Mots contre maux de rjpm

CENTRAFRIQUE : LE CALENDRIER ÉLECTORAL SE PRÉCISE

Les couloirs du siège des Nations Unies bruissent ces jours-ci sur l’impérieuse nécessité de la tenue des élections en Centrafrique avant la fin de l’année 2015. L’idée fait en ce moment bonne presse parmi les diplomates qui travaillent sur le dossier centrafricain. Tout porte à croire que les autorités de Bangui et la Communauté Internationale n’ont pas les mêmes visées sur le calendrier électoral.

Selon la Présidente de la Transition, plusieurs facteurs désobligeants tels que l’insécurité, le non-redéploiement des fonctionnaires sur tout le territoire centrafricain, le climat de défiance, la ghettoïsation des potentiels électeurs et le manque de financement du processus, contribuent inlassablement au report des scrutins prévus pour Février 2015. Même son de cloche du côté des responsables de l’Autorité Nationale des Élections (ANE). Que ce soit sur Radio France Internationale (RFI) ou sur les chaînes nationales, le président de l’ANE a martelé le même discours.

Pourquoi les autorités de Bangui évoquent-elles le report des scrutins alors qu’elles n’ont jamais convoqué le corps électoral ? Comment osent-elles parler d’une date intenable alors que le fichier électoral n’a jamais été constitué ? Autant les facteurs évoqués ci-haut par la Présidente freinent la tenue des échéances électorales à la date initialement indiquée, autant l’Autorité Nationale des Élections manque de détermination dans la gestion du processus électoral.

Avec l’avènement des Casques bleus et le retour progressif de la sécurité sur toute l’étendue du territoire centrafricain, l’ANE devait en principe voter son budget et élaborer un chronogramme d’action daté pour marquer les différentes étapes du processus. Aussi, elle devrait mettre progressivement en place une administration électorale composée à la fois des comités locaux et des aires opérationnelles (agents de recensements). Si l’ANE réalisait une telle avancée, il est clair que les partenaires internationaux soutiendront avec efficacité la machine électorale. En dehors des beaux discours du président de l’ANE, rien n’est fait jusque là.

D’ores et déjà, l’on doit s’attendre à une crise sans précédent sur la constitution du fichier électoral. Surtout que l’ANE ne suscite guère de débat national autour de l’enrôlement des électeurs. Même si certains leaders politiques brandissent l’audience foraine comme le mode opératoire le plus usuel dans ce cas de figure, il est aisé d’admettre que la plupart des experts onusiens opte pour un enrôlement inclusif. D’après les experts internationaux, l’idéal est d’éviter un conflit supplémentaire qui pourrait paralyser à nouveau le pays.

Manifestement, le voyage à la hussarde du président de l’ANE aux États Unis sonnera le glas de cette incertitude ambivalente. Il semblerait que les experts onusiens ont donné le ton : « Les élections doivent se tenir en Centrafrique avant la fin de l’année 2015 ». Quand bien même l’ANE peine à s’imposer, la Communauté Internationale est déterminée en revanche à mettre les bouchées doubles pour conduire le pays vers la légalité constitutionnelle. C’est dans cette optique que la mission des Casques bleus revêt un caractère multidimensionnel.

En dépit de la procrastination et des reculades des autorités du pays, les experts onusiens s’emploieront à respecter leur programme d’action. Pourvu que l’on ne s’étonne pas que les membres de l’ANE soient in fine gérés pendant ce laps de temps comme des simples agents électoraux par les experts internationaux. Espérant que les casques bleus travailleront de façon concomitante pour l’aménagement des infrastructures routières, les édifices publics et le redéploiement des fonctionnaires sur tout le territoire centrafricain.

En attendant que les choses  se clarifient et s’accélèrent d’ici là, nous utiliserons toujours les mots contre des maux.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste

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Un commentaire

  1. Élaborer un chronogramme ,oui cela est possible..;C’est le seul point sur lequel je pourrais être d’accord avec vous. Pour tout le reste, j’avoue que vous êtes à côté des clous car comment convoquer le corps électoral alors qu’un certain nombre de dispositions n’ont pas été prises à savoir :
    – retour des déplacés
    -recensements des futurs électeurs
    – confections des listes électorales par préfecture , sous préfecture, commune, village, etc…
    Comment pourrait-on mettre des aires opérationnelles pour des recensements dans le contexte qui est celui de notre pays où les forces non conventionnelles continuent à sévir ?
    La communauté internationale à mon avis en fixant la date des prochaines élections chez nous est allée trop vite en besogne car elle est en déphasage avec les réalités du terrain.
    Certes celui qui paie commande; mais pour autant nous ne devrions pas suivre les yeux fermés les avis de cette communauté dite internationale.
    Je ne suis pas partisan d’une transition interminable mais pour autant je ne pourrais cautionner des élections organisées à la va-vite qui risqueraient d’engendrer des contestations inutiles .
    De toutes les façons , je suis de ceux qui pensent que la préoccupation du centrafricain lambda n’est pas pour le moment les élections mais la sécurité qui permettra la circulation en toute quiétude sur toute l’étendue du territoire…cela passe par la remise en selle des forces armées capables de mettre hors d’état de nuire les bandits qui écument en toute impunité notre pays…
    Les élections, franchement, ça peut encore attendre…

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