Par Martial ADOUMBOU
C’est le grand débat depuis deux ans. Faut-il réarmer les FACA ? Des milliers de voix s’élèvent, chaque jour, au sein de la communauté centrafricaine pour réclamer le retour et le réarmement des FACA. Certains souhaitent que la transition soit dirigée par un militaire. D’autres croient dur comme fer que grâce aux FACA, la RCA sera capable de s’en sortir, que la sécurité sera rétablie dans tout le pays.
Mais sur quelles bases faisons-nous toutes ces propositions ? Et de quelles FACA parlons-nous ?
La réalité est que nous parlons des FACA qui sous prétexte d’être mal équipé, avaient jeté armes et tenues pour fuir lors de l’entrée des tortionnaires dans Bangui. Nous parlons des hommes qui n’avaient même pas essayé, ni de combattre, ni de résister face à la coalition hétéroclite supervisée par DJOTODIA.
L’ancien Président BOZIZE, Général d’Armée, longtemps gardé par des éléments tchadiens de la garde présidentielle jusqu’en 2012 n’avait pas su bâtir de troupes aussi aguerries pour protéger le territoire de la République. Il a au contraire fortement contribué à leur sous-équipement et à leur décrépitude. Donc les FACA auxquelles nous faisons allusion ne sont ni aguerries, ni prêtes à combattre. Ils ont été affaiblis par des problèmes de coordination et de renseignement, par des problèmes de discipline et d’incompétence au niveau des officiers. Des étoiles avaient été distribuées gratuitement et fortuitement à des officiers qui ne les méritaient pas. Ces mêmes officiers qui ont été les premiers à s’enfuir à pays suite à l’avancée de la séléka (mais BOZIZE méritait-il qu’ils se battent pour sauver son règne et celui de ses enfants ?)
Depuis les mutineries de 1996, notre armée a complètement explosée. Notre pays ne dispose pas d’une Armée capable, ni de ramener la sécurité, ni de défendre notre territoire. Il faudrait être vraiment de mauvaise foi pour affirmer le contraire. Les faits sont évidents, nos militaires ne sont plus entrainés depuis de longs mois au maniement des armes et au combat. Physiquement et psychologiquement ils ne sont pas au point pour combattre. Les conditions de leur vie sont très dégradées. Par ses composantes, notre armée reflète aujourd’hui des milices régionales qu’une Armée centrafricaine. Les contradictions et les doubles de langage de certains soldats, les prises de position idéologiques en faveur ou à l’encontre des hommes politiques, ont fortement miné la crédibilité notre Armée et ne laissent rien présager de bon face à des combats contre les éléments de la séléka.
Comment pouvons-nous, dans ces conditions, faire confiance à une telle armée ? Une armée divisée, non structurée, indisciplinée, devenue couarde et incapable de combattre, sans réelle chaîne de commandement, infiltrée par des éléments incontrôlés de la COCORA, COAC et même de la séléka, composée de mercenaires et autres, comment pouvons-nous lui faire encore confiance ?
En supposant qu’il y ait des militaires engagés avec la volonté et la détermination de sauver la Centrafrique. Alors où sont-ils ? Pourquoi ne brisent-ils pas l’omerta de la grande muette pour se faire entendre, se faire respecter et faire respecter le peuple centrafricain? Où sont-ils nos “valeureux” Généraux, Commandants, Colonels, Officiers de l’Armée centrafricaine ? Pourquoi n’agissent-ils pas pour porter le fer là où apparaît le furoncle ?
Il fut même un temps où le risque de la partition du pays était devenu quasi réel, où étaient-ils ? Pourquoi n’avaient-ils pas réagi? La vie des centrafricaines et des centrafricains tués, violés, mutilés, est-elle moins importante que la leur ?
Dans une phase aussi décisive, où le peuple est bombardé, mitraillé, où le peuple réclame ses Forces Armées, ça répond aux abonnés absents, on ne sait pas ce qui se passe, les vrais militaires ont disparu, ont abandonné leur engagement, ont tourné le dos à la population.
Ainsi, je dis à tous ceux qui crient “Armée au pouvoir” arrêtez de rêver ! L’Armée n’est pas la solution car il nous faudra des années pour reconstruire une Armée Nationale digne, crédible et capable de combattre. J’ai personnellement cru à un moment donné qu’on avait une Armée mais aujourd’hui je me rends à l’évidence : l’Armée n’hésite pas chez nous.
A travers cette réflexion, je veux donner la possibilité à mes compatriotes de faire valoir leurs arguments sur ce sujet précis afin d’éclairer mon intelligence de façon à me rendre moins bête.
Les valeureux et dignes militaires centrafricains à vous la parole ! Est-ce simplement à cause de l’embargo sur les armes que vous ne pouvez combattre ? Dites-nous vos arguments !
Martial ADOUMBOU
Commentaires
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Votre analyse est pertinente. Mais en donnant les moyens à nos soldats qui sont capable de relever notre pays au plan militaire et sécuritaire.
C’est vrai, le seul problème c’est l’équipement. Une armée a besoin d’être équipées et les entrainements suivront. Ils sont capables. Ils l’ont démontré quand on leur a donné des moyens. C’est l’armée centrafricaine qui a mis hors d’état de nuire la clique de Babaladé.