Libre opinion

RCA : pays abandonné des hommes et des dieux?

Par Orphée Douaclé Ketté

Il y a des bombes, des cessez-le-feu, des reprises des hostilités à Gaza, arrachant des vies humaines au sein de la population civile, dans une barbarie assumée ;

Il y a des avions qui ont disparu, explosent ou tombent les uns après les autres. Incompréhensible au vu de tous les moyens satellitaires et autres technologies qui nous sont vantés ;

Il y a la Libye qui s’enflamme après s’être fait torturer et violer par une croisade des puissances occidentales (France, Royaume-Uni et USA). Lesquelles ont quitté le pays honteusement dans un silence lénifiant ;

Il y a la montée sans cesse de l’Islam radical sur tous les continents. Le retour des jeunes européens combattants en Syrie ; Il y a Aqmi et Boko-Haram menaçant l’Afrique du Nord, de l’Ouest et voire du Centre. Les Shebab dans la corne de l’Afrique. Au Moyen-Orient il y a l’EIIL, sans oublier des attentats terroristes dans le Nord-ouest de la Chine, etc.

Pendant ce temps, nous assistons stupéfaits aux vaines et ridicules gesticulations de L’ONU. De capitales en capitales, des ministres se réunissent, font des déclarations. Sans résultats tangibles. Et les civils continuent de payer le prix fort.

La fameuse communauté internationale est devenue aphone laissant place à la défragmentation totale du monde où crimes et impunités se rivalisent.

La France, pour masquer son désormais manque de crédibilité et de poids sur la scène internationale, s’était trouvé un alibi fort intéressant : le crash du vol AH 5017 d’Air Algérie. Puis elle vient de se souvenir qu’il y a des chrétiens en Irak. Et donc il faut agir. Après les Etats-Unis, bien sûr ! ;

Il y a la fièvre hémorragique Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest. Malgré les assistances de l’OMS et des ONG, sa propagation semble n’avoir de limite… Le risque avéré de contaminations intégrant l’espace Afrique tout entier est à craindre.

C’est au milieu de ce monde tragique, et qui le sera de plus en plus, que la RCA patauge, englué dans sa crise récurrente. Et que chaque jour davantage les différents acteurs complexifient un peu plus les donnes.

De cette crise, il y a intervention de la CEEAC, de l’Union Africaine, de la France, de l’ONU, etc. Tous ont fait semblant de s’occuper gravement du problème centrafricain dont la dynamique et la solution leur échappent totalement. La forte agitation du monde, relègue désormais ce pays hors des agendas internationaux.

C’est maintenant que devrait se situer la période charnière de la Transition, pour prendre enfin les décisions courageuses que l’incompétence, l’absence d’autocritique, la lâcheté, l’aveuglement, la procrastination générale interdisent de prendre depuis le début de cette crise pour un retour progressif de la sécurité et la construction d’une véritable paix.

De cela, que nenni ! La Cheffe de l’Etat de Transition nomme un chef de gouvernement pour sa religion. Le lien de la religion et de la compétence n’est établi qu’en RCA… Puisque cela lui a été imposé par la sous-région, la Dame Catherine feint une supposée résistance pour calmer quelques ardeurs.

En dépit de ces agitations sans réflexion pour amuser la galerie Centrafrique, les autorités de la Transition, la classe politique, la société civile, chacun sait ce qui est à faire, par exemple :

L’application stricte des résolutions onusiennes avec stratégie et communication en amont ;

Le déploiement du DDR adapté au contexte centrafricain où le volet Réinsertion doit être précédé d’un plan ambitieux de formation orientée artisanale à l’égard de l’ensemble de la jeunesse Centrafricaine, et surtout en adéquation aux potentialités économiques des différentes régions ;

La place de la justice comme outil essentiel favorisant la réconciliation ;

L’expression réelle de la laïcité via la mobilisation des différents acteurs locaux (chefs de quartiers, maires de communes, écoles des partis politiques, etc.) pour l’éducation populaire ; etc.

Il reste encore une possibilité pour véhiculer ces informations, pour prendre et expliquer ces décisions lâchement négligées, si honteusement bâclées par l’ensemble de la classe politique. Et pis par les autorités de la Transition où l’Exécutif est représenté par des personnes inopinées et inappropriées.

L’urgence est de mise d’autant plus que la situation du pays est dramatique avec risque de partition et du schisme apparu dans la société ; bien plus qu’on veut bien le reconnaître ; bien plus qu’on essaie de le cacher par mille diversions (Accords, foras, tables-rondes, choix du premier-ministre pour sa religion, etc.) : la RCA n’est plus un Etat.

Malgré tout ce florilège de dangers, le pays se cramponne à son ancien statut qui l’a décomposé et qui n’est qu’une juxtaposition de castes, de communautés, d’ethnies, de corporations, de provinces, de régions, de générations, à qui l’élite s’est refusé à leur expliquer qu’elles ont et qu’elles auront, quoiqu’elles fassent, un seul destin. A qui l’intelligentsia ne veut expliquer, non plus, le formidable avenir qu’elles peuvent avoir ensemble, si elles s’en donnent la peine d’avoir un projet.

Assez cette manie de ressasser toujours le passé (médiocre). Pense à aujourd’hui et à demain. Pense à notre maison (notre pays la RCA)
Dramaturge Kenyan NGUGI WA THIONG’O

Aux différents acteurs centrafricains, il est assigné d’avoir maintenant le courage de penser à l’intérêt du pays et non à sa propre tranquillité pour devenir (ou redevenir) un Président, un ministre, pour avoir des per diems, pour des gloires viles issues des activités criminelles, etc.

Il ne reste, quelques temps, avant le déploiement des Casques Bleus, pour mettre enfin le pays tout entier au courant de la tragédie qu’il s’apprête à vivre :

Être la risée de l’Afrique en se divisant sur la base des religions (les deux religions sont les vecteurs principaux de l’esclavagisme) ;

De « confessionnaliser » la politique par le partage de l’Exécutif sur une base religieuse et non de la compétence. Une telle pratique vile risque de faire école dans les pays à bigarrure bi-confessionnelle tels que le Tchad, le Cameroun, la Côte-d’Ivoire, etc.

Le temps est venu de montrer à ce pays le chemin vers sa renaissance, sa grandeur et sa sécurité.  C’est un devoir imposé à chaque centrafricain.

Il ne reste que 6 semaines, avant l’arrivée des casques bleus de l‘ONU, pour que nous abordions réellement la reconstruction de la RCA.

Il n’est un secret pour personne. L’ONU ne peut faire ce que nous ne voulions faire. Soit la RCA réapproprie son destin en creusant elle-même les sillons pour sa renaissance ; soit elle se laisse entraîner. Le second cas n’est recommandé aux humains. Pourtant il est celui que les différents acteurs acheminent toute la communauté nationale.

Quand un pays est abandonné des dieux et des hommes, il cesse d’exister !

M. Orphée Douaclé Ketté
@ODouacle

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