Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE BLAGUER-TUER…ANDA-ALA FA-ALA…!

Assis à ma table de travail, après un long entretien hier au téléphone avec un ami de Bangui, je passais et repassais en boucle dans ma tête, plus d’une heure durant, les films de ma tendre jeunesse, du temps où – on peut le dire ainsi -, la Centrafrique était vraiment la Centrafrique. Ces temps immémoriaux où les ministres, magistrats, directeurs généraux, officiers militaires, chefs de cabinet et autres fonctionnaires, de manière tout à fait naturelle, inspiraient le respect sans forcer les traits. Tout simplement, parce qu’ils savaient donner de la valeur et du « poids » à leurs fonctions et titres ; parce que leur comportement et le respect de la parole donnée, faisaient d’eux des hommes et des femmes d’une imposante honorabilité.

De nos jours, même la parole d’une Présidente Centrafricaine ne vaut pas un sou ! Tenez, moins d’une semaine après sa fameuse « DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE », et avant même que le gouvernement centrafricain ne voit le jour, voilà Samba-Panza, alias Madame « je ne céderai pas au dictat de l’extérieur », bientôt obligée de prendre la route de Brazzaville pour rencontrer Denis Sassou-Nguesso, Médiateur International dans la crise centrafricaineAvouons d’ores et déjà, que ce ne sera pas une partie de plaisir pour notre Présidente. L’atmosphère risque même d’être électrique entre les deux personnalités. Rappelons tout de même, que le Président Congolais quant à lui, tient à tout prix modifier la constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir. Et plus que n’importe qui, il sait quel rôle avait joué la communauté internationale dans la guerre qu’il livra contre Lissouba avant de reprendre le fauteuil présidentiel en 1997. Tout pétro-milliardaire qu’il est, Denis Sassou-Nguesso sait pourquoi il ne faudrait jamais aller à l’affrontement avec plus puissant que soi.

Après la bravade politique de Samba-Pamba envers la communauté internationale qu’elle a ainsi défié, certains représentants de celle-ci, à un très haut niveau, auraient décidé clairement, « d’assécher » les principales sources d’approvisionnement en argent, dont l’Etat centrafricain a absolument besoin pour son fonctionnement, et plus particulièrement, pour assurer les paiements des salaires de tous ses fonctionnaires. Il n’en fallait pas plus, pour créer une grosse frayeur à notre « dame de terre ». C’est ainsi que des contacts nécessaires auraient été rapidement établis avec le quai d’Orsay (Ministère Français des affaires étrangères) grâce aux bons offices des « camarades » centrafricains de l’international socialiste.  L’on procéda à la publication de la dernière déclaration de l’AFDT,  assortie de la proposition de saisir « de manière diligente la médiation internationale afin qu’elle s’implique sans délai dans la décrispation de la situation politique afin d’éviter à notre pays le risque d’un blocage institutionnel inutile ». Une véritable perche tendue à Samba Panza, pour le retour à la « normalité transitionnelle ». Elle ne pouvait espérer mieux. Remarquez simplement la vitesse avec laquelle une des rares propositions venue d’un groupement politique, est si favorablement accueillie et immédiatement mise à exécution par la Présidente de la transition elle-même.

Dès cet instant, l’on peut se demander que sortira-t-il de Brazza II ? Le pire des compromis, – simple spéculation -, serait d’imaginer que de la capitale congolaise, Samba-Panza, annonce purement et simplement sa démission et prenne le chemin de l’exil. La suite de ce scénario très peu probable, sera que Ferdinand Alexandre Nguendet, le Président du CNT reprenne du service en tant que Président de la Transition, mais cette fois-ci, pour conduire le pays jusqu’aux élections qui doivent marquer le retour à une vie constitutionnelle normale. D’ailleurs, plusieurs schémas du même type seraient vraisemblablement à l’étude. Ce qui est plus sûr, Samba-Panza reviendra de sa convocation de Brazzaville, avec des recommandations obligatoires, et surtout avec en main, peut-être pas des noms, mais une clé de répartition des différents portefeuilles ministériels.

Malgré les différents communiqués, prises de positions et déclarations publiés ça et là, et surtout à l’allure où fonctionnent les hommes politiques et chefs rebelles centrafricains, l’on sait que de nombreuses individualités et autres candidats à tout, sont d’ores et déjà dans les startings blocks pour n’importe quel strapontin ministériel. Quant aux regroupements politiques, l’on sait notamment  que l’ACDP  avait été créée  dans le but de soutenir Samba-Panza et qu’elle la pousse depuis toujours et pour l’avenir, à tout faire pour se maintenir au pouvoir. Par conséquent, les personnalités qui composent l’ACDP, ne peuvent être que des candidats potentiels pour le prochain gouvernement centrafricain.

Mais ce qu’il faudrait comprendre et noter, c’est que la plateforme des religieux, certains regroupements et associations politiques, ainsi que l’ensemble de la société civile, préfèrent pour le moment observer en silence mais avec beaucoup d’attention toutes les tractations qui se déroulent actuellement. Toutes ces entités espèrent simplement que l’on se souviendra des propositions très concrètes qu’elles avaient déjà émises avant le forum de Brazzaville. Il est donc hors de question que la formation du prochain gouvernement soit l’occasion d’une redistribution de postes ministériels d’une part, et d’autre part comme le moyen d’offrir des primes au crime et à l’impunité. Les principaux chefs Séléka et Antibalaka, devraient être soigneusement écartés du gouvernement. Faute de quoi, le peuple qui a tant souffert aura toujours son mot à dire.

Au final, il y’a  de quoi s’offusquer de voir le peuple Centrafricain si malmené,  et la Centrafrique réduite à constater de jour en jour, que son honneur ne cesse de s’altérer. En effet, pour une transition d’une durée maximale de 24 mois, avec à l’origine un seul président et un seul premier ministre pour la conduire, l’on se retrouve aujourd’hui, au bout de presque 18 mois de la fin de la période  initiale prévue, avec en tout, déjà deux présidents et trois premiers ministres. Et dire que rien de la véritable feuille de route de la transition n’est à ce jour réalisé, à savoir : désarment, retour à la stabilité, organisation et tenue des élections etc…

Ainsi donc, Bozizé le  « libérateur » arrivé en mars 2003 au pouvoir en RCA, a passé ses dix ans de règne à « blaguer » les Centrafricains avant  de « tuer » le pays qu’il fut contraint d’abandonner aux criminels de Séléka.

Djotodja pour sa part, a mené de décembre à mars 2013, une lutte à laquelle les Centrafricains lassés, ne pouvaient que croire. Au final, en neuf mois de « blaguer-tuer », les Centrafricains ne connurent que vols, viols, pillages, crimes et diverses exactions.

Pour une première fois, une « sœur-fille-femme-épouse-mère-maman », eut le bonheur d’accéder à la magistrature suprême en janvier 2014. Samba-Panza promit alors d’essuyer les larmes de tous ses enfants. En réalité, depuis lors, elle ne fait que les « blaguer », car on continue de « tuer » voler, violer et piller, plus que jamais. Pire, le pays est aujourd’hui divisé et plus personne ne sait de quoi demain sera fait. Au lieu d’un consensus national, l’on continue de déclarations en discours, de « blaguer » les Centrafricains en les berçant de fausses illusions qui finiront par les « tuer » tous.

Décidément, la Centrafrique pays du BLAGUER-TUER  ANDA-ALA  FA-ALA rend fou. Et des centrafricains, effectivement fous, tiennent à rendre fous, ceux qui ne sont pas du tout fous, et ceux qui ne sont pas encore totalement fous. 

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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