Par GJK
Vous avez dit « Allons seulement » ? D’accord, entendons-nous d’abord.
En effet, la très riche et très tourmentée Histoire de la RCA, ne peut que s’humilier aujourd’hui, en comptant parmi ses « bâtisseurs », plusieurs « grands» hommes politiques, à jamais politiquement marqués – si ce n’est politiquement morts -, pour avoir prononcé en toute « innocence » et à des fins pédagogiques, mais au mauvais moment, au mauvais endroit et dans des circonstances les plus mauvaises, des bouts de phrases ou de simples mots. Ainsi en est-il de :
- « Démenti formel » ou « démenti catégorique »,
- « kougbé ti mango »,
- « Donnant-donnant »,
- « homme de la situation »
Ces substantifs, pour la plupart des centrafricains, rappellent encore systématiquement, des moments durs et catastrophiques de leur existence.
Et voici qu’aujourd’hui en Centrafrique et dans les milieux centrafricains à l’extérieur, le slogan « allons seulement » fait florès. J’aurais tant aimé connaître ce qu’il est advenu de l’homme politique qui le premier, cru devoir laisser sortir de sa bouche ces deux mots « fous ».
Pour mémoire, « Allons seulement », est un concept musical créé à l’origine par l’artiste ivoirien Molaré, l’un des « rois du coupé-décalé », dans le but de « gâter le coin » ou susciter une ambiance surchauffée accompagnés de pas de danse « endiablés ». Peu après, ce concept alors à la mode, fut repris par les jeunes artisans de la révolution burkinabé de 2015, qui, au cri de « Allons seulement », entendaient ainsi pousser absolument la classe politique vers les élections appelées à mettre à la fin à la transition politique dans leur pays.
Aussi, que dans un environnement sociopolitique centrafricain plus ou moins similaire à celui du Burkina Faso, des hommes et des femmes, choisissent aujourd’hui de crier partout avec emphase « Allons seulement », cela peut se comprendre et se comprend en tout cas aisément. Ici en définitive, « Allons seulement », n’est pas simplement un mot d’ordre, mais le cri du cœur de tout un peuple. Un peuple qui tient à exprimer à travers ces deux mots désormais « historiques », non seulement son ras le bol, mais aussi son envie d’en finir définitivement avec une situation déplorable, et de passer rapidement à autre chose. Même si dans l’absolu, cet autre chose ne garantit pas un avenir meilleur.
Cependant, il convient de souligner et d’insister sur le fait que de tout temps en RCA, même les choses les plus simples et les plus faciles en apparence, finissent toujours par se compliquer et devenir inextricables. C’est là malheureusement l’une des plus grandes faiblesses des Centrafricains.
Tenez ! « Allons seulement » ? Allons seulement donc !
Mais quand les uns crient « allons seulement » en pensant qu’il faille aller rapidement au deuxième tour des élections avec les deux candidats déclarés vainqueurs par l’ANE (Autorité Nationale des Elections), les autres quant à eux, criaillent également « allons seulement », mais en exigeant un nouveau décompte des bulletins par la CCT (Cour Constitutionnelle de Transition). Quant à tous ces groupes de rebelles et de criminels tapis dans l’ombre, leur « allons seulement » sonne le tocsin du désordre, de la panique et la désolation. C’est là les seuls actes qui « justifient » leur raison d’être et donnent du sens à leur existence.
Alors « Allons seulement » ? Mais avec qui ? Avec quoi ? Comment ? Par où et jusqu’où devons-nous « aller seulement » ?
Je crains seulement qu’à la vitesse « allons seulement » et la tête baissée, la Centrafrique et les Centrafricains, ne se retrouvent un de ces jours à leur réveil, catapultés brutalement au milieu du désert aride dénommé « si on savait seulement » !
Relevons la tête, savons raison gardée et faisons en sorte que plus jamais, la TERRE PROMISE pourtant à notre portée, ne s’éloigne une fois de plus et peut-être même définitivement de nous. Ce serait bien dommage.
Que Dieu bénisse la RCA
Guy José KOSSA
GJK Levillageois
Élève Certifié de l’Enseignement
Primaire,Tropicale et Indigène (CEP-TI)
Écrivain Public du Village Guitilitimö
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