Grand format de J.Gréla

L’ONU AU CHEVET DE LA RCA

« Montrons aux Centrafricains que l’ONU est avec eux et que le soutien dont ils ont tant besoin arrive »,Ban Ki-moon.Devant  le Conseil de sécurité du 20/02/2014, le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a proposé une initiative en six points face aux « menaces les plus grandes auxquelles est confrontée la population de la République centrafricaine ». Il a appelé à un « renforcement rapide » des troupes de la MISCA.  Centrafrique Libre  a décrypté pour vous les six points de ce plan qui consiste à :

 1.      L’envoi de 3 000 hommes supplémentaires militaires, police« étape intermédiaire » avant l’arrivée de Casques bleus

Ces unités devront « être déployées le plus tôt possible dans les jours et les semaines à venir et avoir la mobilité nécessaire, y compris aérienne, afin de pouvoir agir là où cela est nécessaire », a déclaré le Ban Ki-moon, soulignant l’« urgence » de la situation dans le pays, qu’il a qualifiée de « désastre qui pèse fortement sur la conscience de l’humanité ». La communauté internationale doit « partager le fardeau ».

Il s’est félicité de l’engagement de l’UE qui, de son côté, a décidé l’envoi de 500 à 1000 soldats supplémentaires à la fin de ce mois sur le théâtre des opérations. « Il faut agir maintenant pour éviter une nouvelle aggravation de la situation […] des atrocités et des déplacements massifs de populations » qui menacent le pays d’une « partition rampante », avec la fuite des musulmans vers le Nord sous la menace de milices chrétiennes, a évoqué Ban Ki-moon.

Le président Déby Itno du Tchad a demandé à l’ONU des « moyens »pour régler la crise en Centrafrique. De son côté, le président Sassou Nguesso n’a cessé, depuis le début du chaos, d’alerter la communauté internationale et de l’exhorter à s’approcher au chevet de Centrafrique agonisant pour le réanimer, car,  a-t-il  fustigé dans une interview accordée au figaro « Ce ne sont pas les soldats qui manquent dans le monde! Il y en a 17.000 actuellement en RDC, dans le cadre de la Monusco ».

Sa voix a-t-elle été entendue ? Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine, M. Smail Chergui, a déclaré qu’un accord avait été trouvé, hier, avec les autorités du Congo démocratique (RDC) afin d’intégrer un contingent de soldats de ce pays au sein de la MISCA.

Pendant ce temps sur le terrain, les militaires progressent. Les hommes de sangaris ont pris position à Berbérati, située à 600 km au sud-ouest de la capitale. A la mairie où ils ont été accueillis par les notaires de la ville, le commandant du contingent a déclaré: « Comme vous l’avez dit, mr le maire, on assiste notamment dans l’ouest de Centrafrique à un phénomène de criminalité où beaucoup viennent maintenant dans les villages en prétextant appartenir à telle ou telle milice anti-défense et se livrent tout simplement à des exactions sur la population, c’est-à-dire des actes  criminels et crapuleux. Et ces gens là, il faut qu’on les arrête » a-t-il expliqué. Étant donné l’ampleur et l’étendue géographique de la violence, les exigences de sécurité dépassent de loin les capacités du nombre de troupes internationales aujourd’hui déployées, selon le secrétaire général.  En effet, « dans les endroits où il n’y a pas de forces internationales, le choix pour beaucoup trop de civils est de fuir ou être tués ».

M. Ban Ki-moon a demandé que ces nouvelles troupes arrivent « dès que possible, dans les jours et les semaines à venir » et soient dotées de moyens aériens pour se déplacer en province.

2.      Au placement  sous un « commandement unique coordonné » de toutes les forces internationales

Pour des raisons d’efficacité, toutes les forces en Centrafrique doivent être coordonnées. Leur mission doit « se concentrer sur les priorités les plus urgentes qui sont de contenir la violence ; protéger les civils ; prévenir de nouveaux déplacements de populations ; créer un environnement sécurisé pour l’acheminement de l’aide humanitaire ; et jeter les bases d’un transfert, aussitôt que possible, des forces actuellement présentes à une force de maintien de la paix des Nations Unies ».

Les troupes africaines qui se joindront à cette force bénéficient d’un« soutien logistique et financier » adéquat (rations, l’eau et carburants). L’estimation des coûts du soutien s’élève à 38 millions dedollars pour une période de transition de six mois.

3.      Un soutien tangible au gouvernement pour l’aider à établir des capacités lui permettant de fonctionner.

Un « soutien tangible et rapide »  doit être apporté au Gouvernement de la République centrafricaine pour l’aider à « établir une capacité minimum de fonctionnement ». Ban Ki-moon a suggéré, à cet égard,une assistance financière à la police, à la justice et au système pénitentiaire centrafricain. Le Centrafrique ne peut panser ses plaies que si les criminels sont recherchés, jugés et punis par loi.

Le secrétaire général déclare que « ce soutien devrait inclure une assistance financière pour ramener les policiers dans les rues, les juges dans les tribunaux et les gardiens de prison à leurs postes ». Il s’est félicité de l’annonce par le Danemark d’une contribution de 2 millions de dollars à cette initiative.

Ces quelques millions de dollars permettront, au gouvernement de rétablir une partie des services publics essentiels, de verser des primes pour inciter policiers, juges et gardiens de prison à reprendre le travail, dans un pays livré au chaos depuis des mois.

Le Président Sassou Nguésso avait déjà lancé, à cet effet, qu’ «  Il n’y a plus d’État. Il y a un gouvernement, mais il n’y a plus d’administration nulle part. Pas d’armée, pas de police, pas de gendarmerie, pas de système judiciaire » et que Centrafrique a besoin de l’argent pour se reconstruire.

Ce qui, au-delà des questions sécuritaires, est une tâche est immense, car il faut remettre en marche une administration, rétablir un état civil et préparer les élections.

4.      L’accélération d’un processus de réconciliation politique

Pour empêcher un délitement supplémentaire des liens communautaires et jeter les bases de la fin du conflit et enrayer la menace de partition du pays dans le nord où se sont regroupés les selekas, les dirigeants communautaires et religieux ont un « rôle important à jouer dans la promotion de la tolérance, de la coexistence pacifique et de la non-violence ». Un processus politique nécessitera également l’« engagement dynamique » de la CEEAC, de l’Union Africaine et de la communauté internationale.  L’ONU, quant à elle, renforcera les capacités analytiques et opérationnelles du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA) afin d’« aider les autorités nationales à mettre la transition sur les rails, développer l’autorité de l’État et créer des institutions crédibles dans tout le pays », a dit M. Ban Ki-moon.

Appel à désarmer les civils infiltrés dans églises et mosquées

M. Ban Ki-moon a appelé, à déployer très vite plus de soldats et de policiers en Centrafrique pour secourir des populations livrées aux crimes de bandes armées, particulièrement dans les zones où aucune force de l’ordre ni administration n’est présente.

Saluant cet appel à dépêcher au plus vite 3.000 hommes en renfort des forces de sangaris et Misca, l’archevêque de Bangui, Nzapalainga, et l’imam Bangui, Oumar Kobine Layama, côte à côte, ont conjuré tous les Centrafricains de déposer les armes.

Ils ont déclaré et appelé, vendredi, à désarmer les civils « infiltrés » dans les églises et les mosquées, à neutraliser les miliciens et pillards qui terrorisent le pays malgré le déploiement de forces internationales. « Que tous nos frères qui ont des armes les remettent. Les militaires doivent désarmer tout le monde, dans les églises et les mosquées », a lancé l’archevêque lors d’une conférence de presse. « Beaucoup de Centrafricains ont des armes, musulmans et chrétiens. Les armes n’ont pas choisi un camp », a-t-il ajouté. L’imam a renchéri en appelant à soutenir les opérations de désarmement des forces internationales : « Des gens s’infiltrent avec des armes dans les sites religieux, y compris les mosquées », s’est-il offusqué.

Ces deux hommes prêchent dans le désert depuis des mois à la fin des tueries entre chrétiens et musulmans, qui ont plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent avec près d’un million de déplacés sur une population totale de 4,6 millions d’habitants et un exode de la minorité musulmane de régions entières.

5.      Commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme en Centrafrique

Dans le cadre de la prévention des violations continues des droits de l’homme en Centrafrique, Ban Ki-moon a annoncé que le Président de cette commission, mandatée par le Conseil de sécurité, se rendra la semaine prochaine en centrafrique pour démarrer le travail.

Le Chargé d’affaires de la RCA auprès de l’ONU a effectivement décrit une « situation volatile » à Bangui, la capitale.  Dans le reste du pays, où vivent la majorité des 4,5 millions de Centrafricains, « le défi sécuritaire reste entier », a-t-il souligné.  « Des hordes de criminels de tous genres se livrent à des meurtres, des viols, des pillages et d’autres violations graves des droits de l’homme », tandis que la population civile est« contrainte à se réfugier dans la brousse, en proie à la faim et aux maladies », l’arrivée imminente de la saison des pluies faisant « craindre le pire », a-t-il déploré.

6.      Enfin, l’appel aux bailleurs de fonds à financer l’aide humanitaire

Le secrétaire général de l’ONU a supplié la communauté internationale à « partager le fardeau […] la France a déjà beaucoup fait pour le Centrafrique », a-t-il souligné.

Il a relancé un appel pour des « fonds d’urgence » destinés à financer l’aide humanitaire « actuellement insuffisante pour répondre à la crise »,seulement 15% des ressources nécessaires ayant été reçues pour cette année, « en dépit de généreuses promesses faites lors de la Conférence de financement, tenue le mois dernier à Bruxelles ».

Ban Ki-moon a demandé aux pays donateurs de se montrer plus généreux à l’appel de fonds de l’ONU pour 2014 (551 millions de dollars) pour les 2,5 millions de Centrafricains qui ont besoin de secours.

Aussi, la communauté internationale doit agir vite.  « Agir de façon décisive, et maintenant, pour éviter toute aggravation de la situation et répondre aux besoins pressants de la population du pays », selon M. Ban Ki-moon. Quelque soit « le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, s’il est autorisé, prendrait des mois ». Alors dit le secrétaire général,  

« Les Centrafricains ne peuvent plus attendre ».

Enfin, revenue de Bossangoa où elle s’est rendue la secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos s’est dit choquée par ce qu’elle a vu, notamment les maisons incendiées et les gens terrorisés. Elle a jugé qu’il n’y avait « pas assez de troupes sur le terrain » et souligné que la RCA « a connu une destruction totale de ses institutions ».

« J’exhorte les Etats membres à prendre les mesures nécessaires pour le mettre en œuvre » ce plan, a-t-il insisté, pour «  atteindre les objectifs les plus urgents: stabiliser la situation sécuritaire, et sauver des vies qui seraient perdues du fait de haines sectaires insensées ».

A Bagneux, le 22/02/2014

Joseph GRÉLA

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