Grand format de J.Gréla

LES ANTI-BALAKAS « NE SONT PAS DES TROUPES CONVENTIONNELLES » CONTRAIREMENT A LEURS PRETENTIONS

Par cette expression, la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, a fustigé le mouvement anti-balaka lors d’une conférence de presse mercredi, à Bangui, en présence du ministre de la Défense français LE DRIAN. Elle n’a pas manqué de souligner  la  « persistance  de nombreux foyers de tension ».

Elle a rappelé l’origine du mouvement anti-balaka dans son intervention : C’est un « mouvement originel de patriotes qui voulaient réagir face aux éléments de l’ex-Séléka » mais il a dérapé… Il y a une forte déviation sur les motivations d’origine, et nous assistons aussi bien à Bangui qu’à l’intérieur du pays à une prolifération de bandits de grand chemin » a-t-elle martelé.

A ceux qui jouent avec le feu, à ceux des séléka à Bria et dans l’est du pays qui rêvent de la partition du pays,« personne n’accepte, n’acceptera quelque partition que ce soit », a indiqué le ministre français. Les voilà avertis dans leur sanctuaire, zone diamantifère où sont regroupées une partie de leurs forces vives.

Le monde, dans son édition en ligne a remarqué, dans la ville de Mbaïki où se sont transportés, le mercredi, les deux personnalités, que Saleh DIDO, de confession musulmane et adjoint au maire de cette ville, est entêté. Il refuse de partir. Il ne veut quitter ni sa ville de Mbaïki, ni la Centrafrique. Ce commerçant, vendeur de boulons devenu transporteur et maire adjoint, est le dernier des musulmans de Mbaïki : « Je suis né ici. J’ai fait des enfants ici. Je suis à la mairie depuis cinq ans, j’ai prêté serment, je suis patriote. Pourquoi devrais-je partir ? Je veux vivre dans mon pays… » et ce pays, c’est la Centrafrique.

Les musulmans, très minoritaires vivent ensemble. Ils partagent la vie des centrafricains : « Leur exode pose le problème de leur citoyenneté. Ils ont immigré, il y a plus d’un siècle, mais ils continuent à être considérés comme des étrangers parce qu’ils sont musulmans », selon La Croix qui s’interroge aussi sur les éliminations et les tortures physiques perpétrées : « Peut-on parler de nettoyage ethnique’ que les forces internationales  ne parviennent pas à empêcher »s’appropriant l’expression de l’Amnesty International ? Pour Roland Marchal, chercheur au CNRS, spécialiste de la Centrafrique, il est plus juste de parler de « nettoyage confessionnel ».

Le même quotidien, La Croix, sous la plume de Dominique QUINIO,  explique que « cette spirale de la vengeance » et « les images de Centrafrique, comme celles du Rwanda, il y a vingt ans, obligent à s’interroger sur ce que le christianisme a pu enseigner aux peuples à qui l’Évangile a été annoncé. Elles nous adjurent de soutenir l’engagement de tous les hommes de bonne volonté qui résistent à la tentation barbare, sans mégoter notre aide. Elles nous invitent à questionner avec humilité nos propres actions, ici et ailleurs, en faveur de la paix, de l’accueil de l’autre, différent ou étranger, de la réconciliation. »

« Nettoyage ethnique », Une « réponse trop timorée de la communauté internationale »,  « Des groupes d’ethnies assez différents » pour désigner la provenance des musulmans hormis les convertis centrafricains, « La crainte d’une récession économique », « Exode des musulmans », « Crise ou catastrophe humanitaire », « Flambée des prix »… En voilà des titres !

Les mots et les expressions se heurtent à la plume des médias qui s’empressent de décrire ou de montrer les lynchages, les vengeances qui circulent désormais dans les veines du pauvre centrafricain pris en otage dans cet univers invivable et dans lequel il meurt à petit feu et par inanition.

Dans La Croix, les lecteurs s’insurgent contre ces vocabulaires qui rappellent des souvenirs horribles ; ils  accusent la presse : « Comment se fait il que ces associations de mots soient ainsi banalisées dans notre vocabulaire, dans celui de la Presse. Ils me choquent à chaque lecture, quelque soit le pays concerné. Il s’agit de guerre ethnique, élimination, massacre, persécutions ….s’il vous plaît, chers journalistes, trouvez un vocabulaire plus juste et n’utilisons plus les mots purification et nettoyage pour ces crimes ».

Cependant Le Figaro constate qu’« en Centrafrique, les soldats français[sont] débordés par l’ampleur des violences », jusqu’à présent, meurtrières et sont confrontés, impuissants, aux pillages.

La Libération du 13/02/2014, revient pour sa part sur « la Centrafrique en mal de renforts » pour clamer que Paris attend toujours des renforts de ses partenaires européens qui détournent le regard plutôt que d’envoyer quelques centaines d’hommes pour faire « face à l’ampleur des exactions ». L’ONU et les ONG les exhortent à une hausse des moyens militaires.

Le journal survole la situation sur le terrain qui continue à se détériorer et rapporte qu’à Bozoum et autres villes du pays, la « coexistence pluriséculaire entre musulmans et chrétiens a volé en éclats ».

Pourquoi la France n’envoie-t-elle pas des renforts ? Que faire des Seleka à Bria, se demande La Libération ? C’est « aux Africains de prendre le relais » dit un observateur autorisé. Dépêcher des renforts serait admettre avoir sous-estimé la difficulté de la mission. Quant aux selekas, ils seront « pris en tenaille » par le Tchad au nord qui récuse toute idée de partition, foyer d’instabilité à sa porte et l’armée française amenée à se déployer dans ce sanctuaire.

Je ne terminerai pas cette revue de presse basée sur les violences meurtrières en Centrafrique sans Le Monde dans son édition du 13/02/2014 qui estime que la situation est de plus en plus intenable et l’armée française est trop faible. Elle assiste impuissante à ce que l’on peut désigner « épuration ethnique » dont les communautés musulmanes sont victimes.

Selon le même journal, toutes les personnes averties et unanimement admettent qu’avec seulement les 1600 soldats de sangaris, la France ne s’est pas donné les moyens d’atteindre ses objectifs.

« Qu’on le veuille ou non, la France est embarquée [dans voie sans issue], dans une tragédie [humaine et humanitaire] grave, conclut le quotidien.

La route de l’exode est encore ouverte devant les musulmans.

L’espoir des déportés de rentrer à la maison s’éloigne…

A Bagneux, Joseph GRELA

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