Mots contre maux de rjpm

RCA : DU TÂTONNEMENT DES AUTORITÉS DE BANGUI A L’INEXPLICABLE SENTIMENT ANTI-FRANÇAIS

Par RJPM

Comme disait un soldat Franco-centrafricain ayant servi récemment dans les forces Sangaris pendant quelques mois : « Si nous n’aimons pas notre pays, aucune autre nation ne l’aimerait à notre place ». Ce soldat Sangaris, qui avait effectué des missions périlleuses dans les préfectures de l’Ouham, l’Ouham Pendé, de la Kemo, de Nana Gribizi, de la Ouaka et de la Vakaga, s’est indigné de l’inertie des autorités de la transition face à l’escalade de la violence dans la Centrafrique profonde. A force de crapahuter pendant des heures dans les préfectures susmentionnées, cet intrépide soldat, qui parle couramment « gbaya et mandja », était devenu l’interface entre son unité et la population locale. Grâce à ce contact quelquefois personnalisé, il s’imprégna des réalités du terrain qui semblent échapper au pouvoir de Bangui.

A l’entendre parler, Sangaris avait cessé le désarmement manu militari des Selekas et des Antibalakas pour la simple raison que les autorités de Bangui s’y étaient opposées entre temps. De même, quand les forces Sangaris voulaient vaille que vaille désarmer le KM5, une partie des membres du sérail et une frange de la population avaient immédiatement mis le holà. Aussi, on dénote plusieurs foyers de contestation contre les soldats français à Bangui et à Bambari. Durant de nombreuses marches de protestation dans ces deux villes, les manifestants scandaient des slogans très hostiles à l’égard de la France.
Or, la France malgré certains terribles griefs qui peuvent lui être reprochés, notamment les tueries des civils qui continuent et parfois dans l’indifférence, avait décidé d’engager ses troupes dans le conflit actuel et ce, grâce à la grande mobilisation des Centrafricains de la diaspora et au lobbying de certaines personnalités centrafricaines.
Ce contraste saisissant frise pratiquement la coquetterie de certains esprits égarés.

Selon ce soldat impavide, le sentiment anti-français est l’œuvre des extrémistes Seleka, Antibalakas, et même pire encore, de certaines personnalités que la crise arrange énormément et qui militent dans l’ombre pour qu’elle perdure. C’est à ce titre que ces artificiers ont pu attiser ce sentiment qui, malheureusement s’est propagé dans les zones dites très sensibles.
Si la Présidente Samba-Panza pouvait incarner le changement voire la rupture tant espérée, la Transition jetterait certainement les bases d’un réformisme social. L’on s’attendait à ce que la Transition de Dame Cathy sonne le glas du clanisme, de l’ethnocentrisme, de l’égocentrisme, du népotisme, de la « familiocratie » et de la sempiternelle rengaine « tour ti é là ».

Pendant que le peuple réclamait une transition fusionnelle, consensuelle, rassembleuse et une implication de toutes les compétences distinctives du pays dans la gestion de la chose publique, Dame Cathy arbore la tunique d’un personnage politique baroque et insolite. Son tâtonnement a mis le pays dans un univers où les caractères s’entrechoquent et les intérêts s’entrelacent à telle enseigne que l’on ne compte plus les rapports de force, les violences physiques, verbales et visuelles. Contre toute attente, la Présidente se présente désormais comme une provocatrice-née, capable d’instrumentaliser à tout va les jeunes, les femmes et certains professionnels des médias. A penser que la gestion du pouvoir nécessitait de l’égotisme, la voilà désormais prisonnière de son amateurisme et c’est le peuple qui en pâtit.

Ne dit-on pas que la littérature sauve de la déchéance ? Mais à quel niveau la littérature peut-elle contribuer à l’éveil de conscience ? Sommes-nous prêts à faire de la littérature une arme fatale contre les maux qui gangrènent notre société ? Qu’à cela ne tienne, après plus de 50 ans d’indépendance, la Centrafrique porte encore le virus de l’instabilité. D’un côté, les partis politiques, qui se sont succédés à la tête du pays, s’accusent mutuellement ; de l’autre côté, les personnalités, qui ont tour à tour gouverné le pays, se refusent toute rétrospection ou remise en cause. A croire que les crises à répétition que connait la Centrafrique sont toujours la faute des autres. Mais c’est qui les autres ? Qu’on le veuille ou pas, tous les partis politiques sans exception sont comme des grossistes qui vont chez le même fournisseur à savoir le peuple.

Si ces partis politiques continuent de s’adonner à une opposition d’homme au lieu d’une opposition idéologique, il est grand temps que la littérature imprime un nouvelle approche du pouvoir dans l’esprit des Centrafricains. En vérité, le sursaut national ne viendra ni d’un parti politique, ni d’une obédience religieuse. Mais il viendra plutôt d’un leader charismatique qui prônerait la justice sociale et ferait de la géopolitique son point d’orgue. Aussi, ce visionnaire pourrait sortir ce pays de l’ornière en impulsant de grandes reformes structurelles et en procédant sans ambages au renouvellement de l’élite. Toutefois, il pourrait remettre en selle certaines compétences qui sont parfois marginalisées pour des raisons subjectives et mettre à l’étrier le capital humain que regorge le pays. Encore faut-il que cet Homme de vision, ce leader, sorte le pays de l’anfractuosité partisane, ethnique, clanique et confessionnelle. Nous croyons que la Centrafrique dispose quelque part des courageux de la trempe des Mandela, Sankara, Kagamé, Obiang Nguéma, etc…

En tout cas, les Centrafricains n’ont cure des promesses mirobolantes et pétaradantes. Quoique Samba-Panza ait mis le pays à un pas de l’embrasement comme ses prédécesseurs, il nous faudrait un Homme à poigne pour le sortir de ce bourbier engloutissant. Avec les mots contre des maux, nous pourrions insuffler un peu partout cette dynamique.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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Un commentaire

  1. Analyse prophetique. Reve de tous les centrafricains ayant la moindre fibre patriotique.
    Cet Homme ou cette Femme providentiel, en gestation, attendant le tic tac de son chronometre afin de sauver ce qui reste pour batir les fondations durables de cette forteresse : une Centrafrique nouvelle ARMEE DES PRINCIPES NOBLES DE « LA REUSSITE POUR TOUS » DANS UN ETAT SOUVERAIN.
    Que ce grand Homme de la trempe d’un Mandela ou d’un De Gaule sorte de sa reserve. Ceci est une

    invocation et un cri du coeur de son peuple a la Providence, a qui appartient le dernier verbe. Centrafricain debout pour la REPUBLIQUE. L’ HEURE DE LA VICTOURE A SONNE. QUE CHACUN PRENNE SA PELLE ET SA PIOCHE POUR BATIR LA CENTRAFRIQUE DE DEMAIN HAVRE DE PAIX BERCEAU DE L ‘HUMANITE COEUR ET MOTEUR DE L AFRIQUE. CE CENTRE D’ INERTIE DE PAR SA POSITION GEOGRAPHIQUE SUR L’ ECHIQUIER AFRICAIN SUBIT ENCORE ET PAS POUR LONGTEMPS LES TIRAILLEMENTS VISCERAUX D HOMMES ET DE FEMMES AU COMPORTEMENT NON EVEILLES AVEUGLES PAR DES PULSIONS BASSEMENTS MATERIELS. Guillaume ROOSALEM

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