Chronique de GJK

RCA : OÙ ALLONS-NOUS ?

A l’heure où l’actualité en Centrafrique nous convie sans cesse à la réflexion, et nous oblige à nous poser certaines questions fondamentales, c’est autour de trois sujets que je voudrais orienter ma brève analyse.

1-   La durée de validité des critères d’éligibilité à la Présidence de transition 

Moins d’une année après l’élection de Samba-Panza par le Conseil National de Transition (CNT), après avoir satisfait aux 17 conditions posées par cette institution parlementaire provisoire, et déposer les neuf pièces du dossier à fournir pour la validation de sa candidature, on peut se demander où en sommes-nous de ces critères ?

La question qui me vient tout de suite à l’esprit est celle-ci : les conditions posées préalablement à l’élection au poste de Président de la Transition, doivent-elles rester valables tout au long du mandat de Chef de l’Etat, ou alors, sont-elles frappées automatiquement de caducité une fois l’élection proclamée ? Prenons simplement trois exemples parmi les critères d’éligibilité :

Critère N°3 : Avoir une propriété bâtie en République Centrafricaine : A supposer que pour remplir ce critère, quelqu’un s’était arrangé à produire un vrai-faux document pour apporter la preuve de sa propriété bâtie. Si en cours de mandat, la preuve est faite de sa supercherie que faut-il faire ?

Critères N°4 et 5 : Jouir de tous ses droits civiques et d’une bonne moralité. Etre compétent, intègre, crédible, rigoureux, capable d’impulser une dynamique de réconciliation nationale, doté d’un leadership participatif et justifier d’une expérience dans les hautes fonctions politiques, publiques ou privées.

Peut-on se demander si le « bonnemoralitiomètre », « l’integrimomètre » et le « crédiblomètre» du CNT ne se seraient-ils arrêtés depuis l’élection de Samba-Panza en qualité de Présidente de la transition ? Le moins que l’on puisse dire, la RCA est gouvernée aujourd’hui par une Présidente de transition dont la « bonne moralité », l’intégrité et la crédibilité  sont internationalement contestables et contestées.

Critères N°6 : Fournir un certificat médical. Quelle est la validité d’un certificat médical en Centrafrique ? Tout le monde s’accorde actuellement à reconnaître que la RCA, malgré ou à cause de ses nombreuses potentialités, reste soumise à d’énormes convoitises, aux difficultés économiques et financières, aux rébellions et milices, à la pauvreté et à l’instabilité permanentes. Aussi, diriger la Centrafrique est une véritable gageure et un casse-tête de tous les instants. Et ce ne serait faire l’injure à personne – et comme cela se passe sous d’autres cieux -, que de demander à s’assurer régulièrement du bon état physique, mental et psychique de nos dirigeants, dont la conduite et le mode de gouvernance générale oblige si souvent à se poser des questions.

2-   Le moment est-il bien choisi par Samba-Panza pour parler aux Centrafricains du retour des militaires tchadiens en RCA ?

C’est en effet sur le site de Jeune Afrique qu’on peut lire les informations suivantes :

  • « Reçue le 23 septembre à New York par Idriss Déby Itno, le chef de l’État tchadien, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, Catherine Samba-Panza, la présidente centrafricaine par intérim, a réitéré sa demande d’envoi d’un contingent de militaires tchadiens à Bangui pour y assurer sa propre sécurité. »
  • «Le Tchad est disposé à apporter sa contribution pour la constitution d’une nouvelle Armée centrafricaine, dans le domaine de la formation et de l’encadrement», a affirmé le chef de l’Etat, Idriss Déby Itno. »

Et l’hebdomadaire de préciser avec une pointe d’ironie : « Les Tchadiens présenteraient, il est vrai, un double avantage : ne pas être sous pavillon onusien et avoir en la matière une vraie expérience. Ils ont en effet longtemps assuré la protection de l’ex-président François Bozizé. » Et l’on sait où ce dernier se retrouve.

Est-il besoin de faire ressurgir dans l’esprit des centrafricains, à l’heure qu’il est, les mauvais souvenirs que l’évocation du substantif « militaire tchadien » représente pour eux ? En quoi le rétablissement ou le renforcement des relations diplomatiques avec le Tchad – qui ne fait pas partie de la feuille de route de la transition -, changerait-elle la donne en RCA. Encore une fois, et malheureusement, on voit bien que ce sont les intérêts personnels de Samba-Panza qui semblent la préoccuper, au mépris de tout ce que peuvent dire et penser les centrafricains.

Il vaut mieux laisser les cœurs s’apaisés en ce moment, au lieu de vouloir attiser d’autres causes de tension. A moins que cela participe d’une stratégie de la présidence pour rester longtemps au pouvoir ?

3-   Encore et toujours les 10 Millions de dollars angolais

Parcourons ces déclarations de Samba-Panza qui suscitent réactions :

« Nous avons réglé ce problème a affirmé la présidente, indiquant avoir proposé aux deux institutions financières d’envoyer un audit pour venir voir si ces fonds ont été détournés ou mal utilisés »

Samba-Panza qui prononce le mot audit ? Je vous assure, c’est qu’elle est vraiment certaine et rassurée que les gens du FMI et de la Banque mondiale ont décidé de ne plus perdre leur temps ! Volà  pourquoi elle jubile.

« Nous sommes en démocratie et toutes les opinions sont (…) permises et peuvent s’exprimer. Cela dit, j’ai pour principe de laisser les choses mourir de leur propre poison, j’avance. Je me suis engagée avec détermination pour essayer d’apporter ma contribution au relèvement de mon pays, rien ne m’arrêtera », a-t-elle encore affirmé.

Et si le poison des détournements se retournait contre Samba-Panza ? Madame la Présidente de la transition, de ce qui me reste de mes études classiques, je vous dis ceci :  « In cauda venenum ! ».

En plus, quand vous dites « …j’avance…rien ne m’arrêtera » – malgré tout s’entend -, on se demande bien s’il faut bien vous laisser aller, continuer dans la mauvaise direction où vous entraînez les Centrafricains. Il  y’a là en plus un air de procation.

«J’ai besoin qu’au-delà de tout ce qui se raconte, ma population continue à espérer en moi, parce que c’est elle qui m’a permis d’être là où je suis, et je me battrai pour répondre à ses espérances », a-t-elle ajouté. »

Que l’on se comprenne une fois pour toute, car Alexandre Nguendet qui dirige le CNT qui a élu Samba-Panza, ne semble pas de cet avis en déclarant lui-même : « Egalement, je pense qu’il ne sert absolument à rien … les autorités de transition n’étant pas investies par le suffrage universel direct ». (Discours d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année 2014).

A ma connaissance, Madame la Présidente, la population centrafricaine ne vous a jamais permis d’être là où vous êtes, car elle ne vous a jamais élu. Dès lors, une telle déclaration n’est ni plus, ni moins qu’une tentative de manipulation de la vérité.

Enfin, je conclurai en disant qu’après le scandale de tant de millions volés aux Centrafricains, aux veuves et aux orphelins et à tous ceux qui sont morts et souffrent dans ce pays, on peut s’écrier quelle prétention ! Quelle insolence ! Quelle arrogance tiennent coûte que coûte à afficher « des personnes qui jusque-là continuent de jouer à l’autruche, la tête plongée dans le sable et le postérieur totalement dehors ».  Ça, ce n’est pas moi qui l’ai déclaré, mais plutôt « l’autre président » du régime de transition.

Qui a dit qu’il y’a du rififi au sommet de l’état ?

Décidément, la Centrafrique rend fou !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié

De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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