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INTERVIEW D’EDDY SYMPHORIEN KPAREKOUTI

Tout en refusant de faire des promesses mirobolantes et pétaradantes, le candidat du Parti de l’Unité et de la Reconstruction Eddy Symphorien Kparekouti  dit ceci : « Le futur gouvernement sera composé de personnes compétentes dans leur domaine et irréprochables sur le plan moral, j’y tiens beaucoup. Nous  donnerons au peuple et aux partenaires internationaux des gages de crédibilité en affichant notre ferme volonté à sortir notre pays de l’impasse dans laquelle il est confiné. Il n’est plus question de mentir au peuple par la politique des engagements sans lendemain. Nous avons des compte à rendre à la Nation, le peuple doit savoir ce qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas. Les promesses sans lendemain ce n’est pas dans nos gènes politiques… » Fin de citation

Propos recueillis par Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

LPRCA : Monsieur Eddy Symphorien Kparekouti, bonjour.
A l’approche des futures échéances électorales en Centrafrique, notre site, Les plumes de RCA « LPRCA » a décidé de placer sur le gril de la transparence médiatique sur chacun des candidats à la magistrature suprême dans notre pays.
Nous espérons qu’à travers ce lampadaire de la raison critique, chaque potentiel locataire du Palais de la Renaissance pourra convaincre les électeurs sur sa vision d’une nouvelle Centrafrique permettant la communauté de vie et de destin de tous les Centrafricains sans exception. C’est dans cette optique que nous vous tendons aujourd’hui le micro du peuple de la même manière que nous l’avions fait il y’a de cela quelques jours à un de vos concurrents.

Monsieur Eddy Symphorien Kparekouti, Vous êtes  ingénieur en Génie civil et président fondateur du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR). A Dar Es Salam en Tanzanie où vous résidez, vous êtes patron d’une Agence Immobilière et de Courtage dénommée Bangui International LTD. Pourquoi voudriez-vous devenir président de la Centrafrique alors que vous pouviez participer à la reconstruction du pays en opérant dans le domaine économique en Centrafrique ?

ESK : Bonjour et je vous remercie pour l’intérêt que votre organe porte à ma modeste personne en me permettant de me prononcer sur certaines questions qui touchent à la vie de mon pays, la RCA. En 2014 quand, avec des compatriotes soucieux de l’avenir de ce pays, je créais le Parti de l’Unité et de la Reconstruction, nous avions un seul et unique objectif qui est celui d’apporter notre contribution aux recherches de solutions idoines  pour retrouver le vivre-ensemble en RCA. Cet objectif est fondamental dans la vision de cette formation politique dont nous avons la charge. Je trouve trop égoïste et irresponsable de rester dans le silence quand ma propre maison est en ruine.

Ma motivation n’est pas le fruit d’une ambition purement personnelle ou d’une quelconque lubie. Mon engagement envers les autres ne date pas d’hier. Dieu merci, mon aisance financière et ma réussite professionnelle, sont le résultat de ma volonté et de mon abnégation au travail. Je suis issu d’une famille pauvre et je n’ai jamais oublié cette période douloureuse pour mes parents. La souffrance engendrée par la pauvreté je l’ai vécue, la satisfaction de la réussite je l’ai également vécue.
La lutte contre la pauvreté, l’ignorance, les maladies et l’injustice dont souffre mon peuple, est le vecteur de mon engagement. Je ne vous cache pas,  que je suis prêt à tous les sacrifices en faveur de mes compatriotes.
L’égoïsme et l’égocentrisme, n’ont jamais fait partie de mon éducation et de ma vision du monde.
Le 24 mars 2013 a été le déclic qui a provoqué mon engament en  politique. Depuis,  je n’ai cessé de m’interroger sur les causes qui ont conduit notre pays au désastre.
Comment rester insensible devant le désastre qui ne cesse de s’abattre de manière récurrente sur notre pays ? Pourquoi notre peuple est si marginalisé et à chaque fois plongé dans l’obscurité ? Pourquoi et depuis son indépendance, malgré ses considérables potentialités, la Centrafrique a eu  sa tête maintenue sous l’eau ? C’est insensé et moralement inacceptable !

C’est à ce genre de questions qu’il faut apporter les réponses idoines. C’est ce qui motive mon engagement patriotique à être parmi les leaders, qui prendront les décisions stratégiques en faveur des intérêts de  mon pays et de son peuple. Sachez, que les intérêts suprêmes d’une nation, doivent être toujours tenus à l’écart de toutes considérations partisanes ou ambitions personnelles. La Centrafrique est gravement malade des trop nombreuses turpitudes de ses politiques. Cela a généré une fracture franche sous la forme d’une rupture consommée entre le peuple et ses gouvernants dont la crédibilité à gérer et gouverner est sérieusement mise en doute.

LPRCA : Le 18 Janvier 2015 , nous avions publié un article sur Michel Amine, Sylvain Sami et vous dans lequel nous avions fait le constat suivant : « …Tellement l’ethnocentrisme, l’égocentrisme, l’égotisme, le clientélisme, l’affairisme, le népotisme, la « familiocratie », la ségrégation et le mépris garnissent les arrières boutiques de la politicaillerie centrafricaine et les arrières pensées des citoyens endurcis par les crises à répétition, certains Centrafricains assurément révoltés ont décidé de croiser le fer avec les vieux briscards de la politique en vue de favoriser le vent du changement qui tarde à prendre corps dans le pays. De la même manière que les vieux bâtiments s’effritent par petits morceaux, les partis politiques du pays se délitent au point que les habitués de la course à la présidence s’agitent à tout va depuis que la liste des candidats ne cesse de se rallonger … ».
Alors, quel remède politique disposez-vous concrètement pour contenir ou du moins éradiquer ces maux sus mentionnés qui gangrènent à tout va notre société ?

ESK : Nous avons lu votre article et nous apprécions à sa juste valeur, la hauteur de votre analyse. Votre prise de position indique qu’il est encore possible d’impulser la démocratie dans notre pays. Mais, nous pensons que la RCA a besoin de toutes ces filles et tous ces fils pour retrouver ses repères et prendre en main son destin. Nous jouons la carte du rassemblement citoyen, du rassemblement patriotique parce que c’est cela qui a toujours manqué à ce pays dans sa marche historique. Quant aux vieux briscards de la politique dont vous parlez, doit-on leur jeter la pierre à cause de leur âge avancé ? Je dirai non, car cela n’a pas de signification absolue sur le plan de la compétence pure. Seulement, la sagesse et le bon sens, voudrait qu’ils encouragent l’émergence de la  nouvelle génération, dont le mode de pensée est plus en adéquation avec les défis de ce nouveau siècle. En un mot, le mode de gouvernance doit profondément changer, nous devons revenir aux fondamentaux : L’homme ou la femme qu’il faut, à la place qu’il faut ! Trivialement, sans méritocratie point de salut. Il s’agit bien, de gérer sérieusement un pays qui est la propriété de tous les Centrafricains, et non la possession de personnes ou de groupes d’intérêts occultes.  Au PUR, nous faisons de la  « realpolitik « parce que nous voulons rassurer. C’est ce réalisme qui amène cette formation politique à rester calme, orientée sur ses objectifs fondamentaux et à ne pas céder au virus des déclarations des candidatures en cascade. Nous pensons que les conditions objectives d’organisation des élections de sortie de crise, voulues par le peuple centrafricain, sont encore loin d’être réunies, c’est pourquoi nous continuons d’observer, de travailler afin que ces conditions objectives soient garanties. Le moment viendra où le PUR se prononcera assez clairement et avec clairvoyance sur cette question, le tout dans le respect strict de nos textes fondateurs. Je souligne qu’il y a une forte pression populaire à Bangui, à l’intérieur du pays, au sein du PUR et à l’extérieur pour que le président du PUR déclare sa candidature à la prochaine présidentielle. Nous comprenons ces milliers de compatriotes et nous tenons à les rassurer que dès que possible, leur volonté se réalisera.

LPRCA : En quelques lignes, pourriez-vous nous parler de votre nouvelle offre politique ?

ESK : Nous voulons impulser une République des valeurs en Centrafrique. Une nouvelle vision qui est réaliste et réalisable dans le temps et dans l’espace. Voilà la ligne originale que nous tenons à imprimer. Au sein du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (P.U.R),  nous avons diverses commissions qui réfléchissent et travaillent sur tous les segments qui régissent notre société. C’est une forme de think tank, comme disent les anglo-saxons.
Nous élaborons en interne une série de documents d’analyses et de recommandations dans de nombreux domaines. Au PUR, nous joignons les actes à la parole. Nous avons élaboré un vrai projet de société qui a préalablement servi de base à la fondation de notre parti. Aujourd’hui, ce projet de société est finalisé  sous la forme d’un programme exhaustif, clair et financièrement calibré. En outre, je vous signale qu’il englobe 80% des recommandations issues du Forum national de Bangui. Pour votre information et celle de vos lecteurs, notre programme est librement accessible et téléchargeable depuis notre site internet, dont voici l’adresse : http://www.pur-rca.org/ Ou https://copy.com/wNF9VfTtGVoiN36r

LPRCA : Quelles sont vos priorités durant vos 100 premiers jours au pouvoir?

ESK : Si nous avons la confiance du peuple à l’issue des élections, nous aurons durant les 100 premiers jours, à poser des actes dont l’objectif est de rassurer la population. Notre priorité immédiate demeure le rétablissement de la sécurité.  Il nous faudra donc remettre sur pied très rapidement un noyau équilibré de nos forces de défense et de sécurité qui seront dotées de moyens adéquats et déployées assez rapidement dans les endroits sensibles pour rassurer et garantir la sécurité sur l’ensemble du pays. Pour aborder les problèmes et les résoudre, il faut préalablement s’en donner les moyens et fixer les urgences.   

Pour cela, il faudra dans un premier temps et dans des délais brefs, mettre en place une équipe de travail cohérente. Le futur gouvernement sera composé de personnes compétentes dans leur domaine et irréprochables sur le plan moral, j’y tiens beaucoup. Nous  donnerons au peuple et aux partenaires internationaux des gages de crédibilité en affichant notre ferme volonté à sortir notre pays de l’impasse dans laquelle il est confiné. Il n’est plus question de mentir au peuple par la politique des engagements sans lendemain. Nous avons des compte à rendre à la Nation, le peuple doit savoir ce qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas. Les promesses sans lendemain ce n’est pas dans nos gènes politiques.

Dans un second temps, il faudra redynamiser le dialogue de manière inclusive entre les Centrafricains, c’est un point crucial. Le fait de ne plus s’écouter n’a fait qu’élever en intensité le niveau de haine et de méfiance au sein des populations…nous en connaissons l’effroyable résultat. Pour ce faire, nous comptons rapidement mettre en place une plateforme de concertation « Dialogue & Réconciliation » qui sous la forme d’un réseau couvrira l’ensemble du territoire. L’objectif principal, est de réapprendre à se parler, à s’écouter et à se comprendre dans un climat plus serein. La Centrafrique est un pays géographiquement enclavé, une contrainte naturelle que nous pouvons arriver à gérer. L’enclavement des mentalités est une difficulté d’un tout autre ordre, c’est plus délicat s’agissant de l’être humain.
Le dialogue doit-être ouvert à tous, aux sociétés civiles, aux  organisations politiques, à  la diaspora, aux associations, aux coutumiers et aux religieux. Rien ne peut avancer sans la collaboration et la cohésion d’une société apaisée.

Une  équipe de travail compétente et pleinement motivée, une société apaisée et unie, sont pour moi les bases fondamentales, nécessaires à la reconstruction de notre pays.

En parallèle à cela, nous allons profiter de cette période pour dresser un bilan général de l’état de santé du pays, dans tous les secteurs stratégiques. En d’autres termes, savoir réellement où nous en sommes aujourd’hui. Ces évaluations permettront de confirmer et mieux cerner les besoins et les priorités pour nos actions futures ; elles seront en quelque sorte notre boussole l
Pour finir, inutile de vous dire que la lutte contre la pauvreté, la lutte contre les maladies endémiques, la lutte contre l’ignorance, l’encouragement des initiatives économiques locales sont classées  en haut de l’échelle de nos préoccupations.   

LPRCA : Votre dernier mot s’il vous plaît

ESK : C’est de remercier votre organe et remercier aussi les Centrafricains. Je tiens, à travers votre médium, à appeler mes compatriotes à l’apaisement et à la vigilance. Nous sommes en train d’amorcer une étape cruciale dans le processus de la transition. Il y aura beaucoup de manipulateurs qui vont se cacher derrières des actions diverses, c’est pour cela que le peuple doit être d’autant plus vigilant que ceux là.

Nous considérons que si nous ratons ce dernier tournant, le pays ne sortira pas de la situation du chaos dans laquelle nous l’avons mis par nos propres turpitudes.

J’ai toujours gardé en mémoire cette citation de Theodore Roosevelt, « Derrière le gouvernement visible siège un gouvernement invisible qui ne doit pas fidélité au peuple et ne se reconnaît aucune responsabilité. Anéantir ce gouvernement invisible, détruire le lien impie qui relie les affaires corrompues avec la politique, elle-même corrompue, tel est le devoir de l’homme d’État. »

Ces quelques mots illustrent bien les maux qui rongent depuis longtemps les fondements de notre nation. La rupture avec un tel système néfaste, c’est aussi un des objectifs de mon engagement.

Nous pensons que l’espoir est encore possible, que la République peut renaitre de ses cendres, c’est pourquoi nous proposons la renaissance des valeurs pour ce pays. Mais, ne l’oublions jamais, c’est ensemble que nous relèverons ce défi, ce qui nous impose le rassemblement citoyen autour de nos objectifs.

LPRCA : Monsieur Eddy Symphorien Kparekouti merci pour votre disponibilité

ESK : C’est à moi de vous remercier et de vous encourager à persévérer dans le noble mais difficile travail que vous faites.

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