Libre opinion

LETTRE A MADAME LA MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE

Par Fernand Paul SADAM

« La critique est aisée et l’art est difficile », affirmait Philippe Destouches

A ceux qui critiquent sans raison, l’art semble facile. Au pied du mur, ils sueront, transpireront, sous le soleil tropical, parce qu’ils ne sauront manipuler, ni la truelle, ni le niveau à eau pour la pose d’une brique.

Madame la ministre, je vous exprime ma gratitude pour ce que vous faites et pour la voie sur laquelle vous vous êtes engagée pour le début de la reconstruction de notre armée. Certes, l’œuvre humaine n’est pas parfaite ; elle est parfois inachevée. En peu de temps, vous avez entamé des actions concrètes pour redorer le blason de notre armée asservie et détournée de ses missions principales : garantir la sûreté de l’Etat, préserver la sécurité du peuple et surtout,  protéger l’intégrité territoriale de la terre de nos ancêtres.

Libre penseur patriote, dans mes tribunes publiées sur des sites nationaux ou internationaux, je dénonce, non seulement la mal gouvernance, mais encore, j’avance des propositions, des pistes de réflexion pour des solutions adaptées à nos moyens, à nos réalités. Ce qui, parfois, heurte la vision de ceux qui ne réagissent pas dans le sens du progrès.

Vos détracteurs civils ou militaires, anti-progressistes, tournés vers le passé, doivent comprendre que le port du pagne, de la robe ou de la jupe n’est pas un handicap pour diriger le ministère de la défense nationale. Sous d’autres cieux, des femmes ont occupé de postes similaires sans faillir à leur mission. L’exemple de la France avec madame Michèle Alliot-Marie, naguère ministre de la défense nationale, est remarquable. Elle avait subi le comportement misogyne des militaires français qui ne manquaient pas de le lui faire savoir : « Que sa place n’était pas au ministère de la défense, que c’est un ministère pour des hommes ». Ils ont oublié que la République ne fait pas de distinction entre ses filles et fils ; qu’elle a besoin de tous. Au fil du temps passé, elle fut respectée parce qu’elle avait entrepris des réformes jamais osées par les hommes, ses prédécesseurs.

Mener des hommes et des femmes vers un but commun préalablement défini n’est pas sans contradiction. On se confronte à toutes les sensibilités. Mais, ni trompettes, ni tambours, vous tracez le chemin de réformes  au sein de la « grande muette » centrafricaine.  Vos experts et techniciens en défense, les officiers supérieurs et sous-officiers issus des écoles ou de grandes académies militaires réalisent un travail titanesque de la transformation profonde de notre armée. Assurément, vous avez responsabilisé vos collaborateurs afin qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes dans cette noble mission de l’édification de la nouvelle armée centrafricaine digne, représentative et protectrice de la nation. Cette mission, sans doute, suppose la connaissance de « l’Homme », mérite de l’écoute et un sens élevé de travail d’équipe.

La capitalisation des expériences acquises lors de vos précédentes missions nationales ou internationales, montre que vous avez la capacité et les compétences requises pour administrer n’importe quelle structure étatique ou ministérielle. Votre bref passage au ministère de l’agriculture a mis en lumière vos qualités. Vous avez, non seulement mobilisé les fonds pour la réalisation des projets structurants, mais aussi galvanisé les ressources humaines au sein de ce ministère  pour l’accomplissement de votre mission.

Travaillez, Madame, travaillez ! Ce pays ne connaît que des pessimistes et des personnes de mauvaise foi. Elles n’ont d’yeux que pour voir des erreurs d’autrui. Alors, elles discréditeront, souilleront vos actes. Des ignominies et des invectives de ces ineptes ne manqueront pas pour ternir les projets que vous conduisez pour la nouvelle défense nationale. La sagesse et le dépassement de vous-même vous élèveront au-dessus de cette mêlée à caractère annihilant, vous éloigneront de ces ordures désespérées et incultes. Vous nous bâtirez, alors, une armée centrafricaine disciplinée, consciente de son rôle primordial au sein de la nation ; une armée garante de la stabilité des institutions républicaines ; une armée républicaine et professionnelle respectable de ses valeurs.

Toutefois, vous avez prouvé et mis en lumière les qualités encore inconnues de l’armée centrafricaine lors des différentes manifestations de son 54ème anniversaire. Vous vous appliquez à rendre nos soldats présentables, disciplinés et respectueux des droits de l’homme pour effacer l’image sanglante de l’événement de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), l’année dernière.Grâce à cette commémoration, les populations ont découvert les autres qualités professionnelles de nos soldats : infirmiers et médecins qui ont consulté et dispensé des soins gratuits dans des hôpitaux.Les chirurgiens militaires ont également pratiqué des interventions chirurgicales sur personnes démunis. Le grand rassemblement des troupes  au stade « 20000 places » est considéré comme une porte ouverte sur les militaires. Ce qui les rapproche de la population qui découvre les différents corps de métiers qui la composent.

Comme une société en miniature, tous ses corps de métiers sont complémentaires et interagissent entre eux : le génie militaire englobant des mécaniciens, des techniciens et des ingénieurs ; tout type de qualification professionnelle intégrant des menuisiers, des maçons, des coiffeurs… ; des métiers purement stratégiques et militaires tels que les transmissions, les formateurs, les commandos, les femmes et hommes de rang. Evidemment, chacun de ces corps a une fonction bien déterminée. L’ordre et la discipline de chacune des entités de cette nouvelle « armée professionnelle républicaine » institueront les bases d’un retour de confiance du peuple à son armée.

Madame la ministre, il vous reste à vous, et votre équipe, de réduire au maximum les mailles du filet de recrutement pour cette nouvelle armée républicaine plurielle en évitant d’incorporer des fauves au passé douteux, de mercenaires, anti-républicains camouflés sous la peau d’un agneau.

Enfin, je vous souhaite de tout cœur une réussite dans votre mission de redressement de notre armée. Jadis adulée, aujourd’hui  bafouée inexistante, elle mérite une réorganisation fondée sur des textes actualisés adaptés aux enjeux nationaux et internationaux. Vous êtes volontaire. Je ne doute pas de la reconquête de l’honneur de notre nouvelle armée républicaine moderne.

A nos soldats, à nos sous-officiers et officiers supérieurs, à tous nos corps habillés, revêtez votre première vocation, «dépolitisez » vos différents corps militaires. J’ai envie de croire que  vous ne vous laisserez plus manipuler par des politiques cyniques, sans cœur et tribalistes.

Mon cri de cœur patriotique reste sincère. Mon devoir de citoyen m’oblige à vous le clamer. Votre action minime soit-elle est symbolique, concourt à nous réconcilier avec notre armée. Sa présence sur le terrain est une sûreté, est une assurance et devra  protéger la population contre les rackets.

A  l’instar des compatriotes épris du progrès et da la paix dans notre patrie, je m’adresse à votre instinct féminin de vous guider dans cette délicate mission. Bien entendu, les chants de sirènes malveillantes, hostiles tenteront de vous empêcher d’avancer ou de vous écarter de vos objectifs.

Tenez bon la barre du navire comme Ulysse.

Bon vent.

Fernand Paul SADAM
Libre penseur

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