Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE : LE SILENCE COMPLICE DU CNT

Actuellement en Centrafrique, il suffit d’appeler les autorités à la prudence, à la vigilance, à la positive attitude, à la bonne gouvernance ou à la rigueur, pour se voir taxer d’ennemis de la République. A force de tirer la sonnette d’alarme, de fustiger les pratiques moyenâgeuses des autorités transitoires, de braquer les lampions du gril médiatique sur les contrebandiers, les faussaires et les fossoyeurs de la République, on est d’emblée, à tort et à travers, considéré comme des ennemis. Alors, n’en déplaise aux comètes qui gravitent autour du pouvoir de Bangui, nous ne cesserons d’alerter l’opinion nationale et internationale sur les mafieux du sérail. Sans chercher à être ou devenir la voix la plus pittoresque de la Centrafrique silencieuse, nous crierons au scandale autant que faire se peut, dès l’instant où le silence s’apparente à la complicité. S’il faudrait paraphraser un parolier de la musique centrafricaine appelé communément Ngoutiwa, nous ne nous tairons jamais tant que nous serons toujours en vie.

A vrai dire, nous ne sommes pas dans une logique de critique sceptique mais méthodique. A défaut d’une Centrafrique exemplaire, il nous faut une République acceptable en dépit de nos errements. En principe, nos faiblesses et nos infirmités ne doivent pas altérer le fonctionnement majestueux du pays. Malheureusement, les autorités de Bangui confondent très souvent la gestion de la chose publique avec leur patrimoine personnel. Elles doivent comprendre que les régimes se succèdent, le peuple se renouvelle, mais le pays demeure immuable. A ce titre, il serait souhaitable que les autorités centrafricaines prônent dorénavant le culte de l’excellence afin de rompre avec le centrafricano-pessimisme ambiant qui tire de plus en plus le pays vers le bas.

Allons-nous nous murer dans un silence total face aux turpitudes de la transition ? Les Conseillers de Dame Cathy sont-ils conscients de la prédation qui sévit dans le pays comme les criquets pèlerins ? Une chose est sûre et certaine, ces fameux conseillers se plairont à dire plus tard aux Centrafricains : « La Présidente était trop têtue et elle ne voulait jamais nous écouter…Pire, elle n’en faisait qu’à sa tête ». Voilà une sempiternelle rengaine qui ressemblera à un récital, dira-t-on « déjà vu ou entendu ». Presque tous les conseillers des Présidents Bokassa, Dacko, Kolingba, Patassé, Bozizé et Djotodia ont dit la même chose après la déchéance de leur patron, pourtant ils n’avaient jamais eu le courage de démissionner pour marquer leur désapprobation. Ces conseillers officiels et officieux, qui inondent aujourd’hui le palais de la Renaissance comme des supporteurs dans un gradin de stade, n’hésiteront pas remonter un jour les bretelles de Dame Cathy, mais ce, après la perte du pouvoir.

Aussi surprenant que cela puisse être, les méandres mafieux se sont intensifiés ces jours-ci sans que cela ne suscite une quelconque réaction.
Si le CNT jouait convenablement sa partition, les choses devaient déjà au moins s’améliorer. L’on se demande si le Chef du Gouvernement présentera encore sa politique générale devant le parlement provisoire. Quoiqu’il advienne, le CNT doit être la plate-forme qui soulève tous les débats concernant le fonctionnement de la transition. Ce parlement doit en outre susciter plusieurs questionnements autour du programme d’action de chaque Ministre. C’est dans ce cas de figure que le Président du CNT doit prendre ses responsabilités malgré les pressions et les menaces de mort qu’il reçoit ces derniers temps.

Par dessus tout, nous vous exposons sur la lame microscopique, un contentieux très lucratif entre la Centrafrique et la société ANTAFER. Cette société également appelée ANTAVER est basée en Belgique et spécialisée dans la vérification des conteneurs par rayon X. Grâce à cette vérification ultra sophistiquée, elle peut d’écrire avec exactitude le contenu d’un conteneur. C’est conformément à cette optimisation de traçabilité que l’état centrafricain a signé une convention avec la dite société. Sitôt, les Douaniers centrafricains appréciaient la similitude qui existait entre l’« écor intégral » (vérification physique) et les bordereaux de vérification de la Société ANTAFER. Mais peu à peu, une crise de confiance s’installa entre les deux parties car l’on se rendit très vite compte que les bordereaux de ANTAFER correspondaient moins en moins à l’effectivité des marchandises. En un mot, la vérification physique des Douaniers centrafricains présentait une liste de marchandises différente ou contraire à celle de ANTAFER. D’où le contentieux entre les parties au regard des textes statutaires de la Convention.

Selon un Juriste proche du dossier, « Cette affaire peut apporter plus de 20 Milliards de F CFA à l’état centrafricain si la procédure judiciaire est bien menée ». Hélas, sans sourciller, nous vous informons que cette société a reçu discrètement la patronne de la Douane il y’a deux mois environ. Et depuis lors, le dossier semble clos car plus personne n’en parle à l’heure actuelle. Certains Douaniers, qui n’ont pas leur langue dans la poche, claironnent qu’elle aurait empoché une grosse somme d’argent à titre individuel et personnel pour enterrer la procédure.

Reconnaissons-le, la longanimité des Centrafricains s’étiole très progressivement. Pour ce faire, le CNT doit diligenter une enquête sur la gestion des finances publiques et questionner les membres du gouvernement. Quant aux plumes de RCA, toujours les mots contre des maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE (RJPM)
Chroniqueur,Polémiste

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