Chronique de GJK

LE DICTATEUR …

« Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, Chrétiens, Musulmans, païens, étrangers, Centrafricains d’adoption et Centrafricains de souche.

Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne.

Chacun de nous à sa place et la terre de Centrafrique est bien assez riche, elle peut nourrir tous les Centrafricains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre, mais nous Centrafricains, l’avons oublié. L’envie a empoisonné l’esprit des Centrafricains, a barricadé la RCA avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang.  Nous avons développé la haine pour nous enfermer en nous-mêmes. Les armes qui nous tuent et les machettes qui assassinent, nous laissent dans l’insatisfaction.

Notre soif du pouvoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d’indifférence, nous ne ressentons pas assez et nous critiquons beaucoup trop. Nous sommes trop assoiffés et nous manquons d’humanité. Nous sommes trop appauvris et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n’est plus que violence et tout est perdu. Les accords, les tables rondes, les Dialogues et les institutions mises en place, tentent de nous  rapprocher les uns des autres, mais ces instruments ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain, que dans la fraternité, l’amitié et l’unité de tous les Centrafricains.

En ce moment même, ma voix atteint des millions de Centrafricains et de gens à travers le monde, des millions d’hommes, de femmes, d’enfants désespérés, victimes d’un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.

Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’habilité, de l’amertume de ceux qui ont peur du  progrès et de la renaissance du Centrafrique.  Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples.  Et tant que des Centrafricains seront prêts à mourir pour leur pays, la liberté ne pourra pas périr.

Centrafricains, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves, enrégimente toute votre vie, et qui vous dit tout ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser, qui vous dirige, vous manœuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du bétail.

Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes canons,  avec une machine à  tuer  à la place de la tête et une machine à haïr dans le cœur.

Vous n’êtes pas des machines à tuer et à haïr. Vous êtes des hommes, des Centrafricains  avec tout l’amour de votre  pays  dans le cœur. Vous n’avez pas de haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n’est pas fait d’amour. Centrafricains, ne vous battez pas pour l’esclavage mais pour la liberté.

Il est écrit dans l’Evangile selon Saint Luc  « Le Royaume de Dieu est dans l’être humain », pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains, en vous le peuple Centrafricain qui avez le pouvoir, le pouvoir de décider de votre avenir, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple Centrafricain, vous avez le pouvoir, le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure.

Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un Centrafrique nouveau, un Centrafrique humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité.

Ceux qui ont eu la responsabilité du pays, vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir : ils mentaient. Ils n’ont pas tenu leurs merveilleuses promesses. Jamais ils ne le feront.  Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir et font esclave, le peuple. Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer la RCA, pour renverser les frontières et les barrières tribales et ethniques, communautaristes, religieuses et  confessionnelles, pour en finir avec l’avidité, avec la haine et l’intolérance.

Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la réussite et le progrès mèneront tous les Centrafricains vers le bonheur.  Centrafricains au nom de la Démocratie, unissons-nous tous ! »

EXTRAIT FINAL DU FILM « LE DICTACTEUR »

Réalisé en 1939 par Charlie Chaplin.

Relu et adapté à l’attention des Centrafricains

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page