Chronique de GJK

RCA ELECTIONS : DEMAIN EST UN AUTRE TOUR !

Par GJK

Plus de deux semaines après la fermeture des bureaux de vote en RCA, la Cour Constitutionnelle de Transition (CCT) dont c’est l’une des missions essentielles, peine toujours à proclamer les résultats définitifs des élections centrafricaines, expédiées sur commande, et évacuées dans une impréparation grossière mais tolérée. Cette lenteur du dispositif de contrôle judiciaire, risque en effet, de briser l’élan populaire, de neutraliser l’euphorie générale, d’enrayer en définitive, toutes les raisons de la grande mobilisation et de la joie débordante du premier tour. Comme quoi, il ne suffit pas d’aller voter, pour que les institutions recommencent à fonctionner normalement, et que la Centrafrique une fois de plus, se remette à faire rêver.

Les Centrafricains brûlent à présent d’une impatience que ne peut réussir à apaiser, même la certitude d’un processus électoral irréversible, au point d’être invincible. Et si les forces d’inertie qui se sont agitées un moment, n’ont pas osé – la mort dans l’âme -, persister dans leur erreur, ce ne fut pas seulement parce que cela eut été diabolique, mais par-dessus tout, politiquement suicidaire.

Au fond, les Centrafricains sont pressés et même très pressés d’en finir avec une transition épuisée et épuisante. Ils ne rêvent plus que de tourner la page et d’en ouvrir une autre, toute neuve et toute belle. Autant le dire de suite, quelle que soit la surprise ou non que nous réservent les résultats de la CCT, le peuple déjà las des interminables atermoiements, et complètement dégoûté des multiples manœuvres politiciennes qu’on lui impose, n’aura une fois de plus à la bouche, que ces deux seuls mots fétiches: Allons Seulement !
Désormais, c’est là pour chacun, une manière de conjurer le mauvais sort qui pourchasse les Centrafricains, et tient à maintenir à tout prix la Centrafrique, sous le joug des malheurs successifs et des tribulations répétées.

Aussi, tout en essayant d’intégrer les résultats fournis par l’Autorité Nationale des Elections (ANE) – ce qui est un bien moindre mal -, il convient néanmoins d’admettre – scénario peu probable -, qu’avec ou sans Touadéra et Dologuélé, « demain est un autre tour » et le duel des finalistes aura bien lieu.

Sur un autre registre, à y réfléchir, que vont devenir nos chers « perdants ralliés » à l’un ou l’autre candidat actuel, s’il advenait un changement de « décor » ? J’imagine :

  • perdre d’abord au premier tour ;
  • perdre ensuite pour n’avoir pas réussi à arrêter le processus électoral ;
  • perdre encore parce que le candidat auquel on s’est rallié a été recalé et qu’on se voit obligé d’en choisir un autre ;
  • perdre enfin l’élection du deuxième tour parce que le candidat choisi en dernier ressort a lui même perdu !

L’addition paraît lourde à supporter : quatre échecs en une élection ! Ce serait vraiment la totale pour certains candidats malheureux.

Mais que l’on se rassure. Nous n’en sommes pas encore à ce niveau, et demain est un autre tour. Je reste pour ma part convaincu qu’à l’issue des opérations juridiques, éthiques et même « chirurgicales » auxquelles procède la CCT à l’heure actuelle, Dologuélé et Touadera, qui apparemment ont engrangé un nombre confortable de voix, réussiront à se maintenir à la tête du peloton. Car en effet, l’on a beau parlé d’irrégularités et crier à la fraude, les annulations et autres sanctions qui s’ensuivront, ne frapperont pas uniquement les uns et épargneront les autres.

En tout état de cause, n’aurait-on donc pas mieux fait, si l’on avait pensé à prendre des dispositions transitoires, de nature à épargner – cette fois-ci seulement -, la RCA d’un second tour qui en réalité, n’offre qu’une occasion supplémentaire de surenchères peu glorieuses ? Le scrutin à tour unique, n’induit pas nécessairement une légitimité amoindrie. Qu’on veuille l’accepter ou non, en considérant tous les ratés ainsi que les mauvaises conditions de préparation et de mise en mouvement du processus électoral actuel, le président et les députés qui seront élus, ne devraient pas pouvoir à mon avis, s’enorgueillir d’une légitimité supérieure à celle dont ils auraient joui, en cas de scrutin à un tour.

Pour finir, et à l’attention des éventuels vainqueurs du premier tour, je voudrais lancer la mise en garde suivante : arriver en tête au premier tour d’une élection à deux tours, ne signifie pas que l’on a déjà gagné ou que l’on va gagner à tous les coups. Les exemples respectifs en 2010, de la Côte d’ivoire avec Gbagbo et Ouattara, et de la Guinée avec Cellou Dalein Diallo et Alpha Conde, demeurent suffisamment éloquents.

Quel que soit son rang, dès lors qu’on a été admis au second tour d’une élection, l’on devrait pouvoir jeter la force de tous ses moyens dans la bataille en vue de la lutte finale. Qui sait ?

DEMAIN EST UN AUTRE TOUR !

Guy José KOSSA
GJK Levillageois
Élève Certifié de l’Enseignement
Primaire,Tropicale et Indigène (CEP-TI)
Écrivain Public du Village Guitilitimö

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