LIEUTENANTS ILLUMINÉS DES PARTIS POLITIQUES, TAISEZ-VOUS ! LES RUMEURS SONT PARMI NOUS !
Par Passi Keruma
Des rumeurs nous inondent, nous envahissent et nous torturent impitoyablement en Centrafrique, ce pays à 100% « rumophone ». Des rumeurs font et défont des relations et alimentent des conflits verbaux au gré des « partisans politiques » plus illuminés que leurs mentors. Des rumeurs fouillent dans les poubelles pour prendre ce qu’il y a de plus puant afin de discréditer les autres. En effet, les rumeurs ne sont là que pour intoxiquer,dénaturer, empoisonner la quiétude tant souhaitée par les centrafricains.
La question des rumeurs en Centrafrique, il faut le dire, doit faire l’objet d’une étude particulière, elle revient donc aux spécialistes d’y penser: sociologues, anthropologues ou politologues. Tout fait l’objet des rumeurs en Centrafrique. Mais il est drôle de remarquer que ce sont les « intello-clavieristes », diplômés spécialement en « bavardologie » sur facebook qui en sont les plus grands acteurs.
Du coup, s’imposent des questions : pourquoi toutes ces élucubrations autour des résultats de la présidentielle? Symptôme de crise ? Soulagement de conscience ? Aigreur d’échec ?
On sait que pendant une élection, on note toujours un regain de rumeurs (commérages, fuites organisées, tracts anonymes…). Ces boules puantes font partie des règles officieuses du combat politique. Les candidats s’abaissent rarement à pratiquer eux-mêmes ce travail de sape. Ils restent dans la dignité du débat de fond et délèguent les bruits de caniveau aux seconds couteaux, ces « rumophiles » qu’on appelle des « partisans illuminés ». Nous savons aussi que la politique est particulièrement « rumogène », un monde bruissant de fausses infos, théâtre de mensonges et de trahisons, mais entendre des apprentis-sorciers de la politique reprendre les refrains de manière sorcellaire, semble abject.
Faire naître une folle rumeur qu’ il y aura 4 candidats au 2° tour comme solution à une crise électorale relèvant de la compétence de la cour constitutionnelle, est l’ignorance la plus abjecte du code électoral et la distraction la plus ridicule que les centrafricains n’aient jamais connues. Cela procède aussi d’une paresse intellectuelle. Ceux qui s’y adhèrent, démontrent leur limite et se font piéger par ces « rumophones », appelés « partisans illuminés ».
Il faut noter que la rumeur comme mode de communication privilégié pendant les crises sociales ou politiques est un transfert d’agressivité sur la majorité. Ce schéma est réducteur. Les rumeurs expriment le besoin d’imaginaire d’une société, mais il est vrai qu’elles gagnent en visibilité pendant les moments de crise, lorsque la majorité se prête au jeu. Il suffit qu’un événement inattendu déchire l’espace médiatique pour que le circuit de l’information se dérègle et devient une rumeur vêtue d’une vraie fausse vérité.
C’est pourquoi, quitter le cadre vertueux de la démocratie pour porter des coups bas, fouiller dans les poubelles des autres ou dénier son échec pour s’alimenter des rumeurs est une maladie de l’inconscient, produit déraisonnable et inquiétant d’un fantasme de l’individu ou de groupe.
Il n’est pas sans ignorer que les sujets de prédilections des rumophiles sont les vices cachés : aigreur, jalousie, aveu d’échec, incapacité de s’offrir une réussite. Il est temps que les bons démocrates se distinguent de ces « rumophiles« . Les bons démocrates sont des personnes de parole avec des valeurs morales. Ils ne cherchent pas en effet à montrer l’envers du décor de la démocratie par des rumeurs. Car, ils savent que les rumeurs sont le produit de l’imagination des gens vulgaires, le reflet des plus basses conjectures.
Passi Keruma
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