RCA: INTRIGUE PASSIONNANTE AUTOUR DE LA NOMINATION DU NOUVEAU PREMIER MINISTRE
Décidément, la Centrafrique caracole dans les ouï-dire, les intrigues, la désinformation, les manifestations à deux balles, les stéréotypes et les faux débats. A première vue, on a l’impression que ces fourmillements de système se normalisent au fur et à mesure dans l’environnement sociétal et ils empêchent les Centrafricains de placer la main en visière en vue de scruter l’avenir de leur pays.
Bien que les autorités de Bangui soient déterminées à faire feu de tout bois pour sortir le pays de l’ornière, il est impérieux de reconnaître qu’elles restent toujours droit dans leurs bottes lorsqu’il faut prendre une décision capitale qui engage nécessairement l’avenir du pays. Une telle attitude s’explique peut être par le fait que chaque personnalité centrafricaine voit sans aucun doute minuit à sa porte.
Pire, l’agenda caché de certaines personnalités confine la transition dans un mouchoir de poche et entraine indéniablement le pays dans une impasse excessive. Avouons-le, la Centrafrique vibre depuis quelques jours au rythme d’un débat houleux sur le probable remplacement de l’actuel Premier ministre André Nzapayéké par Karim Meckassoua.
Le débat a véritablement défrayé la chronique des quotidiens centrafricains et a fait couler beaucoup d’encre. Pour ne pas chercher inutilement une aiguille dans une botte de foin, il serait souhaitable que ce débat soit clairement posé.
Il faudrait souligner que la candidature de Karim Méckassoua au poste de Premier Ministre serait suggérée à la Présidente Samba-Panza par la Communauté Internationale. De cette suggestion, plusieurs faits intrigants retiennent notre attention.
Il est à relever que des messages d’appel à la mobilisation contre la nomination de Karim Meckassoua ont été envoyés par certaines personnes sur les téléphones portables à Bangui et à l’extérieur. A cela s’ajoute la manifestation d’une poignée d’organisations féminines contre la dite nomination, devant le siège de la Minusca. Il semblerait que des billets de banque ont été distribués ça et là pour que la machine des stéréotypes puisse remplir ses cahiers de charge.
Par ailleurs, tous les contestataires refusent que le nouveau Premier Ministre soit nommé sur la base d’une appartenance religieuse. Il semble même que le médiateur Sassou Nguessou avait émis le vœu que le choix du nouveau chef d’orchestre soit plutôt fait sur la base de sa compétence.
Faille-t-il parler d’une appartenance religieuse lorsqu’une compétence distinctive comme Méckassoua soit pressenti pour occuper le poste de Premier Ministre ?
La compétence de Meckassoua fait-elle désormais l’objet d’une remise en cause dans le paysage politique centrafricain?
Qu’adviendra t-il si Samba-Panza le nomme Premier Ministre en remplacement de Nzapayéké ?
La Présidente rechignera-t-elle à le nommer quand bien même son choix pourrait décrisper la situation et entrainer le pays vers une solution négociée ?
Doit-on comprendre que certaines compatriotes se révolteront pour la simple raison que l’éventuel nouveau Premier Ministre est musulman ?
A vrai dire, il est grand temps que cette théâtralisation de la vie politique prenne fin. On se souviendra que Léopold Sédar Senghor avait dirigé le Sénégal pendant plus de 20 ans alors qu’il est issu de la minorité chrétienne qui représentait autrefois à peine 5% de la population.
Somme toute, l’histoire démontre à suffisance que le potentiel Premier Ministre a occupé des hautes fonctions de l’état par le passé. Ce qui reviendrait à dire qu’il maîtrise les rouages de l’administration et sa nomination pourrait impulser une nouvelle dynamique dans le processus de la transition en cours.
L’heure est au sursaut patriotique et c’est pour cela que nous utiliserons les mots contre tous ces maux qui gangrènent encore la société centrafricaine.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE (RJPM)
Chroniqueur, Polémiste
Cf, article du 13 juin 2014 : Centrafrique, une République longtemps clouée au pilori.
Rubrique: Mots contre Maux
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