Mots contre maux de rjpm

LE « PARTOUTISME » ET LES PASSE-DROITS : VECTEURS DU DÉSORDRE CENTRAFRICAIN

Par RJPM

En politique, la nuit est plus longue que le jour, et si depuis des décennies les régimes successifs en Centrafrique heurtent un à un les récifs de la réalité, c’est pour la simple raison que ceux-ci se sont enivrés de l’aridité des idées, du nanisme politique, des manœuvres politiques, des tractations de positionnement, du dessèchement des inventions, des arrangements de bas étages, des recommandations d’emploi, des passe-droits et des passes d’armes qui sévissent nuitamment dans le pays. Sans nul doute, la nuit est un facteur temporel en politique qui produit avec succès les vecteurs du désordre centrafricain. Au lieu que celle-ci sème une averse idéologique et apporte une fraîcheur de pensée, elle est plutôt devenue le jardin indispensable des pistonnés et le passeport du « partoutisme » politique, associatif et culturel.

Il est d’une évidence absolue qu’en Centrafrique, les nominations et les appuis politiques se ficellent beaucoup plus en pleine nuit notamment au domicile des autorités du pays. C’est pourquoi, l’art d’être partout ou le « partoutisme » si vous le permettez, s’est érigé en mode de gouvernance dans le pays. De nombreuses personnalités centrafricaines occupent en même temps plusieurs postes de responsabilité. Souvent, celles-ci profitent de leur accointance politique, clanique, ethnique ou partisane avec le système en place pour accumuler d’autres postes beaucoup plus juteux. Vous constaterez qu’un personnage du sérail peut être à la fois chef d’entreprise, conseiller parlementaire, conseiller à la présidence, président d’un club de sport, président d’un comité technique quelque part et membre d’une structure para-étatique etc…Bref ! Les exemples illustratifs ne tarissent point parce que les personnalités disposant plusieurs casquettes, fusent dans le pays. Peut-on naviguer sur une rivière tout en ayant les pieds dans deux pirogues distinctes ? L’accumulation des postes de responsabilité ne ruisselle t-elle pas la source intarissable de l’incompétence ?

Entre l’excès de zèle des autorités successives pour soutenir leur poulain à s’accaparer de tous les postes de responsabilité et l’esbroufe voire l’arrogance de ces personnages qui prônent le « partoutisme », il est impérieux de poser le débat autour de l’accumulation abusive des postes de responsabilité que ce soit dans le domaine politique, associatif et culturel. Car aucun homme, fut-il petit fils de Jupiter, n’est indispensable dans la reconstruction nationale d’un pays. Pire, lorsque la politique s’immisce dans le choix des leaders de mouvements-associatifs et culturels, cela n’est rien autre qu’une faute politique derrière laquelle se cache la pourriture de tout un système. Même si la politique est l’art de gérer la cité, il convient de rappeler qu’elle ne doit en aucun cas s’ interférer dans la gestion interne d’une structure associative, sportive, culturelle etc.

Avec les derniers rebondissements sur l’élection très contestée du nouveau bureau du CNOSCA, la Centrafrique vient encore une fois de plus d’ajouter un chapitre cinglant au roman sombre de son histoire politique. Pourtant, on pensait que le Conseil des ministres élargi de Samba-Panza, que d’aucuns appelaient le forum de la dernière chance, aurait escamoté ces passages en force d’une autre ère. Au demeurant, on a plutôt compris que la fratrie et les liens de beaux-frères constituent une source très préférable de positionnement en Centrafrique. Surtout lorsque l’on sait que les liens du sang raisonnent plus fort que la politique, les amitiés sommaires ou la religion. En fin de compte, il est judicieux qu’on arrête de raser le fond de nos pensées pour les intérêts égoïstes de tous ces assoiffés du fauteuil confortable. Figurez-vous que les sieurs Yvon Kamach et Gilbert Grezenguet sont tous des grandes figures du patronat centrafricain. Pendant que le premier cogère une grosse machine économique du pays qui emploie plus de 1300 personnes et préside la fédération de tennis, le second en revanche gère une structure de transit et siège depuis des années comme Secrétaire général dans le bureau sortant du CNOSCA. A propos ! Ces deux hommes d’affaires n’ont ils pas assez du pain sur la planche pour s’occuper des problèmes sportifs ? Ne peuvent-ils pas s’occuper de la croissance de leur entreprise que de s’offrir en spectacle à cause du sport qui devait plutôt unir que désunir?

Disons-le très clairement, la Centrafrique se sentirait mieux, si jamais le ministère en charge de la jeunesse et des sports rendrait définitivement inéligible toutes Ces personnalités qui ont brigué les deux bureaux contestés du CNOSCA. En les écartant de la course, on éviterait certainement plusieurs lettres de recommandations nocturnes ou appuis politiques à la « Sambapanzerie ». Comme la nuit est plus longue que le jour en politique, il se pourrait que les pistonnés du pouvoir refassent encore surface à quelques jours de l’élection du nouveau bureau du CNOSCA. Visiblement, ces petits fils de Jupiter sont décidés à être partout. Vous me direz finalement que le « partoutisme  » est en vogue à Bangui. Encore un mot contre des maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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