Mots contre maux de rjpm

RCA- ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE JANVIER 2011: L’INTRANSIGEANCE DU CONSEILLER TECHNIQUE PERMANENT/PROJET D’APPUI AU CYCLE ÉLECTORAL (CTP/PACE)

Suite au premier article titré COUP DE PROJECTEUR SUR LES ÉLECTIONS DE JANVIER 2011 : SCRUTIN PLUTÔT POLITIQUE QUE TECHNIQUE, je vous propose une analyse beaucoup plus étoffée sur l’administration électorale et l’intransigeante implication du CTP/PACE à toutes les étapes du scrutin de 2011.

Peu de temps après sa création en Octobre 2009, la Commission Électorale Indépendante (CEI) fut le théâtre de plusieurs querelles de clocher ayant impacté son fonctionnement alors qu’elle était censée organiser les élections générales au mois de Mai 2010. Dès la mise en place de la Coordination nationale des élections, les états-majors de l’opposition démocratique et des autres partis avaient demandé une recomposition partielle de l’institution. Même son de cloche quelques temps plus tard avec la recomposition des démembrements (Comités Locaux) de la Coordination nationale des élections dans tout le pays. Cette fois ci, les politico-militaires ont emboîté le pas aux entités citées ci-haut. Entre la recomposition de la Coordination nationale des élections et celle des démembrements, le processus était durant un certain temps dans une impasse absolue. La conséquence était presque incalculable. Dès l’abord, la CEI était tenue de soumettre un nouveau chronogramme d’action et un budget ajusté à l’approbation de toutes les forces vives de la nation puisque le combat des gladiateurs, qui tirait toujours en longueur dans l’arène des élections, avait rendu les anciens caducs.

Curieusement, ces bals d’égo et ces guerres de positionnement avaient bloqué le processus pendant plusieurs mois au point de favoriser le report du scrutin de Mai 2010 et le prolongement consensuel de toutes les Institutions de la République y compris le mandat de l’ancien président qui était quasiment à son terme. En un mot, le pays risquait d’entrer dans une période anticonstitutionnelle et il fallait nécessairement que les forces vives de la nation meublent ce vide juridique. A force de jouer les baby-sitters, la Communauté internationale n’avait cure de cette théâtralisation de la vie politique centrafricaine. Mais elle finit par décider de mettre les bouchées doubles par l’entremise du Conseiller Technique Permanent / Projet d’Appui au Cycle Électoral (CTP/PACE) afin de booster le pays vers les élections. A cet effet, la Communauté internationale augmenta son implication d’un cran dans le processus et la CEI fut dépossédée à l’instant même de son indépendance quasi relative. Dès lors, la machine électorale s’était remise en marche sans aucune restriction majeure jusqu’aux élections groupées de Janvier 2011. Lorsque l’on sait qu’une vie sans recours sur soi-même ne vaut pas la peine d’être vécue, il est d’une impérieuse nécessité que l’on fasse de temps en temps une rétrospection afin de répondre aux attentes des esprits inquisiteurs.

Administration électorale.

Puisque la redondance est souvent admise comme une pédagogie adéquate, je réitère que la CEI fut structurée de la manière suivante:

1-  Une Coordination nationale des élections constituée d’un bureau exécutif et de six (6) sous-commissions qui sont en réalité ses organes techniques. Chaque sous-commission était présidée par un représentant des six (6) entités impliquées dans l’organisation des élections. C’est ainsi que la sous-commission finance était présidée par un représentant du pouvoir public, celle de la liste électorale par un membre de l’opposition démocratique, celle de candidature par un représentant des autres partis, la sous-commission sécurité était chapeautée par un politico-militaire, la sous-commission bureau de vote centre de dépouillement par un membre de la société civile et la sous-commission logistique fut présidée par un membre de la majorité présidentielle. En effet, les travaux techniques des sous commissions étaient immédiatement soumis en plénière de la Coordination nationale pour évaluation voire consolidation si possible. D’ailleurs, les textes statutaires sont formels su le fonctionnement de la CEI (cf Code électoral et règlement intérieur).

2-  les démembrements étaient composés des Comités locaux et ils étaient structurés de la même manière que la Coordination nationale des élections. Ces Comités Locaux étaient implantés dans toutes les Sous-préfectures et les arrondissements de Bangui.

3-  les aires opérationnelles étaient composées des agents électoraux à savoir les agents de recensement, de vote et de dépouillement.
Contrairement aux membres des Comités Locaux qui sont assermentés au même titre que ceux de la Coordination nationale des élections, ces agents électoraux sont recrutés pour une mission bien précise.
En plus, le fonctionnement des Comités Locaux se fait de manière cyclique. En d’autres termes, ils sont en activité au moment où les Coordonnateurs sont déployés sur le terrain.
Par ailleurs, plusieurs experts nationaux appuyaient le processus tant au niveau de la coordination que sur le terrain. Il faut avouer que de nombreuses compétences étaient mobilisées pour soutenir techniquement l’organisation du scrutin.

En dehors de cette disposition nationale, la Communauté internationale surveillait de près le processus électoral à travers le Comité de pilotage qui se tenait une fois par semaine dans l’enceinte de BINUCA actuellement Minusca. Dans ce Comité de pilotage, la Communauté internationale était représentée par les Ambassadeurs de France, de l’Union Européenne, des États Unis en Centrafrique, le Représentant de l’Union Africaine et le CTP/PACE. Naturellement, le Bureau de la Coordination nationale des élections et les Représentants des entités impliqués dans la CEI y étaient également conviés. Il est aisé de noter que ce Comité de pilotage passait au peigne fin toutes les étapes du processus et évaluait au passage les risques à venir afin de proposer des solutions idoines. A ce degré d’implication, la Communauté internationale avait une nette visibilité sur le processus. Suite aux orientations du Comité de pilotage, le CTP/PACE s’était employé à appuyer techniquement le processus. Cet organe constituait l’interface entre la Communauté internationale et la CEI. En vérité, il n’avait qu’une mission; celle de diriger le pays vers les élections générales conformément au calendrier électoral de la Communauté internationale. A force que les acteurs impliqués dans le processus électoral nageaient dans la sempiternelle tendance à ajourner et à revenir constamment à une position antérieure, le CTP/PACE décida alors de prendre le taureau par les cornes en vue de poursuivre les objectifs recherchés. Qu’on se le dise, toutes les formations des Commissaires de la Coordinations nationale des élections et les différentes missions du terrain étaient minutieusement préparées par les experts du CTP/PACE. A l’approche de chaque mission, il enchainait en cascade la formation des Commissaires et les orientait par la suite à la base M’Poko pour qu’ils récupèrent leurs matériels électoraux déjà scellés avant de se déployer sur le terrain.

Au regard de tous ces développements, nous devrions nous interroger à haute et intelligible voix : quel était réellement le degré d’implication des différentes entités au sein de la CEI ? A quoi rimaient ces bals d’égo et ces guerres de positionnement ? Ces multiples quiproquos ne démontraient-ils pas à suffisance le manque de maturité politique qui affecte depuis fort longtemps la politicaillerie centrafricaine ? De vous à moi, pensez-vous que ces leaders politiques, qui avaient pris goût du mandat électif, étaient disposés à aller réellement aux élections ? En tout état de cause, les autres questions, je vous laisse le soin de les poser vous-même. Pourquoi certaines entités ne s’étaient-elles pas retirées du processus durant ces moments de trouble institutionnel ? Est-ce parce que les émoluments, les frais de mission et autres étaient très colossaux ? Cette tendance à ajourner et à revenir à une position antérieure étaient-elles une manière de tirer sur le processus en longueur pour profiter au maximum de ces émoluments hyper juteux ? Quoiqu’il en soit, les responsabilités doivent de nos jours être situées. Un Diplomate, qui participait constamment au Comité de pilotage, lâchait autour de lui que la classe politique centrafricaine est très immature et peu convaincante. Selon lui, il suffit de recevoir tour à tour les leaders politiques du pays pour se rendre compte de la manière à laquelle ils se tirent réciproquement dans les pieds. Bien que le CTP/PACE ait tenu réussi en partie son pari, il n’en demeure pas moins que le dépouillement s’était transformé en eau de boudin. Comment est-ce que l’expert béninois qui était recruté pour la circonstance avait-il ficelé les travaux de dépouillement ? Sa technicité était-elle fiable ? A quel niveau sa technique du dépouillement était-elle limitée ? Les hommes politiques centrafricains avaient-ils veillé à cela ? Telles sont les questions que j’aborderai prochainement. Ce qui est sûr, on n’a pas besoin d’une arme ou d’une machette pour aller au tribunal de la raison mais les mots contre tous les maux qui gangrènent notre société.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page