Chronique de GJK

COUP D’ARRÊT BRUTAL AU PROCESSUS DE TRANSITION EN CENTRAFRIQUE ?

L’homme apparemment très à l’aise qui parlait depuis plus de dix minutes, était de haute stature, l’allure bourgeoise et la quarantaine à peine entamée. Il apparaissait vraiment élégant dans son beau costume gris sombre. Son verbe racé était soutenu, et l’on devinait tout de suite en lui, le type même d’intellectuel cultivé, grand commis de l’Etat, dévoué, honnête, travailleur et discret. On aurait dit, et c’est regrettable, l’un de ces rares rescapés du grand naufrage dont est victime la Centrafrique, et qui semble avoir charrié toute la noble classe des administrateurs civils d’antan, pétris de rigueur, de droiture et de bonnes manières. D’un seul coup, sa voix claire doubla d’intensité et se mit à vibrer, tandis que son regard jusque-là inexpressif, laissa surgir des yeux saillants, sur un visage subitement transfiguré. Il venait d’aborder un sujet d’une extrême gravité, et ne put se retenir d’interpeller pratiquement ses deux autres compagnons, en les fixant tour à tour droit dans les yeux :

« Albert mon aîné, je ne te demande pas de me croire. Jérôme, cadet, à toi non plus de je ne te demande pas de ne pas me croire. A vous tous deux, je dis simplement : croyez-moi ou ne me croyez pas du tout. De mon récit – et c’est là mon souhait le plus profond -, retenez ce que vous voulez, mais surtout souvenez-en un de ces jours qui approchent à grands pas. Et ce jour sur RFI, comme d’habitude, vous suivrez en même temps que tous les autres Centrafricains – une information en boucle et délivrée à peu près en ces termes :

Coup d’état ce matin à Bangui. Jean Jacques Demafouth, qui occupait depuis un certain temps auprès de la Présidente Centrafricaine, les fonctions de Ministre en matière de sécurité, chargé des relations avec MINUSCA, SANGARIS et EUFOR, s’est emparé ce matin à l’aube, du pouvoir en Centrafrique. Dans sa première déclaration faite à la radio-Bangui, le tout nouveau Chef de l’Etat centrafricain qui est loin d’être un inconnu, promet de rétablir immédiatement l’ordre et la sécurité sur tout le territoire, ainsi que de réunifier tout le pays. Tout en rendant hommage à son prédécesseur Samba-Panza qui se trouverait en lieu sûr, Monsieur Demafouth a justifié son coup de force par le  fait  que le processus de transition était complètement bloqué, et qu’il était devenu inévitable d’envisager une nette rectification. Monsieur Demafouth a annoncé par ailleurs, la suspension de la charte constitutionnelle et de toutes les institutions de la transition. Il a également promis un retour rapide de la démocratie dans le pays, et appelé tout le monde à demeurer calme. Du côté de la classe politique ainsi que de la société civile, l’on a reçu pour le moment aucune réaction. Quant à la population, les rares personnes croisées, ont pour la plupart laissé entendre que tout le monde s’attendait de toutes les manières à ce Coup d’Etat de Demafouth. A part les abords des endroits jugés stratégiques et quelques immeubles de la capitale gardés par les forces de Sangaris, de la Minusca et de l’Eufor, on ne remarque aucun déploiement exceptionnel de l’armée dans les rues de la capitale centrafricaine. La France, ancienne puissance coloniale, depuis longtemps présente militairement en Centrafrique, a tout simplement rappelé sa condamnation de toute tentative armée pour renverser un chef d’Etat, et estimé que seule une solution politique permettrait de sortir de la crise en Centrafrique. Après la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), qui a déclaré observer avec la plus grande attention ce qui se passe dans ce pays membre de cette institution, l’Union africaine (UA), la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), l’Assemblée parlementaire de la francophonie et l’Organisation internationale de la Francophonie, ont émis des condamnations mais apparemment sans trop regretter le départ de Samba-Panza, devenue incontrôlable et imprévisible depuis plusieurs semaines. En fait, elle s’était mise en tête dans les derniers moments de sa présidence, de défier systématiquement la communauté internationale, à travers toutes les dernières mesures prises, et notamment la nomination de son nouveau premier ministre dont le gouvernement n’aura duré que quelques semaines. Nous vous informerons au fur à mesure de l’évolution des faits marquants de ce énième soubresaut en RCA. »

Je venais à peine d’entrer dans mon bar malfamé de la gare de Melun, – « Bangui sur Seine » -, et étais parti me vautrer comme à l’accoutumée, à mon « poste de contrôle », situé dans l’un des quatre coins donnant directement sur le comptoir. De là généralement, j’entends tout, je vois tout, sans jamais rien oublier des conversations insolites, grâce à mes petits crayons et aux nombreux bouts de papiers dont mes poches sont tout le temps remplies. Ce que je venais d’entendre me laissait entrevoir une journée prometteuse en matière de nouvelles fraiches. Un simple coup d’œil circulaire, m’a permis tout de suite de remarquer que je n’avais encore jamais vu les trois personnes que je me décidai naturellement de suivre attentivement. Chose bizarre et rare, ces inconnus étaient arrivés avant moi au bar et avaient pris place à un endroit d’ordinaire inoccupé pendant toute la journée et non loin de mon « bureau ». Bref, qu’importe à partir du moment où la « moisson » promet d’être abondante. Et comme s’ils attendaient que je prenne place, la conversation du trio s’anima de plus belle :

« Je t’ai bien compris cadet Marcel, ce que tu viens de raconter peut toutefois arriver, mais penses-tu que la Présidente n’entend pas tout ce qui se dit à propos de cet homme ? Pourquoi crois-tu qu’elle le maintient si proche d’elle, si elle est consciente du danger que Demafouth représente pour son pouvoir ? »

« Mes chers frères, reprit Marcel, je vous répondrais en deux points :

Tout d’abord, je puis vous assurer que vous ne connaissez rien de cet homme dont vous n’entendez certainement que le nom. En tout cas, si vous le connaissez, ce n’est pas autant que moi qui suis Conseiller officieux à la Présidence de la République et qui le vois tous les jours. En un mot, Demafouth est un roublard de la pire espèce, un mystique doué d’un pouvoir d’inhibition sur n’importe quelle intelligence humaine. Et si vous ne me croyez pas, trouvez-moi toutes les explications susceptibles de me convaincre sur ces quelques faits : comment a-t-il pu « rouler ainsi dans farine » plusieurs fois ses aînés Patassé et Kolingba? Comment est-il passé entre les mailles de Bozizé le tueur de Massi?  Comment s’est-il retrouvé dans les cercles de Djotodia et la Séléka? Avez-vous vu comment il a tourné en bourrique Nzapayéké dans l’affaire du « complot planifié » relatif au carnage de Fatima ? Et le voici aujourd’hui éminence grise de Samba -Panza. Allez-vous me dire en plus que Demafouth – même s’il s’en est toujours tiré à bon compte jusqu’ici -, est innocent et blanc comme neige de toutes les accusations de coup d’état et de nombreux meurtres et assassinats portés contre lui depuis plus de 30 ans ?

Le second point est celui-ci : Je me souviendrais toujours, bien que cela date du temps où j’étais encore étudiant, de cette histoire racontée par Thomas Sankara lui-même, au sujet de son meilleur ami Blaise Compaoré qui devait plus tard le tuer:

« Un jour, des gens sont venus me voir, complètement affolés, « il paraît que Blaise prépare un coup d’Etat contre toi… » Ils étaient, le plus sérieusement du monde, paniqués. Je leur ai répondu ceci : « Le jour où vous apprendrez que Blaise prépare un coup d’Etat contre moi, ce ne sera pas la peine de chercher à vous y opposer, ou même à me prévenir. Cela voudra dire qu’il est trop tard et que ce sera imparable. Il connaît tant de choses sur moi que personne ne pourrait me protéger contre lui s’il voulait m’attaquer. Il a contre moi des armes que vous ignorez..»

Remplacez ici Thomas Sankara par Samba-Panza et Blaise Compaoré par Jean jacques Demafouth. Les amis intimes par les nôkô ou köyâ de Kouango. Vous avez ainsi une des réponses à votre question. Personnellement, j’incline à croire que Samba-Panza n’ignore pas sa situation par rapport à Demafouth à qui elle a dû déjà poser plusieurs fois la question au sujet de ces bruits de coup d’état. Naturellement, l’autre jure toujours ses grands dieux et proclame la main sur le cœur, son innocence comme personne ne sait le faire mieux que lui. A la réflexion et voyant presque le vide d’intelligence qui l’entoure, et surtout toute la place que Demafouth s’est ingénié à s’arroger, elle s’est dit, complètement dépitée « Sans Demafouth je ne suis rien du tout, avec lui je risque tout. Autant tout risquer que de n’être rien du tout »

Dorénavant, en présence de Demafouth, je vous assure, Samba-Panza est comme sous l’emprise de Dionysos, totalement ivre d’avoir ingurgité le nectar du pouvoir avec une gloutonnerie stupéfiante, et incapable d’écouter qui que ce soit, si ce n’est ce dieu qui ne fait que lui rajouter des doses de plus en plus fortes de ce bon vin. Peut-être encore, seuls les enfants de la présidente pouvait la tirer de cette mauvaise impasse. Mais hélas, prenez le garçon qui vit  en France. Dès qu’il arrive à Bangui pour ses « consultations », il passe son temps à rouler dans des véhicules estampillés PR, et oblige sa maman à remplir rapidement sa valise d’euros. Une fois de retour où il réside, il se met à tout dilapider, quelque fois à investir soi-disant, en achetant pêle-mêle des appartements, avant de repartir à Bangui puiser encore de nouveau à la source intarissable. »

« Quant à moi, dit Jérôme, je voudrais savoir pourquoi tout le monde croit que Demafouth, ne peut pas se passer de faire ce coup d’état » ?

« Mais c’est très simple, repartit Marcel, et la première réponse se trouve dans ta question. Demafouth, ne peut pas se passer de prendre le pouvoir en Centrafrique, justement parce que tout le monde pense qu’il va le prendre. Et quand il passera à l’acte comme il y pense « tous les matins en se rasant », cela n’étonnera plus personne. C’est aussi simple que cela !

La seconde raison, c’est que depuis plus de 30 ans qu’il court après cette fonction présidentielle, Demafouth, n’a jamais été aussi proche du but. Ajuourd’hui, il est vice-président et ce n’est pas cette petite marche qui reste à grimper qui va lui échapper tout de même ! Que croyez-vous ? Qu’il attende d’aller aux élections ? D’ailleurs, pour avoir été chef rebelle, il est exclu à vie de toute candidature aux élections présidentielles. Alors qu’est ce qui lui reste à faire ? Après tout, comparez les parcours de Bozizé et de Demafouth et vous comprendrez encore mieux : Le premier a été plusieurs fois candidats aux élections présidentielles, chef d’état-major, rebelle, puis Président. Le second lui aussi a été plusieurs fois candidats aux élections présidentielles, ministre de la défense, rebelle, et il ne lui reste plus qu’à devenir Président de la République. Et  tant qu’il n’ y arrivera pas, il continuera de penser qu’il a raté sa vie et aura vécu pour rien. Déjà que 30 ans à courir, cela sonne en lui comme un échec.

La troisième raison de cette obsession aujourd’hui, c’est que Demafouth, doit préparer son avenir, lui qui n’est pas prêt de prendre sa retraite. En effet, l’homme a pleine conscience des mauvais coups qu’il a joués à presque tout le gotha centrafricain, du nombre de veuves et d’orphelins qui n’attendent que des occasions de lui demander des comptes. Et pour lui aujourd’hui, il n y a pas meilleur moyen d’échapper au « verdict » impitoyable qui l’attend, – du moins de le retarder – , que d’être toujours dans les cercles du pouvoir, et pourquoi pas au pouvoir lui-même ?

La quatrième et dernière raison qui me vient à l’esprit, c’est que le coup d’état de Demafouth, « sauvera » aussi la mise à Samba-Panza. La « femme de combat et non femme à démissionner », dans ses quelques moments de lucidités, doit se dire très souvent « Malheureuse suis-je ! Qui me délivrera de ce pouvoir mortel ? » Tout compte fait, dites-moi en toute sincérité et les yeux dans les yeux, que vaut et que peut encore Samba-Panza ? »

Dès qu’il eut fini sa phrase, Monsieur Marcel, Conseiller officieux à la présidence de la République centrafricaine se leva pour aller au petit coin se soulager. Au fait, pendant tout le temps qu’il parlait, il soulevait régulièrement son shop de double pression bien glacé. Et il en est au quatrième tour de table. Moi aussi, sans m’en rendre compte, absorbé par la prétendue lecture que je faisais de mon quotidien « le Monde » de ce jour, alors qu’en réalité c’était plutôt mes fonctions auditives qui étaient activées, j’avais oublié que le serveur du bar avait posé dès que je suis arrivé, mon habituel vin rouge « clochard nouveau ». Je me servis aussitôt et bu coup sur coup trois demi verre. Pour moi, au stade où j’en suis, le vin rouge est une commodité de travail. Et quand je bois, comme dirait un de mes anciens professeurs d’université, c’est pour une question de santé et non pour me faire transporter dans une brouette. D’ailleurs à quoi reconnait-on les vrais Centrafricains sinon par leur goût prononcé pour l’alcool et leur libido débridé ! Allez voir à Bangui et vous m’en direz des nouvelles. Les petites filles n’ont même plus peur de leurs « papa », et ces « vieux cons pleins d’argent » n’ont pas pitié de leurs arrières petites filles. Comme quoi mon pays va vraiment mal. Bref voilà Monsieur le conseiller qui revient.

« Bon je crois que nous allons partir non ? J’ai rendez-vous tout à l’heure au quai d’Orsay (Ministère Français des affaires étrangères). Une fois de plus pour être reçu par un planton, au mieux par une secrétaire stagiaire qui va me laisser mariner pendant une heure de temps avant de me faire appel pour me parler d’un pays qu’elle ne peut même pas situer sur une mappe monde. Pauvre Centrafrique. »

« Je voulais te poser une dernière question, intervint une fois de plus Albert. Petit frère, dis-moi, toi qui semble convaincu du prochain coup d’état de Demafouth, comment penses-tu qu’il va réussir ? »

« C’est justement par là qu’il fallait commencer mon grand ! Au fait, le système est totalement verrouillé et fin prêt. La bande à Demafouth n’attend que le top départ ! Dans le gouvernement, Dematouth détient par l’entremise de Sokambi et Agbo, les très importants portefeuilles de défense et des mines. Dans la garde rapprochée de Samba-Panza, vous avez le Directeur Général de la sécurité présidentielle d’un côté, et de l’autre, plusieurs officiers comme Yékoua, ainsi que des hommes de rang, qui tous, ne jurent que par Demafouth. En effet, du temps où il était ministre de la défense de Patassé, il avait réussi à réhabiliter et à réintégrer dans l’armée, tous ces hommes qui furent pour la plupart à l’origine des mutineries contre le régime du même Patassé. Après, ils les a utilisé pour le fameux coup d’état manqué du 28 mai 2001 que Kolingba avait revendiqué sans en être le véritable commanditaire. Le chef d’état-major et son adjoint, ainsi que le commandant de la gendarmerie, sont tous des officiers fabriqués par cet intrépide roublard à qui ils sont redevables à plus d’un titre. Je précise qu’au stade actuel, toutes ces personnes ne sont pas forcément au courant des intentions véritables de Demafouth qui les a fait nommer. Ce dernier est en train de finir la phase de conditionnement total et du « lavage de cerveau » de tous ces hommes. Le moment venu, ils ne pourront alors que s’exécuter. Et comme à la guerre, si tu avances avec toute la bande tant mieux, si tu t’arrêtes on te pointe, si tu veux reculer on te bute. Quant aux autres ingrédients, soyez sûrs qu’avec ses multiples réseaux, ce n’est pas la France qu’on connaît qui rejettera Dematouth. Personne au niveau international ne regrettera Samba-Panza, et je ne vois pas sur le plan national, qui peut venir après coup s’opposer à Dematouth et sa politique de rectification. D’ailleurs il faut le dire, Dematouth n’a pas que des ennemis dans cette Centrafrique des affamés et de la course à la mangeoire. Dans le meilleur des cas, entre Demafouth et Samba-Panza, il se déroulera une espèce de passation sans effusion de sang, comme cela s’était passé entre Dacko et Kolingba. Dans le pire des cas, les choses se passeront comme à l’époque entre Dacko et son cousin Bokassa. Voilà pour ce que je pense.

S’il vous plaît mes frères on peut partir d’ici ? J’ai mon rendez-vous et pour rien au monde je ne voudrais être en retard ». Ainsi conclut Marcel.

Sur ce, j’ai suivi des yeux très discrètement les trois hommes, Marcel, Albert et Jérôme se lever pour gagner la porte de sortie. Et pour m’aider à mettre de l’ordre dans mes idées, je fis la commande d’une autre bouteille de mon « clochard nouveau » et d’un double café serré. Je passai ensuite quelques minutes à réfléchir et à gribouiller sur mes bouts de papiers, afin d’être sûr de ne pas perdre l’essentiel de cette conversation pas si inattendue que cela. A vrai dire, ces trois hommes étaient venus là dans ce bar exprès, parce que tout le monde sait désormais que j’y ai installé mon bureau. On y vient de plus en plus me chercher là pour me livrer des informations sans pour autant en donner l’impression. Et moi, « bête » comme je suis, je  les livre à l’état brut à tous mes lecteurs. Mais je n’oublie pas pour moi-même, le conseil que Marcel avait donné à ses amis au début de leur conversation, et que je vous réitère : « de mon récit – et c’est là mon souhait le plus  profond -, retenez ce que vous voulez, mais surtout souvenez-en un de ces jours qui approchent à grands pas ».

Après tout, quand Samba-Panza et Nguendet passent leur temps à se disputer pour un fauteuil, le troisième larron n’a-t-il pas le droit d’intervenir pour mettre tous les deux d’accord en s’emparant de l’objet de leur dispute ?

A y penser, la véritable force de Demafouth, ne résiderait-elle pas dans sa capacité à résister aux inimitiés, jalousies et désirs de vengeance plus ou moins légitimes et justifiés dont il serait l’objet ? Bien des spécialistes en développement personnel vous le diront.

En définitive, qu’est ce qui dit que Demafouth président sera pire qu’un autre ou ne réussirait-il pas où les autres ont échoué ?

J’entends déjà vos voix …Eh pardon ! Je n’ai rien dit.

Quant à moi, si on vous demande, vous ne m’avez pas vu ici.  D’ailleurs, je n’ai désormais que pour seul confident mon adorable verre de vin rouge !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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