Chronique de GJK

LE CENTRAFRICANOPTIMISME

UNE VOIE DE LA RENAISSANCE CENTRAFRICAINE
(article du 25/02/2014)

Il était une fois, deux frères centrafricains, héritiers majeurs, issus d’un couple islamo-chrétien très pieux. L’aîné de la fratrie, fervent musulman, était un rigoureux pratiquant des préceptes du coran, tel qu’enseignés par le prophète Mohamed. Le benjamin quant à lui, était tout confit en dévotion au Dieu trinitaire et unique, révélé par Jésus-Christ. Cependant au fond, les deux frères centrafricains, se vouaient mutuellement, une haine féroce et mortelle, sans que l’on en sût jamais la raison. Toutefois, ils étaient condamnés à habiter ensemble, l’unique  grande maison, seul riche héritage, légué par leurs défunts  parents. Un jour, le plus déterminé, alla s’adresser à un féticheur étranger.  A l’issue de leur entretien, le féticheur remit à l’apprenti meurtrier, un flacon d’une potion limpide et mortel à retardement, dont il suffisait d’administrer deux gouttes à chaque repas, pendant trois semaines consécutives. La mort devait  survenir instantanément à la dernière goutte. Par ailleurs, la principale clause du contrat criminel non écrit entre le duo d’assassins complices, prévoyait, d’une part, que  le féticheur  ne pouvait prétendre à sa récompense d’un million de FCFA, qu’une fois la mission accomplie et  le résultat obtenu ;  d’autre part, le frère apprenti meurtrier, de peur d’éveiller de possibles  soupçons de fratricide, devait, en même temps qu’il se livrerait à sa basse besogne, se réconcilier avec son innocent frangin, à qui il se devait de témoigner un indéfectible attachement. Aussitôt dit, aussitôt fait. Bientôt, toutes les contrées de la RCA, ne parlèrent des deux frères centrafricains, le musulman et le chrétien, qu’en des termes élogieux, et à chaque occasion, ils étaient cités comme exemple vivant d’amour, d’amitié, et de fraternité agissante. On arriva alors à une semaine de l’échéance fatidique prévue pour l’irréversible décès par empoisonnement de l’innocent frère, c’est-à-dire deux semaines déjà passées, d’ingurgitation du liquide fatal. Le frère apprenti meurtrier, bien que cela ne fût pas convenu, revint cependant, la mort dans l’âme, trouver son complice de féticheur avec qui, il eut le dialogue ci-après :

 Honorable féticheur, je te verse immédiatement ton argent tel que convenu entre nous. En plus, voici une somme du même montant, soit au total deux millions de FCA. Mais s’il te plaît, trouve-moi séance tenante, l’antidote, capable d’annihiler en une seule fois, les effets du poison que j’ai administré à mon frère

Pourquoi cela mon cher fils ? s’enquit le féticheur, l’air contrarié.

Je m’étais en effet lourdement trompé sur le compte de mon frère. Lorsque je me suis approché de lui, j’ai découvert qu’il recélait un incomparable trésor d’amour, des qualités humaines exceptionnelles et rares, ainsi que d’énormes  potentialités inexplorées. Je veux qu’il vive afin que moi-même je puisse exister.

Cher fils, rien qu’à t’entendre, je viens de recevoir plus que de l’argent. Tu vois, je t’avais donné dans ce flacon, une simple eau pure et limpide. Elle ne pouvait faire de mal à ton frère, ni à personne d’autre. En revanche, elle a servi à purifier ton cœur, de toute jalousie et de  toute haine à l’égard de ton frère. De plus, elle t’a rendu responsable de la vie de l’autre et de ton propre destin.

Tel est ainsi condensé, dans  cette allégorie philosophique, l’essentiel de notre concept du CENTRAFRICANOPTIMISME, une voie  positive, une démarche salutaire, et un processus de rédemption du Centrafricain,  à la vie, dans son acception la plus large. Cette vie, ce CENTRAFRICANOPTIMISME, naît à l’existence et au mouvement, à partir  d’un questionnement sur la façon de penser et d’agir du centrafricain, une remise en cause permanente de soi-même, et surtout, une ferme volonté de prendre ses responsabilités et toutes ses responsabilités, vis-à-vis de sa propre personne, de son compatriote Centrafricain,  et de son pays, la Centrafrique.

En effet, quand on est Centrafricain, et  que l’on aime son pays, quoi de plus normal. On aime son pays, mais qu’est- ce qu’on fait pour lui ? « That is the question », et  cela devient un peu plus compliqué. On fait des choses pour son pays, mais tout bien considéré, de quel bilan peut-on s’enorgueillir ? A ce stade, la controverse se soulève certainement. Et si l’on s’enorgueillit de ce que l’on fait, pourrait-on un jour se reposer en paix, avec la conscience tranquille du devoir accompli, et du fond de sa tombe, la tête bien droite et  les yeux levés au ciel, se rassurer, d’avoir légué à la prospérité, un héritage satisfaisant, qu’elle pourrait  exploiter, et développer convenablement? Le débat peut alors s’ouvrir. Et si tel est le cas, cette postérité, pourrait-elle à son tour, perpétuer et transmettre l’héritage reçu, aux générations suivantes, et ainsi de suite, de génération en génération ? La discussion peut alors s’animer et s’intensifier.

A vrai dire, il y ‘a tout à parier, que très peu de Centrafricains, miseraient sur l’avenir de la RCA à l’heure actuelle. A commencer par les politiques, qui, à des degrés et titres divers, tiennent en main le destin du pays. Ils chercheront systématiquement à trouver des justifications bancales, à leur propre incompétence,  et leur piètre performance. Ils obligeront les plus naïfs, à comprendre et à accepter, que  la vision idyllique que l’on a souvent du pouvoir, quand on en est loin, n’a rien de comparable,  avec les réalités de la charge, toutes les difficultés concrètes du terrain, et les titanesques problèmes de  gestion des  affaires publiques, d’une Centrafrique en totale faillite. Fichtre ! Mais pourquoi se livre-t-on, une telle compétition, pour parvenir absolument au sommet de l’Etat, quand personne n’ignore la terrifiante situation de la RCA? Quant aux catégories d’intellectuels inachevés et déplorables, que constituent d’un côté les dangereux équilibristes politiques, et de l’autre les universitaires blasés, sourds et muets, ils représentent tout ce qu’il y’a de plus désespérant pour la RCA, qui ne demande qu’à renaître. Mais qui n’a pas sa part, dans l’indicible et incomparable descente aux enfers de la Centrafrique ? Tous les Centrafricains,  sont fautifs et à ce titre condamnables, sans exception, et autant qu’ils sont. Pourtant, chaque Centrafricain peut se vanter d’être le légataire désigné de cette terre où le moindre grain même jeté avec négligence et mépris pousse ; de ce sous-sol qui attire toutes les convoitises, des pays étrangers aussi enviables que détestables ; de toutes ces  valeurs  culturelles traditionnelles rejetées, ces grandioses potentialités artistiques négligées, cette  spiritualité bafouée.

Par conséquent, tout Centrafricain, quel qu’il soit, devrait s’obliger à trouver par lui-même, la voie de son implication, en vue du salut et la renaissance de la Centrafrique, sans qu’il ait besoin nécessairement, de se croire appelé ou  prédestiné,  à  être ou à faire, plus que ce que l’on vaut ou peut. Cette  implication dans la relance du pays, devrait passer par la prise en main de ses responsabilités, individuelles, familiales et sociales, comportement qu’incarne notre concept appelé  CENTRAFRICANOPTIMISME.

En effet, le CENTRAFRICANOPTIMISME, est d’abord et avant tout, la fierté d’être Centrafricain, de se sentir, de vivre et d’agir en Centrafricain. Cette identité centrafricaine, appelée encore Centrafricanité, est fondée sur le respect de la vie humaine, tel que l’ont enseigné toutes les cultures, traditions et civilisations centrafricaines millénaires.

Le CENTRAFRICANOPTIMISME, se veut également croyance en un Être Suprême, quel qu’il soit, Dieu des ancêtres, du blanc colonisateur, ou du musulman conquérant, dans tous les cas, un Dieu opposé à la haine, à la barbarie, à la jalousie et au rejet de tout ce qui n’est pas soi.

Le CENTRAFRICANOPTIMISME, est aussi désir de réussir par le moyen de son propre travail, le travail efficace de ses mains, ou de sa réflexion, pourvu qu’il soit toujours bien fait.

Le CENTRAFRICANOPTIMISME, c’est enfin, le refus de s’installer confortablement dans sa misère, et de légitimer son désespoir; c’est le refus de la compromission et de toutes formes de malhonnêteté et de corruption, principalement intellectuelle et politique. La RCA a beaucoup souffert  et souffre encore de ses élites intellectuelles et de ses hommes politiques qui devront se ressaisir coûte que coûte. L’opérateur économique Centrafricain pour sa part, devrait cesser, de jouer le baron et le bourgeois sans capital, et arrêter de se surendetter pour paraître. Bien au contraire, il devait s’inspirer du milliardaire ouest africain qu’on ne peut soupçonner, du Sud- Africain créateur d’emplois, et surtout, de l’Asiatique travailleur efficace et infatigable.

Aux paysans et au peuple Centrafricain  tout entier, le CENTRAFRICANOPTIMISME veut faire comprendre, qu’il est plus facile de dire, c’est la faute au chef de l’Etat, au Premier Ministre, au gouvernement,  et à tous ceux qui ont accepté de  participer à la vie publique. Mais que peut faire chacun, pour que la RCA renaisse quand on sait que dans ce pays, il y’a toujours quelque chose de formidable à faire, si l’on veut. Les étrangers qui ont bien voulu s’installer en Centrafrique et épouser les valeurs Centrafricaines, l’ont merveilleusement compris, eux qui trouvent leur compte dans l’exercice de diverses activités économiques très porteuses. Aussi, à en vouloir gratuitement à ces derniers, au point  de s’attaquer, détruire et vandaliser gratuitement tous leurs biens, il y ‘a là, quelque chose d’indécent qu’il faut clairement et officiellement dénoncer. Au demeurant, il n’y a aucune fatalité à  être Centrafricain, et même s’il persiste à exister encore de nombreux Centrafricains égarés, il faut chercher les voies et moyens de  les réinsérer socialement, et surtout de faire payer à ceux qui le doivent, leur dette pénale imprescriptible, à l’égard de toute la Nation.

Le CENTRAFRICANOPTIMISME, ne saurait souffrir de trahison, quant au devoir d’honorer et rendre justice, à la mémoire de tous ceux qui ont versé leur sang, pour que demain le pays  renaisse à la vie.

En conclusion, que tout Centrafricain, pour peu qu’il veuille s’offenser du concept du CENTRAFRICANOPTIMISME, tel qu’énoncé et développé ici, puisse se dire et se convaincre librement et simplement, qu’il n’est pas celui dont on parle, à travers ces lignes. En revanche, tout compatriote se sentant interpelé, est appelé dès à présent  à semer,  entretenir et faire germer en lui, dans sa famille, et autour de lui,  sa petite  graine de CENTRAFRICANOPTIMISME.

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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