Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : CENTRAFRIQUE – HUMANITAIRE

Niveau de misère effroyable

Les abîmes appellent les abîmes. Centrafrique a touché les abîmes. Chaque jour qui passe depuis les années 80/90, le niveau de vie du centrafricain n’a cessé de se dégrader. La pauvreté, sinon la misère accentuée par les crises politico-militaires à répétition, en passant par la mutinerie et les pseudo-libérateurs du Méphistophélès Bozizé, l’ont définitivement achevée et précipitée dans les  enfers avec le dramatique avènement de la coalition séleka. A en sortir dépend tout d’abord d’elle. La main salvatrice de la communauté internationale à son chevet est un gage de solidarité et de compassion. En ce sens, les forces internationales tentent de se déployer dans le pays, pour repousser les selekas après le désistement du Tchad.

Sangaris et Misca enfin à Bria

Bria « la scintillante » qu’on croyait défunte s’est réveillée depuis lundi 07 avril avec l’entrée des forces françaises de l’opération Sangaris et des soldats de la Misca, a rapporté ce jour, le Réseau de Journalistes des Droits de l’Homme (RJDH). Ces forces internationales se sont déployées dans la ville pour procéder au désarmement des groupes armés et pacifier la région. Selon Thomas Vitroli, un habitant de Bria, les éléments de Sangaris se sont installés à l’aérodrome tandis que la Misca, à l’entrée sud de la ville. Quelques éléments de l’ex-Séléka ont quitté la base militaire qu’ils occupaient, pour prendre la destination du Nord-est du pays ou se sont volatilisés dans la nature.

La presse.ca du Canada avec l’AFP ont, pour leur part, souligné les tensions éclatées après une opération de désarmement d’« un groupe armé composé d’anti-balles AK et [d’anciens] éléments des FACA, auteurs de plusieurs exactions » à Bouar, ce lundi 07 avril, dans le nord-ouest de la Centrafrique. Cette opération de désarmement a été menée «par les forces françaises de l’opération Sangaris tôt lundi matin » a déclaré, à l’AFP, une source de la gendarmerie locale sous couvert d’anonymat. « Plusieurs membres dudit groupe, dans cette ville clé située sur l’axe stratégique qui relie Bangui au Cameroun, ont été arrêtés et l’un d’eux qui a tenté de prendre la fuite a été blessé à la jambe. Les autres (…) ont alors promis de se venger et se sont mis à tirer des coups de feu en l’air dans la ville. Pour l’instant, on ignore si ces tirs ont fait des victimes», a précisé cette source au journal. La ville était, depuis ce jour, survolée en permanence par des hélicoptères de l’armée française, pendant que d’autres éléments patrouillaient au sol.

Provocations ou début de vengeance
dans les frontières tchado-centrafricaines

 Le sort des populations des coins reculés de Centrafrique échappe encore et toujours à l’oeil des cameras et aux micros des médias. Mais, Afriquinfos est parvenu à s’informer, ce mardi 8 avril, des événements tragiques survenus dans ces contrées. Au moins sept personnes ont été tuées dimanche et 21 autres blessées après une incursion d’hommes armés assimilés à l’armée régulière tchadienne au village Ngbengbéré, situé à 45 km de la frontière entre la Centrafrique et le Tchad, a-t-on appris d’une source municipale de la ville de Paoua voisine. « Il sont venus à bord de sept véhicules et trente et une motos. Ils ont tout brûlé dans le village, ne laissant que l’église. Le bilan fait état de 7 morts et 21 blessés et plus de 500 maisons incendiées. Aussitôt, ils sont repartis au Tchad », a rapporté Max Bataillon, 2ème adjoint au maire de Paoua.

Cette attaque intervient après le retrait de 200 soldats tchadiens de la MISCA, vendredi, à Bangui, suite à la décision prise par les autorités de N’Djamena de retirer leurs troupes de cette force africaine chargée d’aider à restaurer la paix et la sécurité dans ce pays d’Afrique centrale.

Et pourtant, ces soldats sont accusés de complicité avec les ex-rebelles de la Séléka qui ont renversé François Bozizé, le 24 mars 2013 et ont brillé par des pillages et des exactions à l’égard de la population. « Nous demandons aux autorités de la transition de veiller à la sécurisation de la frontière entre les deux pays voisins car, la frontière est libre et des groupes armés venus du Tchad  ne cessent de commettre les violences sur la population », a plaidé à l’agence de presse Xinhua Guy Motouri, responsable d’une Ong à Ngbengbéré. Dans sa réponse lapidaire, une source du ministère de la Sécurité publique a considéré cet incident comme une « provocation ».

Centrafrique est toujours en proie à des violences, rapporte le RJDH dans ses différentes colonnes de ce mardi 08 avril, consignant les tueries et les événements tragiques dans lesquels, à Kaga-Bandoro, les éléments du contingent tchadien ont été pointés du doigt dans deux cas de tueries et de violation des droits de l’homme. A Dékoa, une tentative de la prise de la ville par les anti-Balles AK a été repoussée par des ex-Séléka présents appuyés par des éléments tchadiens de la Misca venus de Kaga-Bandoro. On n’ignore s’il y a des victimes. Cette altercation a provoqué un mouvement de population qui a fui dans la brousse ; à Bangui, trois personnes ont été tuées aux alentours de Km5.

Bangui affamé ! Bangui brisé ! Bangui martyrisé ! Mais Bangui secouru !

Pendant ce temps, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont appelé jeudi à une vaste opération humanitaire de longue durée en Centrafrique : La communauté internationale doit « déployer au cours des 18 prochains mois au minimum, une vaste opération humanitaire […] pour endiguer le tribut de plus en plus lourd payé par la population », estiment-elles dans un rapport. La crise « sans précédent » a dévasté l’économie. Il est vital d’apporter une aide alimentaire à plus d’un million et demi de personnes, selon Le Parisien et La Libération dans leur colonne du 07 avril. D’après l’évaluation conjointe des deux organisations, les violences qui touchent la Centrafrique depuis décembre 2012, ont causé la destruction des moyens de subsistance, des cultures vivrières et commerciales, de l’élevage et de biens de production essentiels dans tout le pays, ont-ils ajouté. « Les Centrafricains sont accablés par de graves problèmes d’accès à la nourriture et les fonctionnaires ne sont pas payés depuis plusieurs mois », a souligné le rapport. Cette situation de carence « soulève de vives préoccupations pour la nutrition et la santé des familles, en particulier chez les enfants », a assuré les deux agences spécialisées.

Afriquinfos, quant à lui, mentionne que l’aggravation de la crise en Centrafrique a des conséquences dévastatrices sur les moyens d’existence. Il faut une aide alimentaire d’urgence pour affronter une « situation alarmante et complexe ».

« Le niveau de misère […] chez de nombreuses familles de Centrafrique est effroyable », a souligné Dominique Burgeon, un responsable de la FAO cité dans le texte à Rome. Le secteur vital de l’agriculture a subi une contraction de près de 37% en 2013 et les entrepreneurs qui géraient l’essentiel des activités commerciales et le transport ont quitté le pays. « Les perspectives sont sombres pour la campagne agricole de 2014 qui démarre en mars/avril sur fond d’insécurité et de manque d’intrants agricoles », constate le rapport qui rappelle que l’agriculture, qui assurait environ 57% du PIB, a essuyé les plus graves pertes. L’aide alimentaire devrait comprendre des aliments consommés et disponibles à l’échelon local, tels que le manioc, le riz et le maïs. Les achats locaux permettraient également d’alléger la pression sur les moyens logistiques.

L’ONU n’a qu’un tiers des financements nécessaires aux interventions, malgré les appels incessants de son secrétaire général, depuis le début de la crise.

Un État sans armées
Une présidente sans pouvoir réel

Dans son reportage du 07 avril, Pierre Boisselet, envoyé spécial du Jeune Afrique à Bangui, plonge « au coeur du chaos », dans un pays sans forces armées. La Misca et Sangaris se moquent éperdument des déclarations du gouvernement qui ne contrôle absolument plus son territoire. « Si le gouvernement parle d’une opération, demandez-lui avec quelle force il va la mener ! Ni nous, ni Sangaris, n’avons d’ordre à recevoir de lui », dit le général Camerounais Martin Tumenta Chomu de Misca, de sa voix de stentor.

« À Bangui, plus personne – pas même la présidente de la transition – ne nie l’évidence : Catherine Samba-Panza dispose, certes, de tous les attributs du pouvoir : un gouvernement plutôt sérieux et apprécié de Paris ; une pléthore de ministres-conseillers ; une garde personnelle assurée par les Rwandais de la Misca et un agenda surchargé d’incessants déplacements dans la sous-région. Mais elle n’a pas les moyens de l’exercer,». « Samba-Panza, poursuit le reporter, n’a pas non plus réussi à s’imposer dans le cœur de Centrafricains, en quête d’autorité. » Lui autoriser un réarmement de la force nationale reste une question insoluble et non négociable pour  Paris.

Les seules forces légitimes maintenant un semblant d’ordre sont les forces internationales. « Seulement, mentionne l’envoyé spécial de Jeune Afrique, leur manque de moyens et de connaissance du terrain est évident. » À Bangui, alors que les Français stationnés dans la capitale pour « épauler » les 1700 Rwandais et Burundais ne sont pas parvenus à mettre fin aux exactions ; on  imagine avec effroi la situation dans le reste d’un pays plus vaste que la France et la Belgique réunies, observe le journaliste. Néanmoins, un colonel des FACA, Alfred Service riposte, « on dépense des centaines de millions d’euros pour sangaris et Misca, nos hommes pourraient faire mieux avec moins » ! Ce qui correspond aux attentes de tous les centrafricains qui espèrent l’implication de leurs forces nationales dans les opérations et surtout être mises en avant.

Enfin, « la fin de cette transition d’ici à février 2015 paraît difficilement imaginable, puisqu’elle suppose l’organisation d’un scrutin dans un pays sans état civil et où la nationalité d’une partie de la population fait l’objet d’interrogations. Au-delà de cette élection, c’est surtout l’État centrafricain qu’il faut reconstruire. Ce qui pourrait prendre des années », conclut-il son paragraphe.

Puisqu’autoriser un réarmement de la force centrafricaine reste hors de question, Ban Ki-Moon a réaffirmé l’envoi de 12000 casques bleus, selon l’agence Xinhua pour Afriquinfos du lundi 7 avril, en Centrafrique, toujours livrée à des violences meurtrières depuis plus d’un an. « Je continue à exhorter la communauté internationale à agir promptement pour le déploiement de ces soldats », a t-il déclaré. Au début de décembre 2013, rapporte le journal, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de 2000 soldats français et 6000 soldats africains pour rétablir l’ordre à Bangui. Malheureusement ils peinent à remplir cette mission, compte tenu de l’obstination des groupes armés, surtout les milices d’autodéfense anti-Balles AK qui continuent d’entretenir le climat d’insécurité. « Le peuple centrafricain n’a plus raison de s’entretuer », a conclu M Ban Ki Moon pour montrer son attachement. Il n’a que trop souffert.

La presse malienne au secours de sa consœur centrafricaine

Un Groupe de réflexion pour la contribution de la presse dans la résolution de la crise centrafricaine (GRCPRC) a été lancé, ce samedi, à la Maison de la Presse du Mali, en présence d’un parterre de journalistes de la presse audio-visuel, écrite, orale, des medias en ligne et autres organisations, a rapporté  Malijet ce lundi  07avril.

Le GRCPRC, selon ses initiateurs a pour objectifs d’exprimer la solidarité de la presse malienne envers celle de la Centrafrique, victime de la crise ; favoriser l’apaisement de la situation en Centrafrique en jouant sur son segment religieux qui l’a rendu complexe et partager avec les populations centrafricaines, l’expérience malienne du dialogue interreligieux et la coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans,

« Nous avons créé le GRCPRC pour venir en aide à nos confrères centrafricains, tout en gardant les yeux rivés sur notre propre sort», a déclaré Boukary Dao.

Les membres du GRCPRC entendent taper à toutes les portes, afin d’appuyer leurs confrères de la Centrafrique avec des équipements de travail : ordinateurs, dictaphones et appareils photos, a résumé le rapporteur A. Berthé.

Accord préliminaire entre le Fmi et la Centrafrique

Enfin dans un communiqué n° 14/153 du FMI publié, le 03 avril 2014, au titre de la Facilité de Crédit Rapide pour soutenir la Centrafrique, une mission conduite par M. Ekué Kpodar, a séjourné à Douala, Cameroun, du 24 mars au 2 avril 2014 pour finaliser les discussions avec les autorités centrafricaines sur un programme d’urgence qui pourrait être appuyé par la Facilité de Crédit Rapide (FCR) du FMI.

La mission a eu des entretiens avec le Ministre centrafricain des Finances et du Budget, M. Rémi Yakoro et sa délégation ainsi qu’avec les partenaires au développement représentés (Banque mondiale, Banque africaine de Développement, Union Européenne et la France).

« Les autorités centrafricaines de la Transition et la mission du FMI se sont entendues sur un cadre macro-budgétaire et un ensemble de politiques et mesures économiques et structurelles en vue de restaurer progressivement la stabilité macroéconomique, redresser les finances publiques, renforcer les capacités de l’administration centrafricaine et coordonner l’assistance technique ».

« Dans le domaine budgétaire, la priorité est d’entamer un redressement graduel des finances publiques. »

 « Enfin, la mission a eu des échanges sur l’esquisse de la politique budgétaire pour 2015 ».

Depuis quand une mission d’instruction, est-elle tenue dans un pays autre que le pays bénéficiaire de l’aide ?

L’autorité de l’Etat perdue, vient la déchéance de la souveraineté.
Pauvre Centrafrique.

Joseph GRÉLA

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