Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE : MARCHER, MARCHER, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE

Le pouvoir de Samba-Panza a beau jeu d’afficher qu’elle maitrise la gestion du processus de la transition centrafricaine à l’étape actuelle de son évolution, il demeure malgré tout, des signes d’une extrême fébrilité qui ne trompent plus.

Pour que la Centrafrique retrouve une certaine normalité, emprunte résolument la voie du retour à la stabilité, à la paix et à la démocratie – telle est en substance la feuille de route des autorités de transition -, il ne suffit pas de continuer de croire qu’il faille ignorer superbement les autres; de montrer que l’on est « têtu » ou déterminé jusqu’au bout ; de se mettre en tête de prouver à tout prix, que l’on est « une femme de combat et non une femme à démissionner »; ou encore, de démontrer qu’on ne cède et ne cédera pas aux pressions d’où qu’elles arrivent.

Au début de ce mois d’août finissant, l’on avait eu droit à une marche de soutien en faveur du maintien à son poste, de l’ex Premier Ministre, André Nzapayéké. Le 9 Août 2014, c’était au tour de Samba-Panza, de prendre la tête d’une marche pour la paix à l’issue de laquelle la présidente de transition avait déclaré « je ne céderai pas au dictat de la communauté internationale » ; ensuite ce furent différents rassemblements pour soutenir Kamoun et appeler à la formation de son gouvernement ; enfin, le 22 août dernier, l’on pouvait entendre : « Nous jeunes, nous marchons aujourd’hui aux côtés des femmes centrafricaines pour réclamer la paix et soutenir la phase deux de la transition amorcée depuis le 20 janvier par la présidente Catherine Samba-Panza ».

Au moins quatre manifestations – rien que ça ! -, en trois semaines, toutes organisées – officiellement ou officieusement -, et soutenues par les autorités au pouvoir. Sô, akê tiri ti zo so ayé ti koui. En tout cas, si ce ne sont pas là les signes d’un régime en agonie, ça y ressemble cependant très fortement.

En effet, le spectacle trivial des marches à répétition, qui se déroulent sous nos yeux depuis ces derniers temps, ne semble pas en tout cas, être de nature à rassurer les Centrafricains. Certes, certaines personnes – organisateurs et marcheurs -, ont trouvé désormais dans ces manifestations d’une spontanéité douteuse, le bon filon d’une affaire juteuse. On ne saurait le leur en vouloir, dans une Centrafrique de la débrouillardise, où il serait mal venu de condamner ceux qui peuvent ainsi réussir à arrondir tous les angles, et c’est tant mieux.

Mais là où la stupidité atteint son comble, c’est quand de hautes personnalités du pays, revêtues du mandat républicain et censées représenter tout le peuple centrafricain, se croient obligées d’apporter un soutien officiel aux crapuleries de ces comédiens teigneux, et de justifier leur comportement par des théories hasardeuses, porteuses des germes de division.

De la part du Ministre directeur de cabinet à la Présidence de la République, Professeur Joseph Mabingui  aux marcheurs du 22 août 2014 on a pu entendre : « Vous avez réagi spontanément c’est cela le patriotisme. Pour ce faire, je vous en remercie au nom de la présidente. Je n’ai rien à dire. La présidente dans son adresse hier a tout dit ».

Le pire c’est quand il se trouve une ministre zélée, en l’occurrence, Gisèle Bedan, intervenant sur le réseau social facebook, pour défendre « ses » marcheurs, en faisant valoir une argumentation que l’on aurait bien aimé, qu’elle en fasse une thèse de philosophie. Jugez-en :

« L’intégrité voudrait que l’on accepte AUSSI qu’il y a une frange de la population qui est en soutien à la transition. Elle s’appelle LA MAJORITÉ SILENCIEUSE. Tout le monde n’est pas CONTRE et il est normal de laisser tous les avis s’exprimer sans que l’on pense que cette expression est pilotée de la présidence. Il ne faudrait pas museler les ANTI mais il ne faudrait pas laisser les POUR s’exprimer ??? Avoir mis la présidence au courant d’un projet de marche de soutien ne fait pas de ma présidence l’organisatrice de cette marche !!Heureusement : le peuple commence à comprendre. MINORITÉ BRUYANTE….A BON ENTENDEUR ! Informons le peuple dans la dignité. Patriotiquement tous. »

Pathétique ! Vous avez dit pathétique ? Je vous laisse la liberté de penser ce que vous voulez, d’une telle théorie.

Mais je voudrais néanmoins dire ceci : Lorsqu’une autorité étatique, une force vive ou une composante du pays, quelles qu’elles soient, s’autorisent à considérer les autres comme des ennemis, et à vouloir tracer au sein d’un même peuple, une ligne de démarcation rigide, qui sépare les POUR des CONTRE ; les PRO des ANTI ; la MAJORITE SILENCIEUSE de la MAJORITE BRUYANTE, c’est qu’il y’a là un problème grave, une tare contagieuse, bref une situation explosive qu’il va falloir désamorcer à temps.

A titre personnel, il serait par exemple très dommage et regrettable, que l’on en vienne à penser par exemple, que mes « coup de plumes » en direction de l’une ou l’autre autorité de la transition, autorisent qui que ce soit, à m’enfermer dans une catégorie quelconque. Seriez-vous partisane de la pensée rigide, Madame la Ministre de l’Education ?

En RCA, les choses changent si vite, qu’il faut bien se garder de cataloguer qui que ce soit. Je crois avoir écrit quelque part, qu’hier Samba-Panza œuvrait pour le forum de Brazzaville voulu par la communauté internationale, tandis que Ziguelé se montrait « souverainiste ». En ce qui concerne la nomination du premier Ministre, voilà que Samba-Panza rejette la suggestion de la communauté internationale alors que Ziguélé, indique le chemin de Brazzaville, symbole de la communauté internationale.  J’aime à me rappeler cette phrase de Barthélémy Boganda :

« ..tant qu’un dialogue si âpre soit-il, se poursuivra entre nous, estimons-nous heureux. C’est que l’AEF (RCA) n’est pas en péril ! Voulez-vous que vienne le sinistre jour où l’on chercherait en vain un interlocuteur « valable » ?…Moi en tout cas, et tant qu’il me restera un souffle de vie, je vous promets que je continuerai à discuter avec vous, parce que tel est mon devoir..» ( Grand Conseil de l’AEF Séance Inaugurale de la Deuxième Session Ordinaire de Brazzaville, le 21 octobre 1957)

Madame le membre du gouvernement de la République Centrafricaine, loin de moi, l’intention de vous accabler. Mais avouez que pour la Ministre du peuple que vous êtes, et plus est, venant du pays de démocratie d’où vous êtes arrivée, ces propos méritaient une légère mise au point.

Alors, plaise à vous, user de votre droit de réponse..

Toutefois, à votre décharge, Madame la Ministre, notre Présidente de la transition, Présidente de tous les Centrafricaines et Centrafricains, Samba-Panza, ne fait pas mieux, elle qui peut se permettre dans son discours  du 22 août 2014 de dire :

« Cependant, certains compatriotes ne ménagent pas leurs efforts pour dresser des obstacles de toute nature à mes actions. Tout a été mis en œuvre pour me fragiliser et déstabiliser la Transition. C’est dans ce cadre que se situent les blocages que tente de nous imposer  une catégorie de nos compatriotes qui visiblement ne veulent pas que la Transition arrive à son terme. »

Mieux,

« A l’encontre des gens arrogants dont le pays n’a pas besoin dans cette période de crise, M.KAMOUN est un modèle d’humilité, ce qui est un atout considérable en ce moment »

Alors, bravo à la « fille-sœur-femme-épouse-mère-maman » de Centrafrique. Vos chers enfants vous remercient pour cette preuve  d’amour maternel sélectif et ils sauront vous le rendre !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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