Chronique de GJK

QU’EST-CE QU’ÊTRE UN CENTRAFRICAIN AUJOURD’HUI?

Note Les Plumes de RCA (NLPRCA): Le texte ci-dessous que vous allez lire, a été écrit et publié pour la première fois le 20 février 2014. Il a été sélectionné par l’hebdomadaire français « courrier international –parution N° 1217 du 27/02/2014, page 13 – » parmi les articles d’actualité les plus intéressants et originaux parus dans la presse étrangère. 

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Souvenez-vous de ces quelques phrases qui ont été souvent prononcées fièrement çà et là: « Non, je ne suis pas Sud-Africain, mais Centre Africain »; ou encore, « je viens du pays où ruissellent le diamant et l’or »; et surtout, « je suis plutôt ressortissant du plus grand empire moderne d’Afrique, celui de BOKASSA 1erEmpereur de Centrafrique, le monarque qui a fait perdre les élections, à un Président français, le nommé Valery Giscard D’ESTAING ». Ajoutez à cela d’autres variantes. La plupart des Centrafricains, en situation de se présenter ou de représenter la RCA, ont dû déjà recourir à cet exercice de rapides explications, principalement, quand il s’agit d’interlocuteurs, incultes à divers degrés. Depuis plusieurs mois cependant, moins nombreux sont, les citoyens d’autres Etats, qui ne connaissent pas la Centrafrique, et son peuple, les Centrafricains. Et pour cause.

En revanche, chaque pays et ses ressortissants, on s’en doute, a ses idées, sa définition, son lexique des attributs relatifs au Centrafricain. Sauf  le Centrafricain lui-même, à qui on ne demande plus « quelle est ta nationalité, Centrafrique c’est où ?» Maintenant, il suffit simplement de prononcer les mots Centrafrique ou Centrafricain, pour que les regards se tournent vers vous, instinctivement. Les plus curieux vous assailliront de questions aussi pernicieuses que désagréables, et auxquelles vous n’avez aucune envie de répondre. Certains gentils individus, s’empresseront, non sans écarquiller les yeux, de détaler rapidement, comme pourchassés, par des êtres invisibles, armés de fusils et de machettes. Beaucoup enfin, se limiteront à  grogner en silence : « ah oui, encore un de ces criminels, sauvages, cannibales et anti-musulmans, qui nous arrive de cette république bananière tropicale du cœur de l’Afrique ».

S’il vous arrive chers lecteurs, souhaitons-le, de tomber malgré tout sur des interlocuteurs, qui ne sont pas pressés de s’en aller, et s’ils veulent réellement savoir d’où vous arrivez, qui vous êtes, s’il vous plaît, prenez votre temps.  Faites-les s’asseoir poliment, et commencez à leur expliquer, patiemment et simplement ceci : la Centrafrique n’est pas cette République des troupes de la MISCA et des éléments de l’opération Sangaris, gouvernée par le trio CEEAC, France et ONU, trio représenté par le Tchadien Idriss DEBYHOLLANDE le Français, et  BAN KI MOON, le Secrétaire Général de « ce grand Machin », qui veulent négocier sa partition et se partager ses ressources restées malgré tout intactes. Le Centrafricain, quant à lui, n’est pas ce détestable «produit fabriqué», que les médias européens, plus spécialement français, veulent malheureusement, présenter ; il n’est ni animiste, ni chrétien, ni musulman tel qu’on veut le faire croire; il n’est pas cet homme de misère, de peur, et de haine, et qui n’aurait que la haine au cœur, pour tout ce qui est humain. Le Centrafricain n’est ni séléka, ni antibalaka de naissance; il n’est ni cet homme du nord, ou celui du sud, qu’on veut séparer. Faites comprendre à tous ceux qui vous font l’honneur de vous écouter attentivement, que le technocrate et homme politique tribalo-régionaliste, incompétent, véreux et corrompu, ainsi que le candidat déclaré et l’opposant assoiffés de pouvoir qui ne crient que pour quémander des postes, ne sont pas non plus des Centrafricains ;  tout comme ne l’est  guère, l’intellectuel blasé, impassible, et sourd-muet ; moins encore, ce jeune homme impétueux, prétentieux et sans vision patriotique, ou ce cadre des institutions transitoires, tous deux, spécialistes des déclarations oiseuses.

Aujourd’hui, être Centrafricain, ou se réclamer de l’identité centrafricaine, c’est d’abord et avant tout, éprouver le besoin de se dépasser, de se surpasser, et de renaître à soi-même. C’est vouloir exister différemment et penser autrement; c’est se décider à inventer une nouvelle Centrafrique, à accepter de construire et d’intégrer en soi, ce concept d’une CENTRAFRICANITE NOUVELLE. Cette Centrafricanité qui est, et qui doit s’exprimer ici, maintenant, partout et toujours, comme un profond besoin, de s’ouvrir à tous les possibles, de parvenir à d’autres imaginaires, de s’orienter vers de perspectives de plus en plus ambitieuses et modernes. Le vrai Centrafricain, ne saurait se gargariser de fausses revendications subjectives, fondées sur des considérations d’ethnie ou de région, de gain facile ou de pouvoir usurpé, et principalement de religions, toutes venues d’ailleurs. La Centrafricanité, est et doit être quelque chose de dynamique, débarrassé de tous les complexes, et résolument tourné vers le respect des valeurs humaines, et un sentiment profondément nationaliste. En conséquence, elle suppose pour chaque citoyen Centrafricain, aujourd’hui, la volonté fondamentale et individuelle de se remettre  en cause,  de s’ouvrir aux autres, et de progresser avec assurance. C’est aussi cela, le CENTRAFRICANOPTIMISME.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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