulent y voir un rapprochement. Quelle incroyable contorsion cérébrale suis-je tenté de dire!

Mais très clairement, de quoi veut-on nous parler ?

Personnellement, j’estime comme plus d’un compatriote, que la crise que traverse notre pays est une affaire très sérieuse pour que des politiques qui mériteraient notre respect, puissent ainsi la banaliser ! Mieux, ces quatre candidats à la présidentielle comme ils aiment à se désigner, avaient–il vraiment besoin de cette conférence de presse pour venir pérorer inutilement et exposer publiquement, leurs particularités, leurs individualités et leurs personnalités si différentes, qu’ils entendent enfin « rassembler » – tout en gardant leur totale indépendance -, à l’intérieur d’une structure qui se veut informelle? D’ailleurs, que signifie au fond cette « plate-forme informelle » à laquelle l’on trouve si insidieusement et en même temps une si « belle forme » ? En outre, n’est-ce pas que toute concertation politique qui se veut un tant soi peu sérieuse, est appelée à s’organiser dans un cadre soumis à un minimum de discipline et de règles, fussent-elles non écrites.

Qu’il me soit permis simplement de dire et de le rappeler haut et fort ici, que la politique, c’est d’abord et avant tout, une question d’engagement et surtout de RESPONSABILITÉ. Dès lors, pourquoi nos quatre candidats, évitent–ils d’assumer pleinement leur volonté de se retrouver dans un regroupement normal ? Plus est, en matière de regroupement politique, deux configurations organisationnelles sont généralement admises : d’une part l’alliance qui est un cadre systémique et stratégique tant qu’elle s’inscrit dans la durée ; d’autre part, la coalition qui est un cadre tactique et thématique, une configuration transactionnelle et opérationnelle des groupes politiques.

Où se situent alors le regroupement politique que veulent former les quatre ? S’agit-il ici d’une entente factice, ou sommes-nous en train d’assister à la projection du premier épisode d’un feuilleton de politique fiction écrit à la truelle ? Pour tout dire, le professeur Nguerekata, Willibiro-Sacko, Mboli-Goumba et Bendounga, ne viennent–il pas ainsi de montrer au grand jour – une fois de plus malheureusement -, les limites du politique centrafricain ? Pourront-ils encore rectifier le tir ?

Qu’à cela ne tienne, l’erreur est politique. Mais en politique, persévérer dans l’erreur est mortel. Et si mon conseil était requis, je dirais simplement que puisqu’il ne s’agit ici que d’une simple juxtaposition des individualités et des personnalités qui n’entendent rien céder de leur indépendance, inutile d’insister car cela n’a ni sens ni avenir ! Que cette première conférence de presse soit donc aussi la dernière.

Vraiment déroutant tout ça !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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