Chronique de GJK

L’AUTISME DES OREILLES FINES, ET LA CÉCITÉ DES NON-AVEUGLES, QUI GOUVERNENT LA RÉPUBLIQUE

« Ne frappe surtout  pas à la porte d’un autre, si tu ne veux pas qu’on frappe à la tienne », dit un proverbe turc.

L’actualité politique en RCA, a été marquée en fin de semaine dernière, par  la visite à Bangui de « Papa »HOLLANDE , venu exprimer son soutien aux troupes de l’opération Sangaris, présentes sur le sol centrafricain, pour  défendre le sous-sol français. Les militaires étrangers actuellement en Centrafrique, et ceux qui vont bientôt arrivés, répondent en effet, aux nombreux cris de détresse de l’ensemble de la Communauté nationale d’une part, et à l’appel de  la Communauté internationale d’autre part. Tout observateur sérieux, ne saurait  ignorer strictement,  les résultats positifs de l’intervention Française en RCA, même si là encore,  on peut se permettre de discuter de certaines choses. Ce qui est certain, il serait prétentieux d’avancer,  que la Centrafrique avec le soutien timide, indéchiffrable et pernicieux de ses « amis » d’Afrique , auraient pu réussir à mettre fin,  aux graves exactions et crimes que les populations ont subis.

Que l’on comprenne bien, la France ne doit rien à la Centrafrique, pays indépendant et souverain. On peut encore vouloir, par une espèce de gesticulation ou par  simple coquetterie intellectuelle,  s’empêtrer dans des débats sans fin,  qui risquent de nous faire remonter le cours de l’histoire,  des origines de la traite négrière à la Françafrique,  en passant par la colonisation, les indépendances etc. Il y’a là de quoi passer encore  deux fois 54 ans, depuis le 13 août 1960. La France chacun le sait,  est loin d’échapper elle-même, à la crise financière internationale. Il lui faut, à tous les coups, rentabiliser ses investissements, et tirer tous les dividendes de sa présence en RCA. C’est à ce niveau, que se révèlent les véritables enjeux de la visite de François HOLLANDE : La France veut toutes les richesses de cette Centrafrique très faible. Ce pays indépendant,  n’a pas d’autres  choix que  de défendre son peuple, s’il veut  s’assurer son développement total. Si HOLLANDE,  à la porte de qui les Centrafricains ont frappé,  a tous les moyens maintenant de s’imposer et réclamer « son dû », en revanche, les autorités Centrafricaines pourront-elles faire valoir et déployer sans danger, des ressources et potentialités politiques suffisantes,  pour s’y opposer ?

A notre manière, c’est-à-dire avec beaucoup de malice et un certain sens de l’humour que l’on se gardera bien de prendre au premier degré, nous avons voulu décrypter les faits et les discours qui ont marqué la visite du Président français en Centrafrique. Que chacun fasse sien ce message, essaie de faire son analyse personnelle, et le débat reste toujours ouvert, « car là où l’opinion publique ne fonctionne pas librement, c’est là où la paix est en péril ».

Tout d’abord,  le conflit en Centrafrique, a-t-on l’habitude de marteler, n’est pas d’ordre confessionnel. Le Président HOLLANDE, pour sa sortie, a néanmoins préféré se faire recevoir, comme en temps normal dans un pays normal(?), au Palais de la Présidence Cléricale Centrafricaine, l’Archevêché de Bangui. Il a été accueilli, hormis Mme SAMBA-PANZA, la Présidente de Transition,   par le trio inséparable des Hauts Dignitaires Religieux, catholique, protestant et musulman,  qui  composent et dirigent ensemble,  l’Exécutif  Collégial Religieux  Centrafricain. Cette institution de fait,  est à ce jour, la seule capable  en RCA, de  voir clairement,  d’entendre distinctement, de parler franchement, de sentir profondément, de toucher sincèrement, et  d’agir promptement. A cette occasion,  Monseigneur NZAPALAÏNGA, Chef de l’Etat Spirituel de la RCA, Commandant en Chef des Forces Armées Centrafricaines (FACA) en décadence, a remercié le Chef d’Etat Français pour l’opération Sangaris et le soutien à la MISCA. Il a souligné par ailleurs dans son allocution, la nécessité de la refondation de l’institution militaire centrafricaine. Pendant ce temps, les soldats, officiers et sous-officiers, continuent d’attendre chez eux à la maison, et espèrent vivement qu’on ne  leur fera  pas appel, seulement pour venir essayer de s’opposer sans préparation,  à un quelconque coup de force qui n’arrivera plus jamais, souhaitons-le. Monseigneur NZAPALAÏNGA, en ce début de carême, n’a pas oublié de rappeler à François HOLLANDE, l’obligation pour lui de remettre la grosse enveloppe de deniers de culte,  à distribuer aux fonctionnaires, en contrepartie des prestations non fournies,  du  fait  de leur employeur,  l’Etat centrafricain en faillite

Quant à la Chef de l’Exécutif Centrafricain Temporel et Temporaire, la Présidente de Transition, Madame SAMBA-PANZA, elle n’a rien dit, dans sa brève allocution,  qui n’a pas déjà été dit.

– Parlant de HOLLANDE, elle a rappelé, « En trois mois, c’est la deuxième fois que vous venez dans ce pays »: Malgré la famine et les épidémies qui ont altéré leurs principales facultés, les centrafricains, savent  encore  calculer 1+1 = 2.  Ce qu’elle n’a pas voulu ajouter,  c’est qu’il n’y a jamais deux sans trois. Les centrafricains qui sont très intelligents en sont avertis ;  et d’ailleurs, ce n’est pas HOLLANDE qui va se priver de cette opportunité comme il le confirmera par la suite.

– « ce pays qui a tant souffert d’une spirale de crises depuis une vingtaine d’années. » : on ne nous précise pas à cause de quoi et  surtout de qui.

– « Grâce à l’intervention de la France et de l’opération SANGARIS, nous avons un calme » : Sangaris, encore Sangaris, toujours Sangaris,  et après ?

« Certes, il reste beaucoup à faire » : Parce que pour la France, il reste beaucoup à extraire ! Cela aussi fait partie des sacrifices que les Centrafricains doivent consentir.

–  « grâce à l’appui de la France, un certain nombre d’instruments ont été pris au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies » : D’accord,  la RCA, ce pays fantôme, a perdu depuis longtemps,  sa qualité de spectateur passif aux différents matchs du grand club international des  Nations Unies. Heureusement « Papa France », conserve  l’avantage  de parler au nom et pour le compte des deux pays, quand cela l’arrange,  maintenant, chaque jour,  et dans les siècles sans fin !

–  « ..pour qu’ensemble nous aboutissions aux objectifs finaux de cette transition, qui consistent à l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles pour permettre le retour de l’ordre constitutionnel rompu depuis le 24 mars 2013» : C’est curieux, Mme la Présidente sait très bien et elle le dit,  le jour, le mois et  l’année où l’ordre constitutionnel a été rompu. Elle se garde toutefois,   de fournir la moindre petite indication de date,  même approximative,  relative à la fin de son contrat de travail à durée déterminée sans terme fixe et donc flexible à volonté. N’osez surtout pas une question du genre : « A quand exactement  le rétablissement de l’ordre constitutionnel »? Chut, « papa » HOLLANDE est dans le coin.

Ainsi, sur un discours de 29 lignes bien comptées sinon moins, – que je vous invite à relire si vous avez du temps à perdre-, quand on enlève tout ce qui a été souligné ci-dessus, que peut t-il-bien rester de consistant ? Que dalle répondrait  l’autre. Quel gâchis ! Une occasion en or manquée pour la Présidente de Transition, de remonter dans les sondages «  AS-TU-ENTENDU – Hèna », de l’institut   des rues de Bangui.

François HOLLANDE, qui maitrise mieux le français sa langue maternelle, et dont le pays a plus de problèmes  sécuritaire, humanitaire, budgétaire,  et socio-politique que la RCA, a pour sa part,  prononcé la plus longue allocution de cette visite. Auto-glorification et auto-satisfaction totale de la France en mission, sont les deux mots,  que l’on peut retenir, du message aux éclats or-diamant-manganèse,  et aux relents  pétrole – uranium – coltan, qui a été délivré aux Centrafricains. Le Chef de l’Etat français, a parlé en vrai maître des lieux. Il  a séparé avant tout  les bons grains,  à qui il a donné des bons points, de l’ensemble de l’ivraie, à qui il promet des lendemains qui déchantent, dans des prisons qu’on réfectionne. Par ailleurs, a-t-il bien précisé,  « pas de partition de faitpas d’esprit de séparation ». En d’autres termes, la partition de droit, et les modalités de la coexistence pacifique future, qui sont à l’étude, on en parlera quand le moment sera venu. S’agissant des salaires,- qui sont des faveurs et non des droits en Centrafrique-, «  les meilleurs placements, c’est maintenant !»,  pour tous les pays qui ont des intérêts en RCA. A commencer par ceux d’Afrique centrale, s’ils veulent demain revendiquer un morceau de la RCA, pays en pièces assemblées, détachables par n’importe quel aventurier. Dans tous les cas, « La France a également pris sa part… je reviendrai en Centrafrique, à chaque fois que nous constaterons les progrès », dixit HOLLANDE François. Dites-moi que c’est un cauchemar SVP !

BOKASSA, lui, était un soudard, mais ses réalisations restent présentes ; DACKO, c’est pas grave, on n’en retient rien ; KOLINGBA avait trouvé moyen de  prévenir que « Nzara a Kè Ga.. », sa prophétie se réalise  dramatiquement  ; PATASSE,  aussi burlesque fut-il, était un nationaliste incontestable ;  BOZIZE,  vous l’avez entendu ces jours-ci, dans son dialogue sonore qui circule, ne fit  pas mieux que son désormais « sara pourou..» puant et nauséabond dont il s’est couvert ;  DJOTODIA, en attente du mandat d’arrêt de la  CPI, et  bientôt totalement dépouillé par ses beaux-parents béninois,  de tous les biens volés, reste le concentré de toutes les malédictions et de tous les vices « présidentiels » en Centrafrique. Car à tout prendre, les Chefs d’Etat,  qui ont eu à gouverner la RCA jusqu’ici, et  qui ont imposé  au peuple centrafricain,  l’interminable chemin de croix qui n’en finit pas de se prolonger,  tel Sangaris et sa sœur aînée Transition, ont été,  chacun à sa manière, et tous à la fois, des autistes aux oreilles fines, frappés d’une cécité propres aux non-aveugles, maladies qui atteints systématiquement les hommes et les femmes qui ont le malheur d’accéder au pouvoir  en Centrafrique.

Mme SAMBA-PANZA, chrétienne dans l’âme, a toujours mis en avant sa sensibilité  « de mère désireuse de voir ses enfants vivre en paix ». Au lieu de pleurer, chaque jour à ses oreilles,   nous lui rappellerons sans cesse,  « Est-ce qu’une femme peut-elle oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? »(Isaïe 49, 14-15).

Prions : Puisse  la Centrafrique en ces jours douloureux et incertains, être  épargnée de toute nouvelle catastrophe, grâce à l’union sacrée des trois NZAPA,  l’Omnipotent,  l’Omniscient, l’Omniprésent : NZAPA-PANZA, NZAPALAÏNGA, NZAPAYEKE.

La Patrie ou la mort? Nous vivrons ! Car mort, on ne peut plus lutter pour la patrie, qui ne mourra pas, tant qu’un seul Centrafricain déterminé restera en vie.

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

 

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