Grand format de J.Gréla

CENTRAFRIQUE SUR DES BRAISES INCANDESCENTES, ABAKAR SABONE RECIDIVE ET SIGNE

A l’heure où Centrafrique tente de panser ses plaies béantes grâce aux divers messages de paix, aux actions des humanitaires sur  le terrain, à celles des associations de la diaspora dont Orsie et Orphée à Reims (51), de groupes armés ou de criminels sans vergogne continuent avec impunité de piller, de commettre des exactions et de procéder purement et simplement à des règlements de compte individuels. L’instrumentalisation des jeunes désœuvrés par la main du diable Méphistophélès Bozizé, démasqué il y a quelques jours, dans un entretien téléphonique, n’est pas au crédit des graines de la paix et de la sécurité en Centrafrique.

Dans cette atmosphère la presse internationale déplore ce qu’elle appelle « la mort de Saleh Dido, le dernier musulman de Mbaiki ».

Les musulmans, la peur au ventre 

Et pourtant à Mbaïki lors de la visite de Le Drian et madame la présidente Samba Panza, le 12 février dernier, Saleh Dido déclarait à l’AFP rapporté par Le Monde : « Je suis né ici. J’ai fait des enfants ici. Je suis à la mairie depuis cinq ans, j’ai prêté serment, je suis patriote. Pourquoi devrais-je partir ? Je veux vivre dans mon pays… » Le témoignage bouleversant de celui qui était commerçant, transporteur et maire-adjoint de Mbaïki a ému la presse internationale mais n’a pas éteint les feux de la haine de ses détracteurs qui l’ont poursuivi, attrapé et tranché la gorge, impunément, le 28 février. L’optimisme souligné du maire Raymond Mongbandi qui allait tenter de protéger son adjoint est-il tombé dans les oreilles d’un sourd ?

Les musulmans centrafricains ou les centrafricains musulmans

Seraient-ils apatrides dans leur propre pays ?

 

Dans le même ordre, Metronews du 02 mars, alerte la communauté internationale sur le sort des musulmans réfugiés à la mosquée centrale de Bangui. « Les quelques milliers de musulmans qui n’ont pas fui, vivent dans la peur. Regroupés dans quatre enclaves, ils sont encerclés par leurs ennemis. Une situation de tension extrême, que Philippe Leclerc, en charge pour le Haut-commissariat aux réfugiés de la protection des civils en Centrafrique, n’hésite pas à comparer à Srebrenica » rapporte le quotidien en ligne. « Le 13 février, une vingtaine de familles peules, parquées à la frontière septentrionale de Bangui, ont ainsi tenté de prendre la route du nord, pour se réfugier au Tchad voisin. Mais leur chemin s’est arrêté à 150 kilomètres de la capitale, dans le village de Ferré : une bande armée y a assassiné tous les hommes du groupe »précise le journal.

En dépit de ces tensions, invitée le 02 mars 2014 de l’émissionInternationales diffusée sur TV5 Monde et sur RFI, la présidente de transition, Samba-Panza a estimé que la situation s’était « énormément améliorée » depuis sa prise de fonction il y a un mois ; que « l’insécurité qu’il y a à Bangui depuis pratiquement un an et demi ne peut pas se résorber du jour au lendemain ». Elle a souligné qu’il y a toujours « des pics de violences mais les choses s’améliorent » et a aussi jugé « insuffisants » les effectifs actuels des forces françaises et africaines face aux difficultés rencontrées sur le terrain, demandant à nouveau le déploiement d’une opération de maintien de la paix onusienne forte d’environ 10 000 hommes.

Ce nouvel appel est-il entendu ? Dans son édition, La Libération  du 3 mars 201, en ligne, Ban Ki-moon recommande de déployer 12.000 casques bleus afin de rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays livré à l’anarchie. Dans un rapport transmis aux 15 pays membres du Conseil de sécurité, il précise que «la priorité de la mission des Nations unies, dans une phase initiale, doit être la protection des civils». Rappelons que Ban Ki-moon avait déclaré « Montrons aux Centrafricains que l’ONU est avec eux et que le soutien dont ils ont tant besoin arrive ».

Le mandat de cette future opération de maintien de la paix sera progressivement élargi pour couvrir «le soutien au processus politique»de transition, notamment la restauration de l’autorité de l’État sur tout le pays et l’organisation d’élections, la protection de la livraison de l’aide humanitaire, le respect des droits de l’homme ou le retour des milliers de personnes déplacées par les violences. «Il est envisagé que la taille de l’opération de maintien de la paix puisse aller jusqu’à 10.000 soldats et 1.820 policiers», y compris des capacités logistiques et de transport (comme des hélicoptères), explique le rapport.

La mission onusienne sera aussi chargée d’accompagner la préparation et la tenue d’élections démocratiques (prévues au premier semestre 2015) et d’assurer le retour des déplacés. Au côté des soldats et des policiers, Ban Ki-moon propose aussi d’envoyer des civils (administrateurs, ingénieurs, observateurs des droits de l’homme, juristes) afin d’aider le gouvernement centrafricain à se doter d’une administration en état de fonctionner.

Le coût de cette opération n’est pas chiffré dans le rapport mais il est évalué entre 500 et 800 millions de dollars, selon un responsable de l’ONU à l’AFP.

L’Union Africaine qui chapeaute la Misca passera sous la coupe du casque bleu et laissera les rênes de l’opération à l’ONU, rapporte le quotidien Libération«Il n’y a pas de remède miracle en RCA. Répondre à cette crise va demander du temps et des moyens car l’ampleur des besoins intimide», conclut M. Ban, qui rend hommage aux soldats africains et français dont le rôle «a été essentiel pour sauver des vies».

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé pour sa part dans La Libération du lundi que la perspective du déploiement d’une opération de maintien de paix de l’ONU en Centrafrique «est aujourd’hui largement partagée et correspond à une attente exprimée par les autorités de transition».

Espoir et doute après la visite de Hollande en Centrafrique

Le quotidien L’Hirondelle du 03 mars 2014 tente longuement de répondre dans ses colonnes, à la question « A quoi ressemble la 2èmevisite de Hollande à Bangui ? ». Selon K. FRED de ce même quotidien,« cette 2ème visite reste superflue dans la tête des centrafricains […] leur seule aspiration qui est de vivre en paix n’est pas satisfaite […] les centrafricains attendent que ça ».

Sachant qu’ « il reste beaucoup à faire », que le pays  a évité le pire, le résultat de l’opération sangaris est mitigé, selon les classes politiques. Par reconnaissance de l’intervention française, certains ont qualifié le président Hollande d’« ange gardien». Alors que, titrait vendredi, Le quotidien de Bangui « François Hollande pensait que la mission des militaires de Sangaris allait s’achever au bout de quelques mois.Erreur ». Pour Enoch-Dérant Lakoué, ancien Premier ministre du président André Kolingba, il juge que « c’est désormais à la classe politique centrafricaine de prendre ses marques et de s’intégrer dans le processus de transition en cours », relevé par  l’AFP, dans Le Monde Afrique.

Vendredi, François Hollande a fixé le prochain cap : « L’enjeu, ce n’est même pas de rétablir, mais d’établir l’État » et pour cela, « il faut commencer par payer les fonctionnaires » La Croix du 01 mars 2014. Il est à noter que les fonctionnaires et membres des forces de sécurité ne sont plus payés depuis des mois. Les administrations ne fonctionnent pas.

Le printemps de la paix n’est pas pour demain :

Création de l’Organisation de la Résistance Musulmane de Centrafrique (ORMC)

Le confident et l’hirondelle, quotidiens banguissois, reviennent sur la partition du pays qui se dévoile au travers d’un congrès de la nouvelle rébellion, tenu dans la Vakaga sous l’impulsion d’Abakar Sabone.

Selon Abakar Sabone, son
promoteur, l’ORMC est une coalition rassemblant trois mouvements, l’UDFR, MLJC, constitués des ex-libérateurs de Méphistophélès Bozizé  et de l’organisation de la jeunesse musulmane. Il assure avoir 5000 hommes dans les provinces du centre et du nord pour organiser la résistance, l’auto-défense et pour « mettre le cap sur Bangui », a-t-il assené à l’agence de presse Anadolu dans L’Hirondelle de Bangui.

Voilà sangaris, misca et Faca avertis.

Cependant, les objectifs de l’intervention de la France en Centrafrique livrée à des violences intercommunautaires sont de « rétablir l’autorité de l’État, renouer le dialogue », a déclaré le chef de l’État français dans une allocution devant les militaires de l’opération Sangaris, dont les effectifs ont été portés à 2.000 hommes. « Il faut éviter qu’il y ait la moindre tentation de partition à l’Est de la Centrafrique », a-t-il précisé dans l’Express lors de sa visite d’une journée à Bangui.

Les Libérateurs, Auto-défense, Antibalakas, Selekas… en voilà des coalitions qui ont gangréné Centrafrique,  l’ont précipité dans les latomies…et qu’il faut combattre.

A Bagneux, le 05/03/2014

Joseph GRÉLA

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