Chronique de GJK

RCA : EXTRÊME FÉBRILITÉ, LEURRES ET FRAYEURS A LA PRÉSIDENCE ET AU CNT

Depuis la fin du sommet de Malabo en juin dernier, jusqu’à la nomination du gouvernement de Mahamat Kamoun ce 22 Aout 2014, en passant par le forum de Brazzaville des 21, 22 et 23 juilletune longue série d’événements de portée nationale, a placé au cœur de l’actualité brûlante et débordante en RCA, les deux plus importantes personnalités de la transition centrafricaine. Catherine Samba-Panza et Alexandre Ferdinand Nguendet, plus ou moins malgré eux, se sont retrouvés, sous les feux de la rampe et des projecteurs, à faire les unes des journaux, et à alimenter divers commentaires de la presse nationale et internationale, sans oublier toutes les contributions provenant des différents échanges sur les réseaux sociaux.

Intervenant souvent seul, chacun de son côté et visiblement sans se soucier de laisser apparaître dans leurs discours, ne fut-ce que l’ombre d’une cohésion de façade au sommet de l’Etat, nos deux présidents de transition – Exécutif et CNT -, ont fini par exposer publiquement leurs incompréhensions, laisser éclater au grand jour leurs ambitions opposées, et étaler devant tout le monde, les limites de leurs forces et faiblesses individuelles. C’est alors que, craignant d’atteindre le point du non-retour, et conscients de l’inconfort de leur propre situation, de leur vulnérabilité individuelle ainsi que du danger qui les guettait tous les deux, si jamais ils devaient poursuivre à cette allure leur guéguerre, ils se sont laissés convaincre par leurs conseillers qui ont pris au plus tôt les mesures nécessaires pour une rencontre, afin de faire baisser la tension. On aurait applaudi et dit bravo à Catherine Samba-Panza et Alexandre Ferdinand Nguendet, à l’issue de leur entrevue. Mais malheureusement, la mutuelle antipathie, la méfiance et même la défiance entre les deux présidents semblent avoir la peau dure.

En effet, Samba-Panza et Nguendet ont décidé d’avoir un entretien « semi-officiel » dans l’esprit de l’article 103 de la charte constitutionnelle. A la presse, le Président du CNT – d’ordinaire si bavard et friand de micro -, a évité de faire la moindre déclaration sur ce tête à tête extraordinaire. Notons au passage qu’en temps normal, les deux hauts responsables de la transition ne se sont pas souvent directement vus pour discuter. Aussi, l’on peut se demander que s’est-il dit entre les deux dirigeants de la transition pris de panique ? Quelle stratégie ou attitude ont-ils finalement convenues d’adopter pour s’éviter réciproquement le pire ? Notons par ailleurs que cette rencontre, a eu lieu le 25/08/2014 au lendemain du pied de nez de Samba-Panza à Nguendet, qu’elle a obligé à annuler sa conférence de presse programmée pour le 22 août à 11 heures, en prononçant un discours presque inattendu à 10 h ce même jour, et dans lequel elle a surpris ceux qui n’y croyaient pas, en annonçant la formation du gouvernement dont la liste des ministres a été publiée dans la foulée.

Pour ne pas apparaître davantage fragilisés, Samba-Panza et Nguendet savent désormais mieux que quiconque, qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour résister et tenir jusqu’au bout de la transition.

Tout d’abord Samba-Panza, on le saits’est engagée depuis ces derniers temps, à agiter ouvertement en direction de la communauté internationale, un bras d’honneur « courageux », si ce n’est à faire la dernière « quenelle » de la naufragée de l’île déserte, ou encore le fameux doigt d’honneur osé, de l’iconoclaste d’avant-garde bien décidé à tout renverser sur son passage. Et si elle réussit, grâce à son nouveau gouvernement – devant lequel elle vient de tenir un brillant discours à l’occasion du premier conseil des ministres -, le pays tout entier lui sera reconnaissant d’avoir pris la bonne direction pouvant aboutir à « l’aide qui aide à se passer de l’aide ». Pour cela Samba-Panza, n’a pas intérêt à susciter des résistances à l’intérieur mais convaincre tout le monde de la justesse et du bien-fondé de ses choix politiques.

Nguendet quant à lui, depuis sa déclaration de Brazzaville – une de trop -, relative à sa demande de surseoir à la formation du gouvernement de Kamoun, a non seulement mis à nu prématurément ses ambitions présidentielles, mais surtout donné l’occasion à ceux d’en face d’orienter sur sa personne, leurs « tirs groupés ». Depuis lors, le président du CNT, lui qui avait fini par nous habituer à partir en première ligne sur tous les sujets, semble se faire très discret et plus sur la défensive, .

Samba-Panza sait désormais que Nguendet peut avoir peur et même reculer, lui qui inspirait plutôt la crainte aux autres, et à qui tout semblait réussir jusqu’ici. Mais la Présidente de la transition n’a pas fini d’avoir besoin du Président du Conseil national de transition. Ne serait-ce que pour lui demander de ne pas chercher à nuire à Kamoun et à son gouvernement, en usant abusivement des articles 43 et 73 de la charte constitutionnelle.

A vrai dire, les relations entre le CNT et le nouveau gouvernement, et plus particulièrement entre Nguendet et Kamoun que soutient Samba-Panza, on peut le prédire pour toutes les raisons que l’on sait, risquent d’être plus ou moins tendues, et ainsi subir les effets des « grains de sables » susceptibles de gripper la machine qui permet le fonctionnement normal du processus de transition. C’est ce que Samba-Panza souhaite à tout prix éviter.
En contrepartie de son soutien, la présidente offre à Nguendet de le laisser poursuivre tranquillement son mandat à la tête du CNT sans chercher à lui nuire. Le tout, afin qu’en se soutenant mutuellement, ils puissent, pas nécessairement réussir la transition, mais plutôt se maintenir chacun individuellement à sa présidence pour des intérêts égoïstes. Cela, tant que durera ce processus de transition qui, qu’on veuille l’admettre ou pas, a des chances d’avoir encore de beaux mois à « languir ». Telle est donc «  l’entente cordiale » du « couple présidentiel » à la tête du pays.

Mais sournoisement, de part et d’autre, l’on s’est mis immédiatement à éplucher mot à mot, l’ensemble de la charte constitutionnelle de la transition, et plus particulièrement toutes les dispositions relatives à la fin de mandat du parlement provisoire. Ainsi, très discrètement, les conseillers de Samba-Panza, travaillent sérieusement, rencontrent de nombreux juristes, et tiennent absolument à découvrir et user de la plus petite « faille » permettant de « virer proprement » Nguendet de son perchoir. Par ailleurs, un émissaire officieux, cousin assez connu de Samba-Panza, est à la manoeuvre pour « travailler au corps à corps » et convaincre la vice-présidente du CNT Lea Koyassoum Doumta, dont l’adhésion est nécessaire à la réussite du « complot d’état » contre Nguendet. Mieux ou pire, une marche « spontanée » des « Pro – Pour – Masse Silencieuse – Collabo » – pour emprunter le vocabulaire cher à Madame la Ministre Gisèle Bedan -, est en principe prévue pour ce dimanche 31 août 2014, afin de demander la mise à l’écart de l’empêcheur de présider en rond qu’est Nguendet.

Que la marche projetée ait lieu ou pas, disons tout simplement que quand un pouvoir en place est obligé d’utiliser régulièrement un moyen de pression propre aux opposants – la marche -, pour gouverner et tenter de convaincre son peuple, ce n’est pas signe d’assurance. Et comme on le dit chez les peulhs d’Afrique de l’ouest « lorsque l’ombre des pygmées grandit, c’est que le soleil est sur le point de se coucher ».

De son côté Alexandre Ferdinand Nguendet, « l’homme qui rêvait de devenir Président de la République » « n’est pas mort. Il s’est juste un peu assoupi ». Comme vous avez dû le remarquer, très au courant de tout ce qui se trame contre sa personne, il envoie désormais son équipe de « fidèles », au front préparer l’opinion, nationale et internationale. Tant bien que mal, on essaie de convaincre et rallier le plus de gens possible à une interprétation très « intéressée » des dispositions de la charte constitutionnelle, et surtout d’expliquer et prouver tous les acquis de la présente « législature ». De même, la majorité des Conseillers Nationaux, pas si sûrs d’être reconduits en cas de profonds bouleversements, sont engagés à apporter un soutien indéfectible à « leur » Président. Après tout, 950 000 F CFA « gratuitement chaque mois », cela se défend non ? Qui est fou !

Ainsi, voici le peuple tout entier, mis en présence de Catherine Samba-Panza et Alexandre Ferdinand Nguendet, deux « personnes qui, séparément, ne peuvent rien faire et collectivement, décident que rien ne peut être fait » ou ne doit être fait sans elles.

Quoiqu’il en soit, à suivre de près l’actualité, à observer et à analyser assez finement les comportements, l’on ne peut feindre d’ignorer, l’extrême fébrilité qui a gagné depuis le début de cette semaine, à la fois la Présidence de la Transition et le Conseil National de Transition.

Mais Samba-Panza et Nguendet les ennemis intimes, occupés à se battre, risquent de se laisser supplanter par un troisième larron plus pernicieux et très méthodique, qui viendra mettre un coup d’arrêt brutal et définitif à cette transition malade de ses dirigeants. La suite du feuilleton…au prochain article.

Alors, que disent les oracles ? Qui lancera le « Aléa jacta est » et franchira le Rubicon, pour enfin lancer ses conquêtes à la Jules César, et devenir le maître incontesté de Rome la RCA ?

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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Un commentaire

  1. Samba-Panza et Nguédet sont tous les deux les branches d’un même arbre dénommé séléka. Qu’ils arrêtent de prendre les centrafricains pour des moins que rien et se gardent de les sacrifier sur l’autel de leurs intérêts personnels.
    La population n’a rien à gagner dans leurs attitudes conte-productives .
    Qu’ils comprennent qu’ils ne vont pas éternellement jouer avec ce peuple meurtri car comme un seul homme il risquerait de se soulever et les conséquences ne seront pas glorieux pour eux…
    On est vraiment lassé de cette espèce de « politiques » aux ambitions démesurées et qui sont aux antipodes de ce pourquoi ils ont été choisis pour jouir de leur posture respective actuelle .

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