Chronique de GJK

RCA : QUAND DES IMPOSTEURS ME PARLENT D’ACCORD, MOI JE PARLE DE MES MORTS !

C’est une logique désormais acquise, que de procéder quasi systématiquement, à la déportation des responsables centrafricains à l’étranger, pour les « inviter » à  participer – ou assister – , à la mise en scène souvent peu glorieuse, de certaines séquences de recherche des solutions, à l’interminable tragédie que vit la RCA. En ce sens, la capitale de la République du Congo, Brazzaville, vient de servir le 23 juillet 2014, de cadre à la signature d’un « Accord Politique » – portant enfin son nom -, entre principalement des représentants Séléka et Antibalaka, ces « frères » hypocrites, et intraitables acteurs criminels du drame centrafricain.

Accord ! S’il fallait lui donner une définition et un sens en Centrafrique, on trouvera très certainement que l’escarcelle de ce mot noble – mais de loin le plus galvaudé – est rempli avec tout un bric-à-brac de choses et d’autres. Depuis ces dernières années, loin de susciter des discussions profondes, d’aplanir des désaccords, d’aboutir à des engagements sincères et francs, et de consolider ainsi la paix, tout « Accord » entre belligérants centrafricains, a plutôt été l’occasion d’ouvrir d’autres champs de bataille où les morts se comptent par centaine. Pour ne parler que de ces sept dernières années, on notera que :

  1. Ce fut le non-respect de l’Accord de Paix signé à Syrtre en 2007, qui aura servi de prétexte – dès décembre 2012 -, à l’offensive et au déclenchement par la Séléka, de sa marche depuis Birao, vers Bangui. Chemin faisant, que n-a-t-elle donc pas commis comme crimes, viols, vols et pillages ?
  2. Sous la pression diplomatique de la CEEAC, mais surtout  compte tenu de la puissance de feu de Séléka, furent conclus le 11 janvier 2013, les fameux « Accords de Libreville ». Ont-ils seulement empêché cette nébuleuse déterminée et aux visées « partitionnistes » bien définies, d’entrer dans Bangui, de chasser Bozizé et de prendre le pouvoir ? Combien de morts n’a-t-on pas comptés sans citer les destructions et autres exactions à cette époque?
  3. Pour encadrer ces incultes parvenus au Palais de la Renaissance, et incapables de gérer par le « cerveau » ce qu’ils ont obtenu par les « muscles », la communauté régionale, convoquée au Tchad par le Président en exercice de la CEEAC, le « parrain » Idriss Deby Itno, adopta la « Déclaration de Ndjamena » du 18/04/2013. Mais à Bangui, Nourredine ne put s’empêcher de mettre en place un organe officiel du crime, le Comité Extraordinaire de la Défense des Acquis Démocratiques (CEDAD), tandis que la RCA devenait petit à petit un vaste champ de ruines et un cimetière à ciel ouvert.
  4. Le 10 janvier 2014, n’en pouvant plus, le même protecteur qui avait fourni les gros moyens et permis à la Séléka de s’installer à Bangui, prit la décision « salutaire » de débarrasser la RCA du criminel en chef Djotodja. Ce fut en présence des « Déportés du Tchad », les membres du Conseil National Provisoire. Dans la foulée, les Antibalakas, jusque-là considérés avec bienveillance comme des milices d’auto-défense, crurent alors que l’heure de leur « bonheur criminel » avait sonné ! Malgré l’élection de Madame Samba-Panza et toutes les mesures de sécurité adoptées, rien n’y fit. Le sang des Centrafricains, surtout ceux de confession musulmane, n’arrêta plus de couler, entraînant en réponse des représailles dont sont victimes de pauvres innocents. Le 05 décembre 2013, jour du déclenchement de l’opération Sangaris, – et depuis lors – la RCA est mise en coupe réglée par les groupes Seleka et Antibalaka, eux-mêmes divisés à l’intérieur et incapables de maîtriser leurs éléments.
  5. Il est inutile d’insister ici sur un supposé « Accord de Ndjamena », qui aurait été conclu à l’occasion de la démission de Djotodja, et dont seul Moussa Dhaffane de Séléka qui en parle avec insistance, détiendrait la copie. Toutefois depuis ce 23 juillet 2014, sous l’œil des caméras du monde entier, l’on a pu suivre et observer la partie de poker menteur qui s’est joué à Brazzaville et qui vient de donner lieu à la signature du document dit : ACCORD DE CESSATION DES HOSTILITES EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE.

Dans une très prochaine analyse plus détaillée, je reviendrai sur les termes de cet accord, dont je relève tout simplement qu’il a été conclu « en présence » des personnalités qui, en apposant elles aussi leur signature, porteraient une certaine responsabilité en cas d’éventuelle reprise des hostilités.

Ceci étant, si depuis des années en Centrafrique, tous les Accords Politiques, n’ont point été suivis d’actes et d’effets concrets, et paraissent tous avoir été conclus par des individus peu recommandables, qui aussitôt, « roulent tout le monde dans la farine » ; en quoi celui de Brazzaville peut-il faire l’exception, vu les conditions dans lesquelles il a été obtenu ? On sait que le Président Denis Sassou Nguesso a surtout pesé de tout son poids au point d’élever durement le ton à l’adresse d’abord des Séléka et ensuite des Antibalaka qui voulaient  aussi faire jouer de leur côté une certaine pression. Tout compte fait, l’Accord de Brazzaville, de mon point de vue n’engage que ceux qui veulent bien y croire, sauf les principaux belligérants.

Comme on le sait, à l’origine, les Antibalakas étaient de braves patriotes qui furent obligés de prendre des armes pour se défendre, défendre leurs villages et réagir face aux crimes ignobles commis par des étrangers faisant partie de la Seleka. Malheureusement,  pour un grand nombre, ils ont fini par être récupérés politiquement. L’objectif principal de cette frange des Antibalakas, demeure « le rétablissement de l’ordre constitutionnel » – faire revenir Bozizé s’entend – par tous les moyens.

Par ailleurs, dans le méli-mélodrame centrafricain, – condensé de rivalités ouvertes, de haines rassemblées et d’hypocrisie internationale -, seule la Séléka est jusqu’ici restée ferme et constante dans son attitude, dans ses prises de positions et dans ses déclarations. Pour la paix en Centrafrique, la coalition de sieur Djotodja ne veut qu’une seule chose: LA GUERRE. Et pour l’obtenir, elle est prête à tout, quitte à tenir deux congrès – celui de Ndélé et celui de Birao -, au nez et à la barbe du gouvernement de transition et avec la complicité des forces de la Misca et Sangaris; ou à envahir et installer son état-major militaire à Bambari, préfecture de la Ouaka, située à un tir de roquette de Bangui. Mieux, la Séléka vient de réussir à Brazzaville, le coup politique le plus cynique de la sous-région : se laisser dérouler sous les pieds le tapis rouge, pour aller réitérer à la tribune congolaise du Forum de cessez-le-feu en RCA, sa déclaration de partition, en présence des hauts représentants de la communauté internationale. Il ne manquait plus qu’à la Séléka d’imposer, lors des travaux de cette rencontre, la création d’une commission « déclenchement rapide et immédiat des hostilités », pour décider des modalités de confrontation sur le terrain. Elle s’y est préparée depuis fort longtemps. Dans ce contexte, pourquoi vouloir à tout prix attendre de la part d’une engeance de brutes dépourvues de bon sens et de raison, la PAIX, ce noble langage des « faibles », que seuls comprennent des êtres doués d’intelligence et épris d’humanité? Faut-il reconnaître et dire à tous que la Séléka mérite honneur et  respect parce qu’elle sait ce qu’elle veut et où elle va ? Que dire de tout l’appui que la Séléka reçoit des responsables musulmans des institutions internationales- de plus en plus nombreux -, chargés d’aider à la résolution du problème centrafricain ? Nous reviendrons sur le rôle néfaste que jouent ces derniers, ainsi que les forces internationales pourvoyeuses d’armes, distribuées à ces ramassis de bandits et de voyous, qui empêchent la République de s’attaquer aux nombreux défis qui sont les siens.

En définitive, la question de paix en RCA serait-elle devenue, une affaire de cycle  sans fin, de signature de déclarations et « Accords », tantôt de Syrte en Lybie, ou de Libreville au Gabon ; tantôt de Ndajmena au Tchad ou de Brazzaville en République du Congo ? Ou alors, la paix en Centrafrique serait-elle une question de foi, c’est-à-dire – comme enseigné au catéchisme de ma jeunesse – « une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » ? Encore que la « foi sans les œuvres est morte » !

Depuis des mois, nous attendons les œuvres de paix de Séléka et Antibalaka. Et quand ces imposteurs me parlent d’Accord de cessation des hostilités, moi je parle de mes morts qui continuent de tomber.

Dans tous les cas, il arrive un moment dans la vie, où refuser de se battre devient malsain. Et des Centrafricains sont désormais décidés à faire tout le sacrifice nécessaire pour sauvegarder la République Centrafricaine.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page