Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : UN DESERT D’IDEES

Quand on baisse un peu la tête et qu’on la prend entre les deux mains pour essayer de comprendre pourquoi le CENTRAFRIQUE a tant de problèmes, ne construit rien en dépit des nombreuses ressources qui recouvrent son sol et son sous-sol, on finit par se poser la question de savoir si vraiment les hommes politiques centrafricains sont des êtres normaux.

Le CENTRAFRIQUE est le seul pays en AFRIQUE, pour ne pas dire dans le monde, à expérimenter les délices et les horreurs de l’empire qui est, dans notre époque moderne, un système éculé, qui fait la honte de ceux qui se détermineraient à abandonner les acquis du système démocratique pour mettre à leurs cous, les pesanteurs insupportables d’un système que mêmes les dictateurs les plus férus n’oseraient de nos jours adopter.

Avec la complicité d’hommes politiques malades de prestiges, BOKASSA avait réussi à porter sur sa tête une couronne qui érigeait la République Centrafricaine en EMPIRE CENTRAFRICAIN. Les centrafricains avaient bu la coupe de la honte que constituait une telle mutation jusqu’au point où à l’étranger, certains éprouvaient une honte difficile à dissimuler, lorsqu’il s’agissait de dévoiler leur nationalité à qui voulait le savoir.

Les coups d’État sont devenus depuis, la gale centrafricaine, une gale qui ne fait plus mal mais qui, comme le « koto-molango », vous démange en vous donnant le plaisir de gratter les pustules, jusqu’à vous endormir. Et les hommes politiques centrafricains n’ont plus peur d’une telle maladie, que d’autres ailleurs voudraient fuir comme ils fuiraient la peste.

Et le CENTRAFRIQUE est, en fin de compte, devenu cette curiosité qui n’étonne plus personne. Ainsi, en l’espace de moins d’un an, il s’est tapé le record des changements politiques au niveau de la tête de l’exécutif. Qui peut se souvenir qu’entre 2013 et 2014, le CENTRAFRIQUE a connu quatre Présidents ? Qui sait où est passé BOZIZE ? Où se trouve DJOTODIA ? Qui a vu NGUENDET ? Mais on nous dit SAMBA-PANZA la dame, est assise aux pieds des collines de Gbazabangui. Vous le savez, vous ? Vous savez que ces quatre ovnis ont dirigé ce pays pour se relayer en l’espace de quatre mois ? Vous le savez ? Et trouvez-vous un tel rythme normal ?

Et dans le domaine du culte de la personnalité, quelle femme en CENTRAFRIQUE n’a pas porté BOKASSA, DACKO, KOLINGBA, PATASSE, BOZIZE sur son dos ? Quel Tartempion centrafricain ne s’est pas accoutré d’une djellaba ornée des représentations de DACKO, BOKASSA, KOILINGBA, PATASSE ou BOZIZE ? NDJOTODIA et NGUENDET n’ont peut-être pas eu le temps d’imprimer leur effigie pour mettre leurs pas sur les traces de leurs aînés, qu’à cela ne tienne.

Et que voit-on aujourd’hui ? Rien d’étonnant. Madame la Présidente de Transition, pour faire plaisir aux femmes centrafricaines, et les faire danser au rythme de la fête de nos chères mamans, leur fait porter à son tour, ce que NGUENDET et NDJOTODIA ont manqué de leur offrir : l’un parce qu’il a eu juste le temps d’amarrer la pirogue centrafricaine à un pieu, pour ne pas la laisser emporter par les flots, l’autre parce qu’il n’a pas eu le temps de la réflexion, tellement il était perturbé par les piqûres des aiguilles plantées dans le siège sur lequel il ne méritait pas de s’asseoir.

Beaucoup d’encre a coulé, pour tenter de laver la souillure de ce pagne mal-à-propos, qui déshonore l’âme de nos sœurs, de nos frères et de nos parents morts à cause du vent contaminé des gènes du crime de la SELEKA.

Avoir une idée si morbide à un moment où le CENTRAFRIQUE attend des gestes forts, des initiatives louables, on ne rencontre qu’une action de suiveur. Les modèles ayant déjà tracé le chemin, il ne reste plus qu’à suivre.

Alors, de là à ce que les éminents courtisans de la Patronne de CENTRAFRIQUE lui mettent dans la tête l’idée d’aller planter son buste à côté de ceux de ses prédécesseurs, ou son portrait à côté de celui de Barthélémy BOGANDA, nous n’aurons juste que le temps de tousser.

Ainsi le CENTRAFRIQUE n’est donc rien de moins qu’un désert où les hommes politiques en responsabilités sont dépourvus d’idées et restent condamnés à répéter les mêmes gestes, les mêmes réalisations. Et avec un tel comportement, comment peut-on s’attendre à une quelconque évolution, cette évolution qui fut l’un des mots fétiches du père fondateur ?

Les centrafricains avaient poussé un soupir de soulagement en croyant qu’une femme à la tête de leur État allait faire preuve d’un certain esprit de renouveau, qu’elle allait imprimer une marque de fabrique nouvelle et que le pays allait amorcer un virage certain vers l’épanouissement. Force est de constater qu’aujourd’hui, toutes ces illusions sont tombées, dévoilant cette absence de créativité qui s’apparente à une malédiction sournoise.

Au lieu de continuer à inonder BANGUI avec des réalisations insignifiantes à travers l’érection de monuments ridicules, le peuple serait heureux de voir à ses places publiques, des stèles du genre représentant le Docteur CONJUNGO tombé en plein milieu d’une foule de manifestants pour le bien-être du peuple tout entier. La liste de ces compatriotes méritants est longue, au point que nos provinces ne seraient pas fâchées d’être dotées de tels symboles. Mais au lieu de cela, eh bien on continue de plier le peuple sous les règles du culte de la personnalité, où l’on pense s’immortaliser avant même d’avoir effectué un seul acte de bravoure, de magnanimité ou d’exception glorieuse.

Le CENTRAFRIQUE n’a-t-il réellement pas les hommes capables de réfléchir et de réfléchir autrement ? Peut-on penser effectivement qu’il est ce désert d’idées que nous déplorons ?
A chacun sa réponse. Toutes les pièces à conviction sont étalées devant chacun de nous.

Adolphe PAKOUA

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