ArtsCULTURE

AUX SOURCES DE NOS RACINES EN FAMILLE

Par LPB

Il y a quelques années de cela, les deux dernières sœurs de ma grand-mère maternelle Jeanne Marie Yayekoua, Véronique et Sidonie, nous quittaient à quasiment un ou deux mois d’intervalle. Une génération s’en allait…Les funérailles furent empreintes d’émotions.
Lors de la dernière veillée suite aux funérailles de ma grand-mère Sidonie (chez nous la sœur de ta grand-mère est ta grand-mère), il y avait de la musique comme il est de coutume. Nous pleurons les nôtres par des chants et des danses. C’est ainsi par ici.
Et il y avait un rythme particulier qui était joué. C’était le gbadouma, la musique traditionnelle des miens, les mogbandis aka, yakomas, sango et affiliés. En temps normal, au village, c’étaient les tam-tams qui auraient dû résonner et rythmer les pas de danses de” Léngué”.
Voilà que mon cousin JF s’auto proclamera MC et lancera l’idée d’une « battle » de danse traditionnelle ! L’idée fut tout de suite plébiscitée par mes cousins et moi. Un peu moins par nos parents…JF nommait les « combattants » qui sortaient sur le ring face to face et c’était le public qui arbitrait et désignait le/la gagnant-e de chaque duel. Et il en fut ainsi. Nous vîmes passer différents « contestataires », certains montrant une aisance en la matière, d’autres moins. Telle cette belle sœur qui nous offrit une espèce de mélange de gbadouma et de twist ! Que de fous rires lors des divers passages !
Et voilà que JF eu la malencontreuse idée de m’appeler ! Mon adversaire était mon jeune cousin B. J’étais mort ! Pour ne pas montrer que je n’en menais pas large, je pris le pagne d’une de mes tantes et le ceignit autour de mes reins. Mon cousin lui aussi s’attifa à sa façon. C’était en quelque sorte la séquence rodomontade.
Nous voici sur le ring. Les premières mélodies du son du fameux « pasteur » Soupou « Na sengue Na sengue Nzapa e gonda mo éééé na sengue na sengue Nzapa e gonda mo » résonnèrent et nous voici en train de danser de manière semi courbée comme il se doit. En fait, j’étais le seul à danser de manière plus ou moins politiquement correcte…parce qu’en face, les cabrioles et autres gesticulations de mon frère n’avaient vraiment rien du  » gbadouma »!
J’étais beaucoup plus dans le rythme que le cousin B. ! Je faisais même figure de danseur étoile en la matière par rapport à lui. Tout compte fait j’étais loin d’être ridicule. Bien au contraire. C’était la portion dévolue à la partie adverse.
Mais le clou de la soirée fut la battle opposant ma tante M à ma cousine NF. Alors là…. Mama ti mbi!!! Dès que le top fut donné par JF, nous avons assisté à des chorégraphies que je qualifierai…de spectaculairement inclassables. Ça se contorsionnait dans presque tous les sens. Je pense, en toute honnêteté, que si toutes les cultures bantoues voire africaines étaient conviées à se prononcer sur la question, la réponse serait : » Désolé. Ce n’est pas de chez nous ça…! Il faut demander aux blancs. Mais même eux seraient désemparés ».
Ça n’avait rien mais alors rien à voir avec au Gbadouma ! Je crois que le public a dû entre deux quintes de fous rires désigner un vainqueur par défaut. Mais je serai incapable de vous dire son nom, j’étais moi-même trop occupé à me tordre de rires. C’était quelque chose…
Il n’y avait pas de plus belle manière de célébrer la vie et d’honorer la mémoire de nos grand-mères, quand bien même les liens se distendent au fil des générations.

LPB-Louis-Philippe BANGAZONI

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