Par Danielle MBARI
Lorsque que la maison que l’on avait construite s’est écroulée dans une forte tempête et que tout est à reconstruire, il est évident que l’on devra être prudent dans la construction d’une nouvelle maison, d’abord dans l’élaboration des plans de la nouvelle bâtisse , puis dans le choix des matériaux et enfin dans la sélection des artisans qui seront chargés de réaliser l’ouvrage, et ce afin qu’il soit solide et résiste mieux aux agressions et intempéries. On appelle cela apprendre des erreurs et en tirer les conséquences.
En principe, cette même règle s’applique à tout ouvrage et, logiquement, également à la reconstruction de la maison « Centrafrique », soit celle d’un Etat intégralement tombé en ruines après une – que dis-je ? deux fortes tempêtes qui se sont abattues sur elle.
En sa qualité de donneur d’ordre, le peuple, s’il veut éviter que la maison s’effondre à nouveau, doit impérativement redoubler de vigilance et faire des choix, les bons !
L’architecte
Choisir l’architecte n’est pas une mince affaire. L’architecte, c’est celui qui, crayons en mains, (c’est plus sûr que l’informatique tant que le courant n’a rien trouvé de mieux qu’un va et vient à sa façon…) a pour mission de dessiner les plans, ou du moins de les signer…
Bien sûr, même les architectes qui avaient conçu les maisons précédentes se bousculeront au portillon pour décrocher le marché. C’est de bonne guerre, pratiquement « traditionnel » en Centrafrique, et quasiment inévitable étant donné que le donneur d’ordre n’a pas concrètement déposé plainte et que la Justice qu’on lui a (pas moins concrètement) promise n’est pas près d’être rendue. Bien que leurs maisons se soient lamentablement écroulées, les anciens architectes courent donc encore. Le donneur d’ordre doit les avoir à l’œil et, surtout, ne pas commettre l’erreur de se laisser entuber par quelque tactique de vente ou marketing que ce soit, mais tout simplement les écarter. Il sait déjà de quoi ils sont capables et leur confier une nouvelle fois l’élaboration des plans de la maison serait tout simplement fatal.
Les calculs statiques devront donc être méticuleusement élaborés et contrôlés afin qu’ils correspondent effectivement bien au modèle de bâtisse choisi. Ce n’est pas une fois que les murs seront montés et que la maison commencera à se fissurer avant de dégringoler qu’il faudra venir pleurer…
Aussi, les architectes ont souvent, par le biais de partenaires, des plans préconçus dans leurs tiroirs, des modèles de bâtisses « standard » qu’on a déjà construits un peu partout dans le monde. Le donneur d’ordre devra s’en méfier, car ce qui est le « standard » ailleurs n’est pas systématiquement bon partout ! Le donneur d’ordre devra faire preuve d’imagination, être force de proposition pour que le modèle de bâtisse correspondent vraiment bien à ses besoins et à sa culture, et qu’on ne lui refourgue pas un modèle de maison qui fait peut-être très chic et élégant chez d’autres mais serait inserviable et non adapté à un environnement qui lui est propre.
Les fondations
Elles sont l’élément essentiel de la bâtisse car ce sont elles qui ont pour rôle de supporter la totalité de sa masse. Inutile de vous dire que le peuple, donneur d’ordre, doit impérativement examiner hyper-méga-scrupuleusement la construction des fondations. Ce n’est pas une fois que les fondations et la dalle seront coulées qu’il faudra venir pleurnicher si la bâtisse est de nouveau de travers ou la dalle fissurée… Vigilance orange ? Non, rouge !!
Chaque mesure, voire chaque coup de truelle devront être examinés à la loupe et toute irrégularité détectée devra être immédiatement, vivement, massivement signalée et rejetée, et ce jusqu’à ce que les fondations correspondent EXACTEMENT aux attentes du donneur d’ordre. Il faut des fondations solides, en béton armé de tout première qualité, et le peuple DOIT user de sa position de donneur d’ordre pour faire valoir ses exigences, maintenant à tout prix. Car s’il ne le fait pas à ce moment-là du projet, il sera, comme d’habitude, le premier à payer quand la maison s’écroulera.
Les matériaux
Le choix des matériaux est tout aussi important que la solidité des fondations. Et l’essentiel n’est pas quelque crépis qu’on viendra apposer sur des murs, mais bien les matériaux choisis pour les murs eux-mêmes. Ainsi, il faut prévoir un subtil mélange de paix, d’amour, de respect, de lucidité et de vérité délicatement et solidement empilés et sans lesquels on verra la bâtisse encore et toujours dégringoler. Il faut absolument des matériaux « Made in CAR » qui sont, sans équivoque, les mieux adaptés à l’environnement. Celui qui doit se sentir bien dans la maison, c’est le donneur d’ordre, pas ses visiteurs ou « partenaires » intéressés, même si ceux-là doivent et sont prêts à contribuer financièrement à la reconstruction !
A ce sujet, étant donné que, malgré des conditions météorologiques plutôt favorables dans cette partie de la planète, les anciennes bâtisses se sont montrées absolument énergivores, il conviendra de prévoir un contrôle à distance des apports et pertes d’énergie. A défaut de pouvoir compter sur un système télécommandé, il sera judicieux que les « partenaires » chargent des experts d’effectuer le contrôle sur le terrain afin d’éviter les pertes d’énergie exubérantes telles que celles régulièrement subies par le passé.
L’entrepreneur général
Le choix de l’entrepreneur général est crucial ! Il est le chef d’orchestre de l’ouvrage. C’est lui qui choisit les responsables de chaque corps de métier, qui coordonne l’action et porte l’entière responsabilité de la construction jusqu’à son achèvement. Le donneur d’ordre doit apprendre de ses erreurs et ne plus confier l’ouvrage au premier venu, ni non plus aux losers auxquels il a déjà accordé trop d’honneur en acceptant qu’ils fassent ce job.
Vigilance, donc, cher donneur d’ordre !
Tu connais les enjeux, tu sais aussi que tes enfants sont fatigués et il est désormais impératif que tu accordes enfin de l’importance à ce qui en a vraiment au moment de faire tes choix. Tes enfants se disputent pour la couleur de la peinture, pour un oui, pour un non, mais c’est à toi de les calmer et de leur faire comprendre qu’ils doivent enfin s’entendre et ce qui compte vraiment. Tu sais que ta maison peut être à la fois solide et magnifique si seulement tu te donnes la peine et t’appliques à vraiment bien la réaliser. Tu dois tout mettre en œuvre, maintenant, pour que toi et tes enfants vous sentiez vraiment bien dans ta maison. Rien que pour eux, je t’en prie, ne te fais pas avoir une nouvelle fois !
Réveille-toi, Bêafrîka !
Danielle MBARI
Commentaires
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Ce sont des très bonnes informations ! Il faut bien considérer tout aspect de la construction avant de commencer les travaux. Depuis l’arpentage jusqu’à la peinture, on ne veut pas tarder les travaux parce qu’on avait oublié à consulter un professionnel. Bien sur, il y a toujours la possibilité des imprévus qui peuvent arrêter le progrès pour un moment.
Jean | Bérard Tremblay