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IN MEMORIAM AGGAS ZOKOKO

ICI S’ACHÈVE LA VIE D’UN HOMME

Après-midi de ce Mercredi 23 janvier 2023.
Au téléphone depuis Bangui, mon interlocuteur habituel chuchote : « ne quitte pas je te passe ton Grand. Il veut te parler. Il tient à te parler. »
Et tandis que mon attention, toute mon attention était captée par le combiné collé à mon oreille, me parvint au loin et entre deux essoufflements inquiétants, une toute petite phrase, une seule, mais trois fois répétée :
« Aï Ngambé ti mbi ! Aï Ngambé ti mbi ! Aï Ngambé ti mbi !»

Sitôt le combiné raccroché, le temps me sembla s’être arrêté, alors qu’une effroyable angoisse se saisissait de mon être tout entier. Tandis que des heures se mirent à s’écouler et à succéder à d’autres heures, toutes aussi longues et pénibles à vivre les unes que les autres, je sentis comme un instinct de survie par procuration, surgir de mes entrailles pour me donner la force de m’accrocher au suprême espoir. Mais voici que tout au bout de l’espoir le plus ardent, se tenait le désespoir le plus véhément !

Ce jour fatidique du vendredi 25 janvier 2023 aux environs de 12H, la messagerie du téléphone que je tenais en main vibra :
Sur mon compte whatsapp, un court SMS en sept (7) mots:
« Ton grand AGGAS a tiré sa révérence ».
Une nouvelle aussi brutale que sombre ; une annonce aussi sinistre que désespérante.
Et parce que croire que tu venais ainsi de nous quitter me paraissait relever plutôt d’un manque de foi et donc d’une incroyance foncière et facile, j’ai aussitôt choisi de me réfugier dans le silence le plus impénétrable, pour ne pas sombrer dans la désespérance la plus redoutable.

Quelle affreuse fatalité ! Quelle fatale destinée !
Ainsi s’achève ici, la vie d’un homme qui, pour caresser le temps qui passe, avait fait de sa modeste vie, une musique d’amour, de paix et de fête. De son existence tout en humilité et en simplicité, cet homme que nous pleurons, avait choisi d’en faire un chant, chant de joie pour réveiller les vivants et redonner vie aux morts !
Ô destin jaloux qu’as-tu donc fait de nous ?

AGGAS GRAND FRERE,
Musicien aux multiples talents et à la rhétorique poétique aussi abondante qu’ingénieuse, tu chantas un jour «SOUSTRATION », cet opus mémorable et prémonitoire qui nous rappellera encore pour longtemps, que tôt, tu eus raison de fustiger cette funeste faucheuse de vie, celle-là même qui vient d’avoir raison de ta soif de vivre, et de taire l’invincible espoir que tous, nous nourrissions de te revoir à nouveau, de te revoir bientôt, en haut de cette scène musicale que tu aimais plus que tout autre trône sur terre.

AGGAS cher aîné,
Si toute mort est injuste et cruelle,
Il y a dans la tienne quelque chose de profondément désarmant et déconcertant : C’est le vide incommensurable de ton absence que toutes ces larmes versées en ces jours sombres, ne sauront, ne pourront combler.

Et cette mort !
Cette mort qui à notre tendre affection t’arrache si soudainement, ne peut imaginer, ne peut ignorer tout le mal qu’il vient de faire à la grande communauté des artistes centrafricains,
À tes milliers d’admirateurs,
À tous ceux que tu chérissais et chantais,
À tes amis et confrères,
À ta famille,
À toute la RCA.

AGGASSI EH,
ZABE NÖKO NDJOKOTA- GBAKO,
NGANDO,
WAMBOU,
NDJOTOMIRO,
AINSI VA LA VIE
ONCLE FAMILIAL,
GRAND-FRÈRE,

Toi l’homme aux multiples sobriquets expressifs que tu savais autant distribuer aux uns que recevoir des autres, je n’oublierai jamais, que du cryptonyme énigmatique de Lucky Luke, tu m’avais affublé. Et tu t’amusais à en user et en abuser, toujours avec cette délectation à la fois enfantine et admirative qui te caractérisait.
Maintenant que j’y pense,
Il me revient d’avoir adopté ce pseudonyme chargé,
Sans jamais cherché à savoir, à comprendre pourquoi tu me l’avais résevé.
Mystère de l’amour fraternel.

Mon GRAND, mon cher GRAND !
Pour moi, tu as toujours été,
Rien moins que l’aimable et très proche aîné,
Que j’occultais volontiers de nommer par son nom pour ne pas mécontenter les ancêtres. Aussi, j’ai toujours privilégié la bienveillante locution nominale prégnante qui est celle de « GRAND-FRÈRE ».
Comme on aime affectueusement le dire chez nous.

GRAND FRÈRE AGGAS ZOKOKO
Mon aîné,
Mon ami,
Mon frère,
L’homme sans âge,
L’homme lige qui avait horreur des litiges,
L’homme de l’autodérision qui aimait à se dire sans avenir mais riche en souvenirs !

Mon GRAND AGGAS,
Je veux ici te dire simplement merci ;
Et te remerciant,
Je veux surtout étreindre à jamais ma douleur dans un silence muet,
De peur d’offenser les dieux et les diables.
Quand bien même face à un malheur d’une telle ampleur,
Mon pénible silence n’est encore qu’un immense cri de douleur morne.

GRAND FRÈRE ZOKOKO,
Musicien et poète,
Tu savais manier la prose avec éloquence, et mêler à tes chants lyriques, les sons enchanteurs de ta guitare errante.
Grâce à tes mélodies incomparables, mélodies si touchantes, si charmantes, si pénétrantes et si ravissantes, tu auras fait vibrer tous les « viveurs » impénitents de Centrafrique et d’ailleurs, de même que l’immense foule des grands « ambianceurs » devant l’éternel qui ne juraient que par ta musique ;
Par ton génie inventif, par ta rhétorique sentimentale tantôt romantique, tantôt truculente mais toujours savoureuse et respectueuse des codes sociaux, tu n’as eu de cesse de moraliser hommes et femmes de toutes générations confondues,
Tous, rassemblés en ces jours tristes pour te pleurer et te célébrer.

AGGAS cher aîné,
À l’heure des hommages universels, unanimes et ininterrompus qui te sont rendus depuis l’annonce de ta disparition inattendue,
Je refuse pour ma part, de me rendre à l’évidence de ta mort, pour mieux te garder jalousement près de moi, vivant en moi, toujours à jamais présent dans mon cœur et dans mon esprit.

Mon GRAND, Mon cher GRAND, va !
Et si la terre de nos ancêtres s’ouvre ici-bas pour t’accueillir,
Que les anges dans les cieux chantent et dansent en ton honneur l’hymne des VIVANTS, afin de célébrer ton entrée solennelle,
Dans la douce éternité, PAISIBLE ET INTEMPORELLE.

ADIEU GRAND-FRÈRE ET REPOSE EN PAIX AGGAS

Ton petit LUCKY-LUKE
GUY JOSE KOSSA qui t’aime

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