Chronique de GJK

RCA : LA TRANSITION EN PANNE D’OXYGENE

Pays du moins bon et du pire, la RCA n’en finit pas de faire les frais de la division, du manque de courage, de l’immaturité, de l’incapacité, et de l’indignité de ses hommes politiques, dont l’égoïsme et la forte propension à la trahison sont par ailleurs les seules et tristes « vertus ». Il est temps qu’on arrête de dire à chaque fois « on n’y peut rien », et surtout d’éviter de chercher et trouver toujours, des bouc-émissaires, sur qui faire peser la responsabilité de tous les maux qui gangrènent  notre pays. A y réfléchir, comment font alors les autres états africains, même moins riches que nous, pour se sortir de la misère et des différentes crises ? Plus j’y pense, plus je me laisse convaincre que la transition que voici, la deuxième transition comme l’appellent certains analystes, cette transition qui manque d’oxygène et périclite, court le risque certain d’un inévitable « arrêt cardiaque ».

Il est inutile de revenir ici, sur les « Accords de Libreville » dont certains signataires, – j’entends par là ceux qui ont signé de leur propre main – laissent entendre clairement, qu’il ne fallait pas s’attendre à mieux, du moment où il s’agit d’un texte « personnalisé », rédigé à la hâte le couteau à la gorge, et signé précipitamment dans le but de sauver la tête d’un individu, et éviter le pire aux populations. Ce pire qui malheureusement est bien présent. Soit.

En essayant de considérer aujourd’hui les discours tenus et les actes posés par Madame Samba-Panza et son Premier Ministre (PM), j’ai envie de dire « halte-là », de grâce qu’on arrête de pousser aussi loin le ridicule au sommet du pouvoir. La Présidente de la Transition et son PM sont en effet  des « rois nus ». Ils ne détiennent aucun pouvoir réel. Ils sont donc condamnés à attendre les ordres de leurs « maîtres », et cela est connu. Pour mieux comprendre, il est bien facile de  remarquer par exemple, qu’à chaque fois que les décisions sont prises sur les propres initiatives de Samba-Panza ou de Nzapayéké, elles peinent à être appliquées et finissent toujours dans la « poubelle » de la République. Plus cyniques encore, souvent les « maîtres » s’amusent à donner leur accord préalable, et une fois que les mesures sont annoncées dans les médias, leur exécution est rendue impossible par des mains souterraines qui agissent, dans le but de « soulever le peuple » contre ces autorités de transition. Jugeons-en par ces quelques exemples :

  • Réarmement : les négociations dites avancées avec la communauté internationale, c’est du pipeau ! Les FACA peuvent se battre à mains nues ai-je dit. Mais qu’on leur permette au moins de se rassembler, de s’organiser, et en attendant que les armes arrivent, de s’occuper ne serait-ce qu’à remplir certaines missions citoyennes.
  • Le congrès de Ndélé : Que l’on nous dise tout maintenant, des complices internationaux à l’origine de ce « coup de force » ;
  • Le remaniement : il n’aura finalement pas lieu. Mieux, c’est un nouveau Premier Ministre que la communauté internationale s’apprêterait à nous imposer. Qu’il soit musulman,  pour moi personnellement, il n’ y a aucun fétichisme à cela, et je ne suis pas du tout mal à l’aise; ce d’autant plus qu’il s’agirait d’un Centrafricain compétent, quelqu’un qu’on  ne nous sort pas du chapeau, ni  de la liste des propositions de Séléka et Antibalaka,.
  • Le désarmement volontaire : le premier ministre Nzapayéké n’en fait qu’à sa tête, mais il lui faut bien montrer qu’il existe

Le pire dans tout cela, c’est quand la Présidente de la transition, et son PM sont obligés de se jouer des petits tours pour donner l’impression de diriger le pays. Tenez ceci :

  • Qui a imposé tant de « gbanziri » dans le gouvernement Nzapayéké ?
  • Nzapayéké était-il obligé lui aussi de constituer un « Gouvernement bis » à la Primature pour tenir tête à Samba-Panza ?
  • Qui du palais de la Renaissance et de l’immeuble Pétroca dit vrai quant à l’information sur la tenue du Congrès des Séléka de Ndélé ?
  • Pourquoi cette cacophonie entre Samba-Panza et Nzapayéké à propos des détails de la composition du gouvernement remanié qui n’aura plus lieu ?
  • Les auteurs d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, dénoncés publiquement  avec force, qui de Samba-Panza et Nzapayéké les protège en fin de compte ?

Si le « Parrain international » semble avoir déjà pris parti pour Samba-Panza, jugée « candide et coopérative », Nzapayéké le PM qui est un homme de caractère; sait pertinemment qu’il joue actuellement « seul contre tous ». N’était-il point peut-être, l’homme providentiel tant attendu, celui-là à qui il convenait de confier, la très lourde charge de former et de diriger un gouvernement de bonne fortune, susceptible d’extraire courageusement le pays, de cette marée boueuse aussi rouge de sang humain que noire de mauvaise gouvernance, et dans les profondeurs abyssales de laquelle, se retrouve à patauger piteusement la RCA, depuis au moins une génération. Concrètement, que lui reproche-t-on ? A l’intérieur, rien ne lui est épargné et il est incompris des populations pour qui les résultats effectifs des mois de primature Nzapayéké, restent très minces, et n’ont rien changé à leur existence. Le moins que l’on puisse dire, les bisbilles dans ses relations ambiguës avec la Présidente de transition, n’arrangent guère la situation du PM. Au niveau sous-régional, le PM n’est ni l’homme de Sassou et Deby, ni celui de Bongo et Obiang ou Biya. Quant à la Communauté internationale, elle ne « connaît » pas le PM. En définitive, entre l’humiliation « d’être démissionné » et l’honneur de démissionner soi-même, avant qu’il ne soit tard, le cœur du PM balance et ça rebalance. En attendant le PM fera encore parler de lui. Nzapayéké dont la compétence n’est nullement prise à défaut, peut encore faire monter les enchères et négocier ses « indemnités de licenciement et sa reconversion professionnelle » au niveau international. Et  il n’a pas tort, lui qui, le jour même de sa nomination affirmait : « Il y a une seule personne qui est élue ici, c’est Madame la chef de l’Etat. C’est elle…qui nomme le Premier Ministre et qui nomme le gouvernement ». C’est dire aussi, que le pouvoir de  démettre ou non les personnalités visées de leurs fonctions, revient à Samba-Panza  qui attend, consulte et hésite.

La transition issue de Libreville n’a tenu jusqu’ici, aucune de ses promesses. Elle finit par « user » ceux qui se sont engagés de bonne foi, et à émousser leur bonne volonté à servir leur patrie. Toutes proportions gardées, l’éventualité d’un scénario d’une profonde rectification du schéma actuel de transition paraît de plus en plus inévitable. Je souhaite simplement que l’on puisse nous inventer un autre mot que celui de transition qui semble revêtir une certaine malédiction quand il s’agit de la RCA.

En attendant, tous les candidats déjà entré en pré-campagne, devront poursuivre leur « tournée » salutaire de bienfaisance, et continuer à venir régulièrement au chevet du peuple centrafricain malade. La République leur en sera très reconnaissante. Pourvu que ça dure.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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Un commentaire

  1. C’est vraiment PITOYABLE la situation que vit notre cher pays depuis la prise du pouvoir par les extrémistes de la séléka…Effectivement les deux têtes de l’exécutif centrafricain sont au pouvoir sans avoir véritablement le pouvoir.
    Ils sont soumis aux caprices de mauvais goût par conséquent insupportables de l’ancienne puissance colonisatrice qui tire les ficelles par l’entremise de ses valets locaux bien connus et qui ne sont pas pourtant des modèles à savoir les dictateurs Déby et Sassou.
    Mais jusqu’à quand cette « bouffonnerie » va t-elle encore durer?
    Alors que ces deux potentats de la sous-région s’investissent tant bien que mal dans le développement de leur pays respectif en exploitant les richesses dans leur espace juridico administratif,au point d’évoquer l’émergence de leur état à l’horizon 20025, ils s’ingénient à entraver le décollage d’un autre pays qui pourtant constitue une composante d’un même regroupement économique sous-régional. A quelles fins?
    Que les chefs d’état ci dessus cités rétractent leurs tentacules et laissent les centrafricains prendre leur destin en main surtout qu’ils sont(Déby et Sassou) sur des sièges éjectables .
    Qu’ils comprennent qu’il n’est pas de bon ton de se réjouir du malheur des autres ou de l’intensifier… On ne sait jamais de quoi demain sera fait . Aujourd’hui c’est la RCA …demain à qui le tour?…A bon entendeur ,salut!

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