Chronique de GJK

RCA : ACTE DE BRAVOURE PRESIDENTIEL OU ULTIME BRAVADE POLITIQUE D’UNE TRANSION EN PERIL ?

Pour célébrer demain mercredi, dans une joie profonde et une allégresse sans mesure, le très mémorable et historique samedi 13 août 1960, qui marque en cette année 2014, le 54ème anniversaire de l’accession à la souveraineté internationale de la RCA, Catherine Samba-Panza, s’est adressée par anticipation dirions-nous, le samedi 9 août 2014, à une foule de Centrafricains rassemblés au stade Omnisport de Bangui, à l’issue d’une marche officiellement organisée, pour la PAIX et l’UNITE en Centrafrique. Dans une très brillante et courageuse « DECLARATION D’INDEPENDANCE DE LA RCA », la Présidente de la Transition, Chef de l’Etat, a offert pour ainsi dire, de libérer la Centrafrique et les Centrafricains de la servitude et de la misère, ainsi que de consacrer par un acte de bravoure présidentiel, une Centrafrique en marche vers l’unité, la paix, la stabilité et la démocratie; mais aussi et surtout, une Centrafrique à jamais déterminée de s’affranchir de toute tutelle, et de toute tentative d’ingérence extérieure dans ses affaires :

«Je suis Chef de l’Etat, et ce n’est pas l’extérieur qui doit m’imposer quoi que ce soit…. je ne céderai pas au dictat de l’extérieur ». Dixit la mère de la nation.

De la part de tous ceux qui étaient présents à cette manifestation aux allures de meeting de fin de campagne, la Chef de l’Etat a très longuement été applaudie des dix mains – comme l’on dit chez nous -, pour son discours, mémorable et historique (?).

Tout d’abord, rappelons au passage, que  Catherine Samba-Panza, qui fut maire de la capitale avant de devenir Présidente de la Transition élue par le CNT – dans des conditions douteuses que plus personne ne dément -, n’a jamais eu de véritables contacts avec le peuple centrafricain. L’on peut comprendre et admettre dès lors, qu’elle puisse, confondre la foule des applaudisseurs publics et des « acclameurs » surchauffés, au peuple de la Centrafrique des profondeurs. Cette Centrafrique du peuple silencieux et vigilant, a sans doute préféré laisser aux dirigeants qui s’agitent dans tous les sens, le soin et le temps d’épuiser leur propre logique, et peut-être – s’il n’est pas tard -, de retrouver toute leur lucidité, leur bon sens et la raison qui semble faire défaut à certains.

Ensuite, l’on peut aisément imaginer, qu’en ce dimanche 10 août 2014 au soir, le représentant de la communauté internationale en Centrafrique, a eu l’élégance du bon perdant. Ce dernier a dû téléphoner immédiatement à Madame Samba-Panza, dans le but de reconnaître son exploit légendaire, lui jeter des fleurs pour sa « campagne décrétoriale » très réussie, et surtout pour la féliciter et l’encourager de l’acte de nomination de son nouveau Premier Ministre

Aujourd’hui, l’on est tenté de courir toute l’histoire du monde, plus particulièrement celle de l’Afrique noire, pour chercher et trouver, à qui faille-t-il désormais comparer Catherine Samba-Panza, notre héroïne nationale et mère de la « seconde déclaration d’indépendance » de la Centrafrique. Serait-ce à Abla Pokou la grande reine et sauveur des baoulé de Côte d’ivoire ? Ou encore à la reine Nzinga du royaume de Matamba d’Angola ? Ou enfin aux intrépides Amazones du Dahomey ?

Non, Catherine Samba-Panza, n’est ni  Jeanne d’Arc, ni Simone Gbagbo, moins encore Ellen Johnson-Sirleaf. On ne peut la comparer à Sékou Touré en Guinée, Sankara du Burkina-Faso, Gbagbo de la Côte d’Ivoire, ou encore Robert Mugabé, le dernier des dinosaures africains.

Que l’on veuille bien se rassurer. Madame Samba-Panza, ne manque ni de courage, ni d’intelligence ou de volonté, bien au contraire, et cela est même indiscutable. Cependant on peut constater simplement sans risque de se tromper, qu’elle s’appelle Catherine Samba-Panza et non autre chose. Qu’elle a le bonheur ou le malheur – cela dépend d’où on la regarde -, d’être Présidente de Transition d’une république « anormale » en guerre, divisée, et dont les seuls records au monde, sont les taux les plus élevés de pauvreté, d’analphabétisme, de criminalité, d’insécurité, de gabegie, de rébellions et coups d’état ; avec par-dessus tout, la mauvaise gouvernance, la corruption, l’inconscience et la prédation institutionnalisée de tous ses dirigeants depuis plusieurs décennies. Et ce n’est pas faire honneur à notre pays que de ne pas reconnaître tous ces maux tant décriés. Ce n’est pas rendre justice aux Centrafricains, que de pousser à l’extrême le chauvinisme ou cette espèce de faux sursaut d’orgueil, qui n’ont pour seul objectif, que d’aider certaines personnes à se maintenir au bord de la « mangeoire nationale », quitte à prouver à la face du monde qu’il existe des HOMMES CIRCONCIS et des MÈRES COURAGES en Centrafrique, bien décidés à résister, mieux que leurs prédécesseurs en exil suite à un coup de force ou à une démission. Mais quand arrive souvent la fin, quand le miel du pouvoir tourne au fiel, quand « ça commence à chauffer », c’est toujours encore vers ces mêmes nokô – cousins, ceux-là même qu’on a longtemps nargués, qu’on repart crier au secours. Comme dit le proverbe « si quelqu’un  feint de ne plus savoir où il habite, ignorez-le ! Dès les premières gouttes de pluie, il retrouvera tout seul le chemin de sa maison. »

Et puisque nous y sommes, analysons sans passion la nomination du Premier Ministre qui vient d’avoir lieu, à la lumière des réalités internes et de la dépendance incontournable de notre pays vis-à-vis de l’extérieur.

Sur le plan national, cela est désormais établi, prouvé, avéré et plus jamais démenti, que Catherine Samba-Panza, est bien une émanation de la Séléka ; la Présidente de la Transition dont l’élection laisse définitivement planer l’ombre d’un doute, n’est en réalité qu’un pur produit, une « pâte à modeler », un « deus ex machina » de la fabrication de « l’ingénieur » Djotodja, qui possède encore et toujours une très grande influence sur son poulain.

Eu égard à ce qui précède, était-il vraiment opportun de nous nommer au poste de Premier Ministre un autre Séléka ? Cette nomination, à ne point douter, ne va-t-elle pas créer encore plus de troubles en RCA, au lieu d’être une voie de solution vers la paix et la stabilité ? Telles que posées ainsi, ces questions n’ont rien à voir, ni avec les qualités et les défauts – tout le monde en a -, du nouveau Premier Ministre, ni avec ses capacités et compétences professionnelles. Ce sont là, que de simples éléments d’une analyse qui se veut objective. De surcroît, avec les nombreuses tendances et les diverses prises de position à l’intérieur de la Séléka, l’on a maintenant l’impression d’assister en toute impuissance, à des parties de « dépeçage » du pays par cette coalition qui, grâce à Catherine Samba-Panza, a toujours continué de gouverner la RCA. Que dire alors des Antibalaka, des regroupements et associations politiques, de la société civile et de cette grande majorité du peuple qui se sent si négligé ? Une chose est certaine, à la moindre occasion, il risque d’avoir du grabuge. La RCA aurait dû faire l’économie de ce désordre en perspective.

Du point de vue des relations avec la communauté internationale : la RCA est cette grande malade soumise à de multiples perfusions, et qui plus est, semble ne pas présenter les symptômes d’une nette et  prochaine guérison. Pour quels intérêts et raisons, une question de nomination – fut-elle celle d’un premier ministre – devrait-elle pousser nos dirigeants à aller jusqu’au choc si frontal et brutal, avec ceux, sans l’aide desquels, ce pays aurait encore plus de mal à s’en sortir ? A y réfléchir, le peuple n’a aucun intérêt dans un tel bras de fer. En même temps, les dirigeants qui s’y sont engagés, ont bien du mal à convaincre les Centrafricains, de leur propre sincérité, du bien-fondé et de la justesse de ce combat du pot de terre contre le pot fer. Malheureusement, la grande victime demeure une fois de plus le peuple centrafricain.

En étant réaliste sans être pessimiste, combien de gouvernants africains, ont-ils réellement osé s’en prendre à la façon de Samba-Panza, à cette communauté internationale, sans grandes précautions et sans avoir payé le prix de leur audace, d’une manière ou d’une autre ?

Au fond, ce que l’on peut reprocher à Catherine Samba-Panza, ce n’est pas tant sa bravade, que les raisons, les circonstances, l’impression d’un manque total de sérénité des débats, l’entêtement, et le sentiment de défendre ses propres intérêts au lieu de ceux du peuple. Bref, de l’AMATEURISME qui n’arrange pas les affaires des Centrafricains.

En définitive, et à moins de vouloir jouer un rôle d’opposant, ce qui n’est ni ma vocation première ni ma finalité dernière, je ne peux que souhaiter à Catherine Samba-Panza, et à son nouveau Premier Ministre, d’apporter dans les plus prochains jours, les meilleurs résultats que le peuple attend en matière de sécurité, de paix sociale et surtout d’intégrité territoriale de notre pays. Il ne doit pas être question d’ici à un mois, de nous chanter encore un refrain  du genre « je ne pouvais m’imaginer l’ampleur et toutes les difficultés de la mission pour laquelle je me suis engagé ». Le nouveau Premier Ministre sait très bien, plus que quiconque en Centrafrique, ce à quoi il s’engage. Il est l’un de ceux qui ont créé et gérent depuis toujours la crise actuelle, en tirant toutes les ficelles dans tous les sens. Par conséquent il ne peut que détenir différents plans de A à Z , et offrir les solutions les plus efficaces. Bon vent à vous PM.

C’est pourquoi , quand nous avons appris qu’au stade Omnisport, la foule scandait « Plus jamais ça », nous, nous avons plutôt envie de crier « Jamais plus… ! »

Jamais plus le silence face à la barbarie des uns et des autres !

Jamais plus de  hiboux aux regards gluants pour sucer le sang du peuple,

Jamais plus l’impunité,

Jamais plus l’insécurité,

Jamais plus les diamants du peuple détourné

Jamais plus un gouvernement régionaliste

Jamais plus un gouvernement d’incompétents

Jamais plus de prédateurs institutionnalisés

Jamais plus les intérêts des dirigeants avant ceux du peuple

Jamais plus les riches avant, et les pauvres après

Jamais plus de primes aux rebelles

Jamais plus…

Jamais plus…Jamais plus…

Maintenant, plus que jamais, tous les religieux, regroupements et associations politiques, la société civile et tous les leaders d’opinion, devraient sortir chacun de sa léthargie et de son silence, pour prendre toutes ses responsabilités et jouer franc jeu

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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