Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : CENTRAFRIQUE – JE SENS ENCORE L’ODEUR DES MORTS

Besoin d’une aide et d’une protection militaire forte

Les Séléka se concentrent davantage sur des actes de tueries, de pillages, visant diverses couches de la population, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées, dans les villages, en totale impunité, à l’extérieur de la capitale et hors de portée de la Misca et des sangaris.

La pléiade de leurs cruautés se décline ces derniers jours, de la manière suivante : au moins 20 personnes tuées près de Markounda et 55 autres vers Paoua, 30 personnes tuées et une dizaine dans la localité de Mala, près de 10 villages autour de Markounda entre mercredi et vendredi ont été attaqués et brûlés ainsi que plus de 40 villages près de Paoua, à la frontière tchadienne, 22 personnes massacrées, dont trois membres de Médecins sans frontières, Bouca attaqué, puis deux autres villages, faisant au moins six morts… Des attaques des hôpitaux, des lieux de cultes. Aucun respect de ce qui vit, de ce qui bouge. La liste des atrocités est longue et interminable. « Un nombre incalculable de personnes vivent dans la brousse dans des tentes fabriquées à partir d’arbustes et de feuilles, et sans accès à la nourriture ni à l’eau » révèle le rapport des droits de l’homme. Et maintenant les forces de maintien de paix.

Sangaris, au pied du mur, se défend

Les Seleka qui mènent des attaques délibérément à grande échelle contre des civils non armés dans les villages semblent ne reculer devant aucun obstacle, ni danger. Dans ce contexte, rapporte la presse internationale dont  Le Monde.fr avec AFP et Reuters ce 06 mai 2014, que des combats ont opposé, lundi 5 mai dans le nord-ouest de la Centrafrique, un détachement de la force française Sangaris, «attaqué par un groupe armé important, d’une quarantaine d’individus, engagés dans un raid sur une route provenant du nord de la RCA et allant en direction du village de Boguila », a précisé un porte-parole de l’état-major à Paris. Ce groupe, composé d’une grosse quarantaine d’hommes montés sur deux pick-up et quinze motos, était lourdement armé. Le combat a duré trois heures. « Ce fut très violent », a-t-on expliqué au ministère de la Défense français, par Tanguy Berthemet dans le Figaro de ce lundi 05 mai.

Les affrontements se sont produits à environ 450 km au nord-ouest de Bangui alors qu’une compagnie renforcée française et un détachement des forces africaines menaient une mission de reconnaissance entre Bossangoa et Paoua.

Un nouveau raid meurtrier était en préparation

Selon plusieurs sources, ce groupe serait celui qui, le 26 avril, avait attaqué l’hôpital de Boguila, théâtre depuis deux semaines d’attaques de groupes armés proches des Séléka, rébellion majoritairement musulmane. «Un nouveau raid meurtrier était en préparation», a assuré une source militaire. Les soldats du groupement tactique interarmées Dragon, engagés dans Sangaris s’étaient déployés pour protéger la ville et barrer la route à ce groupe. C’est ainsi qu’arrivés à hauteur de la commune, les éléments de sangaris « ont alors eu des renseignements sur un mouvement d’une colonne de groupes armées », a affirmé le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major à la Libération de ce mardi 06 mai.

 Sangaris affronte les rebelles seleka : Légitime défense

Le colonel Damien Wallaert, joint mardi soir par RFI, publié par Press Afrik et Figaro, a expliqué les circonstances de l’affrontement : « Nous nous sommes mis en protection au nord-ouest de la ville et quand la colonne est arrivée, l’un de nos soldats s’est mis en travers de la route. Nous avons matérialisé un barrage, pour leur indiquer de stopper, par des gestes », a-t-il décrit. Ensuite, il y a eu « un tir de sommation » de la part des Français « puis, ce sont eux qui ont riposté et nous avons engagé le combat » a poursuivi le colonel Wallaert. La colonne ennemie a immédiatement engagé le combat «pour s’emparer de notre position», a raconté le colonel Jaron, refusant, pour raisons de sécurité, de préciser les effectifs français engagés dans cette opération. «Face à l’agressivité de cet adversaire, la force française a eu recours à de l’armement lourd, mortiers, missiles antichars. Il y a eu un appui aérien d’avions de chasse venus de N’Djamena», pour prendre le dessus, selon une source militaire au transmis au quotidien. « Au moins un des deux pick-up et quasiment toutes les motos » des miliciens ont été détruits et de l’armement lourd a été récupéré. Il n’y a, pour le moment, « pas encore d’évaluation complète » du nombre de miliciens tués ou blessés. Mais le Figaro fait état d’un bilan lourd, entre 10 et 15 insurgés ont perdu la vie du côté des rebelles qui ont finalement profité de la nuit tombante et de la végétation dense pour rompre et s’exfiltrer. Il n’y a pas eu de blessé côté français, selon les sources militaires à l’Afriqunfos, La Presse.ca avec AFP ce mardi 6 mai 2014.

La nuit a été calme ensuite et les soldats de Sangaris ont procédé à des patrouilles dans cette zone difficile d’accès, où la Misca était absente et où des exactions ont été rapportées, attribuées à la rébellion Séléka et à des Peuls armés.

Un cent jours de transition gout d’amertume

Une femme se posait en «maman» rassembleuse. Mais la vague d’espoir soulevé a cédé au désenchantement de nombreux Centrafricains. On note la persistance de l’insécurité, violences intercommunautaires, absence de redémarrage économique. « Cent jours. Et toujours la peur », a constaté Laurent Correau de RFI ce 07 mai 2014. Partout les populations ont fui des combats entre Seleka et anti-balaka en allant se réfugier en brousse. « D’anciens éléments de la Seleka et des éleveurs peuls ont semé le chaos sur leur route ces derniers jours, incendiant les villages, tuant des civils, poussant les populations à tout abandonner » a poursuivi le correspondant de RFI.

Le nombre de déplacés évalué actuellement à Bangui est de 160 000, répartis sur 43 sites. Beaucoup de ces déplacés n’envisagent pas de retour chez eux à court terme, ont indiqué les enquêtes réalisées mensuellement par l’Organisation internationale des migrations. Selon RFI, « l’Histoire retiendra sans doute de ces cent premiers jours de Catherine Samba-Panza la vague de violence qui a frappé la communauté musulmane en dépit de ses appels au calme et à la réconciliation », le long exode vers le Tchad et le Cameroun et ceux qui ont fait le choix de rester sont assiégés dans le quartier du kilomètre 5 à Bangui.

Dans le discours qu’elle a prononcé ce mardi 06 mai dans l’enceinte du CNT, Catherine Samba-Panza « a patiemment énumérés » tous les reproches faits à son bilan: situation sécuritaire, prolifération des armes, risque de partition du pays, impunité, non reprise économique, poursuite des trafics… Mais elle n’a pas cherché à y répondre. « Sur l’ensemble de ces critiques, s’est-elle contentée de dire, des réponses appropriées seront apportées, je vous l’assure », ont relevé les journaux avec l’AFP et RFI.

Deux annonces, toutefois, pour les critiques les plus directes, celles qui concernent la constitution de l’exécutif, gouvernement et cabinet. Elle était accusée d’avoir privilégié des proches, ou des natifs de sa région, et plus généralement d’avoir accumulé les erreurs de recrutement. Elle a précisé qu’elle procéderait à une refonte du cabinet présidentiel et que le gouvernement serait réaménagé pour être « plus inclusif et plus représentatif ». Il ne s’agirait plus de technocrates mais d’un réaménagement de l’exécutif

On est revenu à l’état pré-Séléka

À Bangui, le général Dhaffane Mohamed Moussa, l’un des responsables actuels de la Séléka, a condamné l’accrochage : «Nous avons toujours dit qu’il fallait respecter les forces internationales. Ce ne sont pas des Séléka qui se sont battus ni qui ont tué des civils», ce jour 07 mai dans le Figaro, a mentionné Tanguy Berthemet. Or dans les faits, les Séléka ont explosé depuis le départ du pouvoir de leur président, Djotodia. «On est revenu à l’état pré-Séléka », a tenu à expliquer un chef politique du groupe. Les séléka, «Alliance» ou union de plusieurs rébellions longtemps antagonistes ont repris leur liberté comme auparavant. On y trouve des plus enclins à discuter avec Bangui et une aile dure de militaires revanchards.

C’est la raison pour laquelle Paris redoute que ces derniers, qui se réarmeraient notamment au Soudan, relancent les violences. «L’accrochage de lundi, et sa violence, n’est peut-être pas un hasard. La France envoie là un message aux Séléka pour dire qu’il n’y a pas d’issue possible dans la confrontation», a affirmé un militaire africain au Figaro.

Seleka, Tous à Ndélé pour une grande réunion
Un Congrès re-constitufif, une renaissance

« L’affrontement [entre les sangaris et les seleka], arrive par ailleurs à un moment clé », a commenté le journaliste. Ce mercredi 07 mai 2014 a commencé à N’délé un congrès de deux ou trois jours de la Séléka pour définir l’avenir du mouvement. La plupart des chefs ont du s’y rendre ainsi que Désiré Kolingba, candidat malheureux à la présidence par intérim contre Catherine Samba-Panza, a précisé le journal Figaro en ligne. Ce « rassemblement qui inquiète la population certaines sources soutiennent que ces ex rebelles serraient en train de préparer une nouvelle attaque sur Bangui », a constaté le Réseau des Journalistes des Droits de l’Homme du mardi 06 mai. Mahomed Moussa Dhaffane a démenti et a réfuté la thèse d’un projet d’attaque sur Bangui. «Il y a eu trop de désordres au sein de la Séléka que nous voulons arrêter. Et le but de ce congrès est de définir une nouvelle politique commune à laquelle tous les membres de la coalition seront soumis », a rassuré le président de cette ancienne rébellion. Selon lui, tous les délégués des groupes des éléments des Séléka répartis sur l’étendue de la RCA sont déjà présents à Ndélé pour ce congrès. «Ils sont très nombreux et ils occupent pour le moment les bâtiments administratifs abandonnés […] mais une partie de la population a pris peur et s’est enfuie se réfugier en brousse», a signifié source habitante de Ndélé jointe au téléphone par les RJDH. Plusieurs témoins ont assuré que les forces françaises de l’opération Sangaris veillent à la sécurité de la ville. Aucun acte de violence n’est pour le moment enregistré.

Enfin, dans une interview accordée au RJDH, le 1er mai, le Général Mahomed Moussa Dhaffane a affirmé que la volonté des nouveaux leaders des Séléka est de reformer la coalition et de la rendre plus acceptable.

Mercredi 07 mai 2014 : Journée sans medias

Une journée sans média a été observée pour protester contre l’assassinat de deux journalistes Désiré Sayenga, rédacteur au journal Le Démocrate, et René Padou, de la radio Voix de la Grâce, ont rapporté le TJDH et L’Express.fr. Une marche pacifique a été organisée et était partie de la place des nations-unies jusqu’au siège de la MINUSCA, dans le but de dénoncer la passivité du gouvernement et de la communauté internationale face à la tuerie de deux journalistes et l’insécurité persistante dans le pays, a constaté un correspondant de l’AFP.

A titre de rappel, M. Sayenga, blessé par balles et M. Padou, poignardé, tous deux dans la nuit du 29 avril, sont décédés respectivement le lendemain et le lundi 05 mai.

A l’issue de la marche, le président du syndicat a été reçu par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Babacar Gaye, a indiqué l’Express avec AFP.

Reformer la coalition contre qui… ?

Joseph GRÉLA

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