Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : UN PAYS DE MALCHANCE

Présenter le CENTRAFRIQUE comme un pays de malchance revient à dire la nature de malchance dont le pays souffre. La malchance qu’a ce pays se résume dans le fait qu’en un peu plus d’un demi-siècle, le développement n’a jamais élu domicile dans ce territoire. Les quelques réalisations qui ont été faites en matière d’éducation, de santé ou de construction de routes, si elles n’ont été que des balbutiements obligés pour se donner bonne conscience, ne correspondent en rien aux potentialités que ce pays peut développer, aussi bien à travers ses ressources naturelles qu’à travers son potentiel humain. Plus de cinquante années se sont écoulées, qui ont vu des chefs d’État se succéder au pouvoir : un pour se payer des châteaux en Europe avec l’argent du contribuable centrafricain, un autre pour transformer l’armée centrafricaine en une armée ethnique, un autre pour faire du trésor public sa caisse d’épargne personnelle et familiale, un autre encore pour faire du pouvoir d’État un pouvoir régional et enfin un dernier pour venir semer la mort et la division dans la population centrafricaine, en laissant derrière lui un pouvoir impuissant entre les mains de ceux qui l’ont soutenu à travers la constitution d’une assemblée de bric et de broc, dont les centrafricains ont du mal à reconnaître l’utilité, tant il n’y a personne pour les défendre dans leur calvaire.

A la vue de cette présentation du problème centrafricain, on voit clairement que la malchance évoquée en titre de cette tribune ne tient qu’à un problème de leadership et à un manque réel de vision et d’objectifs arrêtés dans la conduite des affaires du pays. Ainsi l’on peut se rendre compte que chacun des hommes qui ont dirigé le pays n’a réellement pas eu comme boussole, le développement social et économique du pays et de ses populations. Ainsi, comment admettre qu’un chef d’État ne puisse pas avoir de résidence personnelle dans son propre pays ? Comment accepter qu’un chef transforme la plupart des membres de sa famille en courtisans du palais présidentiel, comment accepter qu’une seule ethnie soit majoritaire dans une armée nationale, tout cela à cause des caprices du prince ? Comment voir des fonctionnaires ne pas percevoir leurs salaires parce que l’argent du trésor public a servi à acheter des pavillons à l’étranger ?

Peut-on croire aussi que la malchance du CENTRAFRIQUE vient aussi de son peuple qui a laissé ses dirigeants faire, en rigolant parfois de leurs exactions ?

Un pays n’est pas comme une pièce de monnaie qu’on cache au fond d’une culotte ou d’une poche de pantalon. Tout ce qui se fait dans un pays est aussi perçu de l’extérieur. Nos voisins savent ce que nous faisons et qui nous sommes.

Le dernier sommet de Malabo nous l’a signifié en grandeur nature. Quand on humilie votre chef d’État au point de le (la) laisser moisir dans un couloir comme un pauvre mendiant qui attend qu’on lui jette les dernières miettes de pain qui doivent l’aider à passer la nuit en attendant le lendemain, on doit avoir mal quelque part pour son pays.

Quand vous avez un premier ministre qui ne sait pas quelle posture prendre avec sa diaspora, vous devez comprendre que votre pays a du chemin à faire dans la manière de mener les hommes. Mais qui peut réellement charger la barque à ces deux personnalités quand on sait la manière avec laquelle elles sont arrivées au pouvoir ?

Se lever du jour au lendemain pour se retrouver bombardé(e) chef d’État sans y être vraiment préparé(e) ne surprend personne quand il s’agit de CENTRAFRIQUE, tout comme prendre sa mallette pour aller à son bureau de postier ou de banquier et se faire arrêter pour être précité dans une voiture officielle avec le titre de Premier Ministre est une banalité en CENTRAFRIQUE.

Alors, comment ne pas comprendre le piétinement du pays depuis l ‘indépendance ? Comment ne pas comprendre que pour avancer, il faut un chef, mais il faut aussi un programme suffisamment réfléchi, avec une vision claire ?

Quand les pressions extérieures nous imposent des hommes qui doivent composer notre propre gouvernement, nous devons comprendre que nous sommes nous-mêmes à l’origine de ces anomalies, et il nous appartient de nous en rendre compte pour les éradiquer. Tant que nous n’aurons pas compris cela, nous aurons toujours des directives externes pour nous indiquer la voie à suivre, quand bien même cette voie ne serait pas celle que nous aurions choisie. Nous ne pensons pas que ce soit là la volonté du peuple centrafricain dans son ensemble.

Et si nous voulons nous passer de ces ingérences inopportunes, nous devons savoir que nous avons des hommes capables d’orienter la politique du pays dans un sens souhaité par tous, des hommes que nous devons soutenir et que nous ne soutiendrons pas tout simplement parce qu’ils sont nos amis, nos frères ou nos oncles car cela nous ramènerait aussi et irrémédiablement à la case départ, dont nous avons beaucoup de mal à nous éloigner.

 Adolphe PAKOUA

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