Chronique de GJK

NUITS ET BROUILLARDS SUR LA CENTRAFRIQUE IV

Par GJK

QUATRIÈME PARTIE : QUAND LA GUERRE ET L’INSÉCURITÉ FAIT PROSPÉRER LES AFFAIRES DE BABACAR GAYE ET AUTRES…

Connaissez-vous peut-être le Général Babacar Gaye, ci-devant Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) ? Personnellement, je m’en fous royalement de savoir quels sont ses goûts et ses couleurs. C’est dire par conséquent qu’il ne m’intéresse pas particulièrement, même s’il m’oblige aujourd’hui à lui faire l’insigne honneur de lui consacrer quelques minutes de mon précieux temps pour écrire ces quelques lignes le concernant. Chiche !

Le cas Babacar Gaye a commencé à m’inquiéter très sérieusement, la fois où un ami de mes connaissances qui a ses entrées dans les allées du pouvoir, m’a expliqué sans sourciller que cet intrigant Général sénégalais, eut l’outrecuidance un jour – entre deux échanges assez détendus –, de s’adresser à Samba-Panza pour se proposer de lui recruter un brillant rédacteur de discours, jugeant par là de l’incompétence et même de la nullité de ceux qui étaient jusqu’ici chargés de cette mission. Coût de « l’opération » : 15 000 000 de FCFA de salaire net par mois, sans compter tous les avantages en nature dont devait bénéficier le savant énergumène sorti des cuisses de Jupiter ! Heureusement semble-t-il, Samba-Panza en digne Centrafricaine fille de sa mère – pour une fois qu’on peut lui jeter des fleurs -, aurait réservé au fameux Gaye, la réponse qu’il méritait : un sourire méprisant.

Mais comprenez-vous combien cette attitude apparaît-elle désobligeante vis-à-vis d’une Cheffe d’Etat, de la part d’un subalterne de ce rang, fut-il représentant du Secrétaire Général des Nations Unies ? Décidément qui le disait déjà, « Il y a trois sortes d’intelligences: l’intelligence humaine, l’intelligence animale et l’intelligence militaire » !

Diantre ! Qui est-il ce Général Gaye pour ainsi se foutre des Centrafricains ? Qu’il soit connu pour son affairisme peut passer encore. Mais de là à se montrer arrogant à vomir sur un pays et un peuple qui vous nourrit de son sang, c’est pousser le bouchon trop loin comme on dit. D’ailleurs mon Général, avant de vous moquer des autres, ayez le courage de relire vous même votre portrait et parcours (accessible ici).Votre seule réussite ? Le taux d’échec le plus élevé et jamais égalé dans la carrière d’un officier supérieur. Quant aux intrigues et autres « coups de pouce » dont vous avez pu bénéficier pour arriver au niveau où vous êtes, inutile d’en parler.

Mon Général, je ne vous apprendrai rien de nouveau, mais permettez-moi de vous rappeler simplement qu’un chef militaire qui recule au combat – ou pire qui refuse de combattre -, c’est la défaite assurée pour le reste de la troupe. Je n’irai pas jusqu’à citer l’un des chefs de l’armée vendéenne au cours des batailles de la Révolution française, Henri de La Rochejaquelein qui disait :

 « …mais je brûle déjà de me rendre digne de vous commander. Allons chercher l’ennemi : si j’avance, suivez-moi, si je recule, tuez-moi, si je meurs, vengez-moi. »

Mon Général, auriez-vous déclaré que vous n’avez pas reçu mandat pour désarmer en Centrafrique ? Je vous crois sur parole. Cela se comprend aussi puisque vous êtes si occupé à faire vos affaires que la résolution 2149 vous a certainement échappé. Certes, l’erreur est humaine. Mais une telle erreur d’appréciation de votre mission et de votre raison d’être, une telle erreur qui continue de coûter à notre pays des centaines de vies humaines, une telle erreur dis-je est humainement inacceptable ! Par ailleurs, il est parvenu à l’oreille de plusieurs Centrafricains que vous auriez déclaré à maintes reprises et en toute confidence, que les séléka sont vos frères musulmans et que procéder à leur désarmement en même temps que les antibalaka serait les affaiblir. Déni de mission, suprême injure à l’honneur des Centrafricains !

Par conséquent mon Général, puisque la Centrafrique et les Centrafricains sont si nuls et vous déplaisent tant, à votre attention et à celle de ceux qui sont comme vous, je me permets de paraphraser simplement ce que disait Barthélémy Boganda – le Fondateur de cette République -, s’adressant aux colons de l’administration oubanguienne qui avait trahi par leur comportement la mission de la grande France comme vous trahissez celle de l’ONU:

« Si j’avais un conseil à vous donner, je vous dirais : mieux vaut partir que trahir…tout homme honnête peut et doit agir ainsi
Qu’ils partent tous ceux qui placent leurs ambitions personnelles avant l’intérêt de la grande Centrafrique.
Qu’ils partent ceux qui ne savent pas servir.

Qu’il parte donc celui qui a été décoré par les Nations Unies de la médaille de la résistance à la résolution 2149. Qu’il parte ce héros de la résistance…
Quand aux vrais fonctionnaires et soldats de la paix, ils sont nos frères et nos amis. Notre pays est le leur.
Ils ont le devoir de nous défendre comme ils ont défendu nos frères africains d’autre pays.
Mais de peur de conférer à des chenapans l’auréole du martyre nous n’utiliserons envers les saboteurs de la résolution 2149 que la seule arme qu’ils méritent : le mépris.
La terre est vaste. Qu’ils partent les fonctionnaires véreux et affairistes de l’ONU !
Qu’ils partent et que nos femmes et nos enfants jettent derrière leur avion le tison ardent, symbole du départ définitif et d’un souvenir couvert de honte et de malédiction populaire. »

Tout compte fait, au-delà du cas emblématique du Général Gaye, la Centrafrique d’aujourd’hui il faut le souligner, semble être paradoxalement – malgré ou à cause de l’insécurité et de ses « nuits et brouillards » -, une terre de prédilection pour les bonnes affaires.
Et ce n’est ni Claude Guéant l’ancien premier flic de France, ni Thomas Fabius le « fils de », moins encore Patrick Balkany l’élu UMP – pour ne citer que ceux-là -, qui vous diront le contraire.

Et si l’on devait dresser un tableau de tous les marchés liés à la présence des troupes de la Minusca, on se rendrait très vite compte que les Centrafricains sont les plus gros perdants de la manne que génère le circuit financier et économique mis en place. Camerounais, rwandais et burundais – la plupart des nationalités africaines représentées au sein de la Minusca – , parce qu’ils bénéficient des facilités ou plutôt des complicités internes, se sont déversés sur le marché centrafricain et détiennent pour l’essentiel le monopole des approvisionnements. Quant aux Libanais devenus des « maîtres ès affaires » du pays – depuis que s’est déclenchée cette maudite crise confessionnelle -, leur nombre ne cesse d’augmenter. Un consortium serait même en train de se mettre en place pour créer une grande exploitation agricole à Bouar, destinée uniquement au ravitaillement de la Minusca en fruits, légumes et autres produits viviers.

Enfin, les mines demeurent le secteur où les « nuits et brouillards » sont plus denses et épais. Déjà même au niveau du gouvernement, les partages sont faits et les secrets bien tenus. Ce qui n’empêche pas les bisbilles et des luttes de positionnement et d’intérêts en vue de l’enrichissement personnel. Alors, quant aux zones sous administration séléka, il y’a longtemps qu’elles ont cessé de faire partie du territoire national.

Du reste, je me souviendrai toujours d’un autre ami non centrafricain de mes connaissances, représentant de l’ONU-SIDA. Un jour que je lui ai posé la question de savoir à quand la fin de cette pandémie, il eut un sourire en coin avant de me laisser entendre calmement à peu près ceci : « mon cher, tant que le sida nourrira plus qu’il ne tue, il n’y a pas de raison de le combattre efficacement. Crois-tu sincèrement que ce sont des solutions qui manquent ? Ne sois pas dupe. Les industries pharmaceutiques ont encore besoin du sida pour prospérer ; de multiples ONG s’enrichissent du sida ; des millions de projets brassent des milliards de dollars à cause du sida. Et pour tout dire, mon cher on dirait que tu ne m’aimes pas ! Moi-même, crois-tu que s’il n’ y avait pas le sida, j’aurais eu la chance d’entrer à l’ONU où je bénéficie de tout ce que tu sais? Laisse le sida tranquille vivre et continuer de faire vivre les vivants ».

Plus j’y pense, plus je me dis que la guerre et l’insécurité sont le sida de la RCA. Des Centrafricains, des étrangers, et même des fonctionnaires internationaux ne rêvent et ne souhaitent que ça : pourvu que ça dure.

Nuits…brouillards… nuits et brouillards…vous avez dit nuits et brouillards ?

A suivre PARTIE V

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié

De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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