Libre opinion

VOILA DES ÉLÉMENTS POUR UNE VUE CLAIRVOYANTE ET LUCIDE : « PENSER LA VIOLENCE EN CENTRAFRIQUE »

Par Léon Kidjimalé Grant

Cette vue est celle que souvent j’ai exprimée et défendue dans presque toutes mes publications politiques. « Allons plus loin pour nous souvenir » qui date du 20/03/2013 (cf sozowala).

En effet, « Entre l’histoire et la politique, il y a la mémoire, à la fois témoignages, souvenir et creuset collective* »,

« Les Centrafricains ne lisent pas beaucoup… », Disait M. Penel !

Et si le Mal Centrafricain est situé dans la mémoire que l’on tarde a réactiver!

Et si toutes ces tentatives de rencontres, par des Conférences, des Dialogues Inclusives, des Forums en perspectives…ne sont que des palliatifs, qui illustrent la nécessité de la Mémoire collective !

Et si, la « mal gouvernance », le tribalisme, la cruauté et la sauvagerie ne sont que la répétition cyclique en tant que des « vilains bébés », nés des atrocités passées louvées dans l’inconscient collectif de chacun. Les spécialistes disent qu’oublier un passé douloureux, c’est se condamner à le reproduire.

Et si jusque-là, nous ne nous sommes guère emparé de vrais outils pour résoudre nos problèmes, où allons-nous ?

Il vient qu’il nous faut comprendre qu’ignorer son histoire, c’est perdre la mémoire et déambuler comme des zombis. La mémoire a deux dimensions: individuelles et collectives. L’histoire de la RCA est parsemée de violences.

Les moyens catharsiques partout expérimentés par la psychiatrie, la sociologie, la psychologie, etc. pour arriver à une résilience n’ont pas été utilisés.
La République doit édifier des monuments aux morts, inaugurer des écoles, des rues, portant le nom des résistants à la barbarie tout au long de notre histoire. Bref, les commémorations doivent dorénavant faire partie de notre culture. Pour cela il faut donner du sens sur le plan scolaire pour que la jeunesse s’empare des pans entiers mais oubliés de notre histoire depuis l’esclavage arabo-musulman jusqu’à la tragégie actuelle.
Le tata de Sénoussi à Ndélé est le point de départ de cette (re)visite de notre histoire. Ainsi, il convient de le faire reconnaître par l’Unesco comme patrimoine de l’humanité et en faire la promotion.
Que pensez-vous que font les autres, lorsqu’ils commémorent le Centenaire de la Guerre 14-18 qui a fait autant de morts, et de victimes ?

C’est pour que la Mémoire des uns et des autres soit irriguée par les réalités passées mais toujours possible de refaire surface, car 3 Ce qu’un homme ou une femme a fait ou commis, un (e) autre peut le refaire.

*Alain Duhamel, « Une histoire personnelle de la Ve République » aux éditions Plon page 9.
LGK

Du 22 au 25 octobre 2014, la sociologue Françoise Parmentier, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, l’évêque Marc Stenger, l’imam Tareq Oubrou, le magistrat Antoine Garapon et l’historien Jacques Sémelin se sont rendus en Centrafrique pour rencontrer des intellectuels de l’université de Bangui, du centre catholique, de la faculté protestante, du monde musulman et ceux qui gravitent autour de l’Alliance française. Au cœur des rencontres: le thème de la violence extrême qui se déchaîne dans ce pays depuis deux ans…
(cf. www.la-croix.com – LARCHER Laurent – 7/11/2014)

I. Que dit le Pasteur Jean-Arnold de Clermont dans « Penser la violence en Centrafrique » ? :

1er) – « En Centrafrique, permettre un dialogue des mémoires »
14/11/14 – 16 H 26 – www.la-croix.com

Pasteur Jean-Arnold de Clermont était membre de la délégation Pharos qui s’est rendu fin octobre en Centrafrique afin de nouer un dialogue avec des personnalités locales sur les raisons de la violence dans le pays.
« Nous avons rencontré 120 intellectuels de tous horizons, musulmans et chrétiens, au sujet des violences extrêmes qui ont eu lieu depuis un an et demi : des gens découpés, enterrés vivants, des scènes d’anthropophagie… La logique de la vengeance est claire. Les milices de Michel Djotodia (auteur d’un coup d’État en 2013, qui a depuis démissionné) étaient sanguinaires, des massacres ont répondu aux massacres. Mais il y a autre chose. Cette violence semble venir de frustrations accumulées pendant cinquante ans de mal-gouvernance, de l’époque coloniale et d’une mémoire précoloniale de l’esclavagisme sous le sultanat. Nous avons été frappés par la situation des intellectuels : ils sont à l’écart de la vie politique et ne parlent pas ensemble. Il semble que jamais les divisions ethniques n’aient été affrontées ni verbalisées, qu’une haine ancestrale a resurgi au moment de la crise, où tout s’est enflammé. Nous voudrions permettre ce dialogue des mémoires, aider des personnes de tous les groupes à évoquer leur vie ensemble et échanger leurs récits. »

2e) – Penser la violence en Centrafrique. « De fil en aiguille, la confusion s’établit entre le sociologique et le religieux ». Pasteur Jean-Arnold de Clermont
7/11/14 – 00 H 00 – www.la-croix.com
A l’arrière-plan des violences en Centrafrique, il y a sans aucun doute des tensions interreligieuses. Si les principaux leaders chrétiens et musulmans affirment la tradition de cohabitation pacifique entre les uns et les autres, il n’empêche que de fortes tensions se sont manifestées depuis longtemps. En 2008, dans une enquête du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), à la question : « Vous sentez vous exclus ? », 29 % des chrétiens centrafricains disaient oui pour des raisons économiques, 51 % des musulmans pour des raisons religieuses. Les musulmans sont négociants, éleveurs, diamantaires. Et ainsi que nous l’indiquait l’un de nos interlocuteurs, au marché ils représentent 70 % des commerçants, tandis que 40 % des acheteurs potentiels sont pauvres. D’où une jalousie évidente : « Eux sont riches, nous pas. » Ils ont donc été régulièrement rackettés par les forces de l’ordre, victimes de « délits de faciès ». Certains immigrés du Tchad appartiennent à des groupes ethniques de sanglante réputation. Ainsi de fil en aiguille, la confusion s’établit entre le sociologique et le religieux : le Tchadien, le riche commerçant, devient le musulman qui sera opposé au Centrafricain chrétien et pauvre. Dans les faits, un conflit à caractère politique, économique, ou ethnique devient un conflit interreligieux. Au moins dans son interprétation et dans son instrumentalisation par les politiques. Les conséquences en sont dramatiques.
Le drame éducatif se surajoute. Dans un état en faillite récurrente, ce qu’on appelle ici « les années blanches » dans le système éducatif se répètent ; ce sont des années où l’école n’a tout simplement pas lieu. Un représentant des étudiants de l’université nous disait : « Pouvez-vous imaginer que nous sommes en train de terminer l’année universitaire 2012-2013, alors que nous devrions entrer dans l’année 2014-2015 ? »
De même dans le primaire et le secondaire. À Sica III (quartier de Bangui), l’Église baptiste a mis en place une école primaire alternative, mais en l’ouvrant aux mères des jeunes enfants qui, elles, ont été victimes de ces années blanches ; avec leurs jeunes enfants, elles apprennent à lire et à écrire. Résultat : 52 % d’analphabétisme.
Plus grave encore, peut-être, est la perte des valeurs. Plusieurs nous ont indiqué la disparition de l’instruction civique ; mais c’est dans le quotidien de la vie sociale bousculée par des crises à répétition que cela se manifeste, et les enfants en sont les premières victimes. Les enfants témoins au jour le jour des exactions, des scènes de violence, des actes de barbarie. Témoins, et participants bon gré mal gré aux scènes de liesse autour d’un cadavre ennemi dépecé, eux qui dans la tradition culturelle centrafricaine étaient tenus à l’écart de la mort. Enfants des années 1970 qui répéteront de manière mimétique dans les années 1990 les violences dont ils ont été témoins vingt ans plus tôt. Enfants des années 1990 que l’on retrouve dans une violence sans frein aujourd’hui.
Comment ne pas poser la question des enfants d’aujourd’hui qui ont vécu et sont témoins de pire encore ? Comment briser ce cycle de la violence qui, en se nourrissant des violences passées, semble devenir sans limite ? Il n’y a certainement pas de réponse simple, ou plutôt aucune réponse ne pourra faire face à ce défi si elle ne prend la mesure de sa complexité, aussi bien économique que politique, culturel que social, ethnique que géopolitique.

II – Des extraits de réflexions présentés par d’autres membres de la délégation présente à Bangui :

– Penser la violence en Centrafrique. Les régimes successifs ont contribué au pourrissement de cette société. Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi-France
7/11/14 – 00 H 00 – www.la-croix.com

On a beaucoup mis en exergue le conflit entre islam et christianisme, présentant le drame centrafricain comme un nouvel avatar de cette confrontation sanglante universelle dans laquelle les minorités chrétiennes sont devenues un peu partout les victimes. En Centrafrique à proprement parler, on ne peut parler de minorités chrétiennes, puisque les chrétiens représentent 80 % de la population, mais si l’on situe ce conflit dans un contexte régional très agité, les proportions seraient probablement inversées…

– Penser la violence en Centrafrique. On écoutait, silencieux et sidérés. Jacques Sémelin, directeur de recherches Ceri-CNRS
7/11/14 – 00 H 00 – www.la-croix.com

J’ai rejoint cette mission en ma qualité de chercheur sur les violences extrêmes, sans rien connaître de la Centrafrique ou à peu près. Ma venue s’est décidée au dernier moment et je n’ai pu me préparer à ce voyage. J’ai donc découvert la Centrafrique à travers les paroles des Centrafricains. La première rencontre à l’université de Bangui m’a tout de suite marqué. Nous étions une vingtaine autour d’une longue table, assis sur des chaises rustiques dans une salle aux murs délabrés. Qu’importe, l’essentiel allait être la richesse de leurs paroles et la nature de nos échanges…

– Penser la violence en Centrafrique. PAROLES. Françoise Parmentier Présidente de Confrontations, association d’intellectuels chrétiens : « Ces témoignages de violence extrême renvoient chacun à lui-même »
7/11/14 – 00 H 00 – www.la-croix.com

« De retour de Bangui, comment ne pas se faire le relais du cri des Centrafricains qui ont vécu et vivent encore l’horreur : destruction des biens, incendies d’églises et de mosquées, tueries collectives, décapitations, dépeçages des corps post-mortem – certains tueurs n’hésitant pas à les manger –, viols des femmes… De vengeance en vengeance, une violence à la force d’un tsunami a déferlé sur ce pays. La plupart des universitaires, intellectuels, artistes, commerçants, entrepreneurs… musulmans et chrétiens, que nous avons rencontrés (au total une centaine dont une minorité de femmes) …

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