Mots contre maux de rjpm

ACCORD DE BRAZZAVILLE : LA GRANDE MASCARADE

La Centrafrique des compromis, des compromissions, des accords de bas étages, des rébellions (sur papiers, dans les réseaux sociaux et sur le terrain), des putschistes, des apprentis sorciers, des leaders politiques en quête de popularité et des démocrates en papier mâché, s’est retrouvée durant trois jours consécutifs à Brazzaville sous la houlette du médiateur Sassou en vue de discuter de la cessation définitive des hostilités. Trois jours d’échanges étaient largement suffisants pour que les Centrafricains puissent s’entendre sur les termes appropriés d’un accord.

Afin d’enrichir les discussions devant aboutir à un cessez-le-feu, les organisateurs avaient prévu trois sous-commissions à savoir: la sous-commission politique, la sous-commission désarmement et la sous-commission cessation des hostilités. Après la cérémonie officielle d’ouverture du Lundi 21 Juillet 2014, les participants se sont immédiatement penchés sur les travaux en sous-commission. L’occasion était donnée à chaque entité notamment les Anti Balakas et les Selekas de présenter leurs différentes revendications.

Pendant que les AntiBalakas réclamaient leurs intégrations dans le processus de la transition en cours, la seleka a d’emblée demandé la démission de la présidente Samba-Panza ou la partition du pays. En d’autres termes, si la présidente ne démissionne pas, les selekas opteront inéluctablement pour la partition du pays. Dès l’annonce de la revendication, l’atmosphère de la salle changea tout d’un coup et l’ambiance devint très électrique. Le ton monta, la parole se libéra et les esprits surchauffèrent. Du coup, la première journée des travaux en sous-commission s’est achevée très tard dans la nuit sur une fausse note car les participants n’avaient pas pu s’accorder sur le fond et la forme des revendications.

Le Mardi 22 Juillet 2014, la délégation seleka décida de boycotter tous les travaux. Ce faisant, elle martèle sa revendication sur la démission de la présidente ou la partition du pays. La nouvelle arriva aux oreilles du médiateur qui décida immédiatement de prendre le taureau par les cornes. Il constitua un petit comité de médiation composé à la fois de ses proches collaborateurs et de 4 leaders centrafricains, pour engager des discussions directes avec la délégation seleka.
Toute la journée de mardi, ce comité a joué un rôle d’interface entre les sous-commissions et la délégation seleka retranchée dans son luxueux hôtel. A entendre certains membres de ce comité, le suspens autour de la revendication des sélékas aura duré plusieurs heures. A ce qu’il parait, une grande frayeur s’était emparée du camp présidentiel centrafricain car les spéculations allaient bon train. Au dire d’un membre du sérail, la présidente arborait une mine désobligeante .

Devant l’impasse, le président Denis Sassou Nguessou furieux, décida alors de s’impliquer personnellement dans les différentes discussions. Ses proches ont laissé filtrer que dans un premier temps, il passa un coup de fil de recadrage à l’ancien président Djotodia et il fit venir d’urgence à Brazzaville un autre groupe de seleka pour jouer les trouble-fête dans le processus déjà entamé. Dans un second temps, il convoqua au palais du peuple de Brazzaville, les belligérants en commençant par la délégation seleka conduite par Daffhane. Sans détour, il utilisa des mots assez forts et précis pour demander à Daffhane d’opter sans condition pour une attitude conciliante. Il n’y est pas allé de main morte pour lui réitérer ses échanges téléphoniques avec Djotodia. Enfin, le médiateur lui a clairement signifié que personne ne quittera Brazzaville tant qu’il n’obtient pas le cessez-le-feu. Par dessus tout, il insista sur le caractère sacré de sa signature en martelant à Daffhane qu’il s’attaquerait à la personne qui briserait ce cessez-le-feu au sortir de cette plate-forme

Visiblement, le médiateur a crûment passé ce message à tous ceux et celles qui ont participé au forum notamment aux antibalakas qui ont failli suivre la voie des sélékas pour poser certaines conditions.
Aussitôt la pression retomba. Il faut relever que les enveloppes que le médiateur a distribué aux participants pendant les audiences de fermeté y sont également pour quelques choses.
C’est ainsi que la délégation seleka a décidé de revoir ses revendications. En lieu et place de la démission de la présidente ou la partition du pays, elle réclame dorénavant le poste de Premier Ministre, Ministres des Mines et de la Défense. De surcroît, elle demande la reconnaissance de ses grades, l’incorporation de plus de 50% de ses éléments dans l’armée nationale et réfute l’armement des anciens FACA. Quasiment toutes ces revendications ont été défendues bec et ongles par le pathétique conseiller de la présidente en matière de DDR. A priori, elles ont été consolidées par les autres participants puisque le cessez-le-feu en est l’émanation. Il semblerait que les nouvelles revendications des selekas ont déstabilisé le Premier Ministre Nzapayeke et précipité son retour à Bangui.

En fin de compte, le président Sassou a obtenu l’arrêt des hostilités à coups de menaces et de billets de banque sans que de réels débats ne soient engagés entre les participants au dialogue. Certains se sont même indignés du caractère pécuniaire de la rencontre bien qu’eux même n’aient pas refusé de se remplir les poches de l’argent du démocrate taillé sur mesure.

Somme toute, le pari était quand même risqué pour le président congolais. Néanmoins, il a pu faire asseoir à nouveau autour d’une même table tous les protagonistes de la crise qui avaient des revendications complètement divergentes. Son vœu le plus absolu sur l’obtention à l’arraché d’un cessez-le-feu s’est accompli en dépit des agendas cachés de certains politicards qui voulaient utiliser cette concertation comme un tremplin pour renaitre politiquement.

Eh oui ! Heureusement que les mots contre des maux contribuent également à l’obtention d’un cessez-le-feu.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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Un commentaire

  1. ET voilà, c’étaient leurs ambitions :s’imposer par la force , occuper des postes de responsabilité dont ils n’ont pas le mérite…
    Remplir l’armée centrafricaine d’ABRUTIS, INCULTES ne connaissant aucun mot en langue de Molière, ignorant tout de la notion de discipline qui est un élément déterminant de l’armée…comme chez nos voisins du nord…
    ….mais qui acceptera une telle humiliation, un tel retour à l’âge de la pierre taillée?

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