Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : UN PAYS SANS ALTERNANCE, MAIS AVEC BEAUCOUP D’ALTERNANCES

Par Adolphe PAKOUA

La logique voudrait qu’on compare ce qui est comparable, ce qui revient à dire qu’il serait impensable de comparer un objet avec un être humain. Cependant, l’esprit humain est si têtu qu’il va bien au-delà de ce précepte, pour comparer ce qui ne mérite pas de l’être. Ainsi, on peut être amené à se demander s’il est possible de comparer le NIGERIA au CENTRAFRIQUE.

Logiquement, on serait tenté de ne pas se hasarder à penser à une telle démarche, tellement les écarts entre les deux pays sont si ahurissants, non seulement par leur taille, par le nombre de leur population, par le niveau de développement de chacun d’eux, mais aussi par la différence de cultures.

Cependant, ce que nous pouvons relever sans être taxé d’arbitraire est que là où le NIGERIA peut trouver une solution rapide pour éviter de s’enliser dans des troubles interminables, le CENTRAFRIQUE s’accommode de l’urticaire qu’est son instabilité politique chronique, un « koto mo lango » qui l’empêche par moments de bien dormir, mais dont il est heureux de gratter les croutes purulentes. Ce qui par ailleurs, lui procure un sommeil profond une fois les longues démangeaisons bien grattées. Paradoxe des paradoxes, vous avez dit « paradoxe ? », vous avez taillé un costume sur mesures au CENTRAFRIQUE. Pardoxe des paradoxes nous avons dit « paradoxe », nous avons taillé un ensemble sur mesures au CENTRAFRIQUE. Voilà que nous sommes tous d’accord. Le CENTRAFRIQUE est en effet un pays de paradoxes.

Sans transition aucune, sans tergiversation aucune sur la date des élections majeures, sans bousculades et sans la moindre violence, le NIGERIA vient, comme le SENEGAL quelques années plus tôt, de montrer à la face du monde et à la face des Africains, le chemin que l’Afrique « des lumières » doit désormais prendre.

L’obscurantisme nous a longtemps cantonnés dans des maisons de concentration de gouvernance basée sur le tribalisme, le clientélisme, l’affairisme, le fétichisme et autres pratiques mafieuses et scélérates, le choix de la clarté politique nigériane dans la procédure électorale est aujourd’hui une leçon magistrale qui doit interpeller tous ces dirigeants qui pensent qu’ils sont nés et qu’ils sont venus au monde avec le mot « pouvoir » comme leur premier cri de bébé, et qu’ils doivent quitter ce monde dans les oripeaux de la gloire.

De grâce !!!

Le NIGERIA a montré au monde entier qu’il était rentré dans le cercle des pays qui comptent et dont la voix doit être entendue.

En organisant des élections tenues dans les échéances prévues, sans le moindre trouble et sans la moindre contestation qui est le commun des mortels des charognards allergiques à la défaite, le NIGERIA a fait honneur à l’AFRIQUE. Il fait honneur à l’AFRIQUE quand le Président d’hier, J. GOOD LUCK peut se lever et reconnaître publiquement sa défaite sans demander à ses parents, à ses amis, à l’Armée Nationale d’étouffer les cris qui s’élèveraient pour dénoncer des magouilles électorales menées à leur détriment.

En reconnaissant assez rapidement la victoire de son adversaire, il a fait que tout ce qui pouvait se cuisiner pour remettre en question cette victoire (n’aie) n’avait plus sa raison d’être.

Il faut être au NIGERIA pour que ceci soit possible. Il faut être dans un pays où les partis politiques d’opposition et ceux de la majorité sont facilement identifiables pour qu’une telle démarche soit possible. Et c’est bien la démonstration d’un pays politiquement organisé où les deux camps sont bien identifiés, et où le vagabondage politique n’est pas possible, un pays où le mélange entre l’eau et l’huile n’est pas possible, tout comme ne l’est pas le mélange entre l’eau et l’essence.

En CENTRAFRIQUE, eh bien tous ces mélanges sont possibles car les centrafricains vivent par rapport aux mouvements du vent, les partis politiques fleurissent et s’inspirent de ce mouvement. Ainsi, il n’y a aucune opposition possible car tout le monde finit par regagner le parti majoritaire qui gagne les élections, pour avoir la possibilité de grignoter un bifteck quotidien
.
Aujourd’hui, nous ne savons même pas combien de partis politiques il y a dans le pays, combien d’aventuriers qui se prétendent hommes politiques il y a comme candidats à la prochaine élection présidentielle, pour comprendre que si la situation selekaïste s’est quelque peu apaisée, nous sommes loin de sortir de l’auberge si nous continuons à accepter de telles aberrations, qu’on enveloppe sous le mouchoir blanc de la démocratie. Et la démocratie, c’est pas la pagaille, c’est pas le droit de créer des partis politiques à tout va, tout comme c’est pas le droit de tromper le peuple avec des fausses déclarations de candidature.

Nous ne pouvons dénier à aucun citoyen le droit de faire ce qui bon lui semble, mais il nous semble indispensable de savoir ce que chaque candidat propose au peuple comme programme et comme choix de société. De là naîtra pour le peuple la possibilité de choisir, de là naîtra la possibilité de savoir quels sont les programmes qui sont indissociables des uns et des autres, de là naîtra la possibilité de voir quels sont les partis politiques qui demain pourront constituer une majorité, ou qui demain pourront se regrouper pour former un front d’opposition.

Le salut du CENTRAFRIQUE passe par cette clarification. Il n’est plus question de faire des majorités qui ne seront là, que pour faire de la figuration et faire les yeux doux au pouvoir et continuer à maintenir le pays dans un état de sous-développement chronique, parce que les uns et les autres auront la possibilité de s’en mettre plein les poches, de construire des villas à des copines précaires, d’acheter des pavillons à l’étranger, pavillons dont ils seront dessaisis une fois le robinet financier de ravitaillement fermé.

Le CENTRAFRIQUE n’a plus droit à l’erreur, et il ne pourra éviter cette erreur qu’en mettant ses pas dans la voie indiquée par le NIGERIA.

La leçon a été donnée pour être suivie, l’alerte est faite pour être entendue, comme on le dit dans d’autres cieux, « A bon entendeur……. ».

Adolphe PAKOUA

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